Blanquer nomme un homme qui veut «réintroduire le christianisme» dans l’école publique à la tête des programmes éducatifs


«Un outil pour imprimer une marque idéologique sur les programmes»


On le sait, Jean-Michel Blanquer n’est pas seulement un ministre de l’Éducation qui part à Ibiza en pleine crise sanitaire dans les écoles : c’est un homme politique très à droite. Il est notamment proche de Xavier Darcos, ancien ministre de Sarkozy et membre du Club de l’Horloge, une association de notables qui veulent créer des passerelles entre la droite et l’extrême droite.

L’œuvre de Blanquer dans l’Éducation Nationale aura donc été de réduire ses moyens, de s’attaquer au Bac, de créer Parcousup, privant des centaines de milliers de jeunes d’accès aux universités, et de réprimer les profs et les élèves. À quelques semaines de la fin de son mandat, Blanquer nomme un personnage controversé, Mark Sherringham, à la tête du Conseil supérieur des programmes.

Mark Sherringham est lui aussi très à droite. L’un de ces hommes de l’ombre qui peuplent les cercles du pouvoir et assombrissent le climat politique depuis des décennies. Mark Sherringham est un ancien conseiller de Raymond Barre, puis de Fillon, de Darcos et, évidemment, un proche de Blanquer. Il est l’ancien président de la faculté de théologie d’Aix et philosophe chrétien, connu pour ses position religieuses conservatrices. Il souhaite un retour du christianisme dans les questions éducatives, un retour de la religion dans l’école publique.

«L’école laïque française est l’héritière de l’école chrétienne», expliquait-il dans la revue Famille Chrétiennes en 2009. Il s’épanche également sur «l’idéal civilisateur du christianisme». Les populations colonisées apprécieront. En 2009, il déclare : «Il faut réintroduire le christianisme dans le débat éducatif». Mark Sherringham intervient comme formateur, en janvier 2020, pour l’association «Créer son école» qui vise à multiplier les écoles privées hors contrat. Une association liée à la fondation Kairos de son ami Xavier Darcos dont le but est de soutenir financièrement les écoles privées. C’est un petit monde, avec ses réseaux d’influence et ses amitiés.

Mark Sherringham a également pesé pour que les élèves d’un lycée hors contrat intégriste, lié à la fraternité sacerdotale Pie X, obtiennent leur bac contre l’avis du recteur de Rennes, qui estimait qu’ils n’avaient pas le niveau.

C’est donc cette personne que Blanquer propulse à la tête du Conseil Supérieur des Programmes, l’organe qui élabore les programmes d’enseignement de l’école, du collège et du lycée, gère la conception générale des enseignements dispensés aux élèves, oriente «le contenu du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes scolaires» mais aussi le contenu des examens. Bref, pour les syndicats enseignants, «c’est un outil pour imprimer une marque idéologique sur les programmes». L’homme qui préside à la conception des programmes nationaux œuvrera donc à la défense d’écoles privées qui veulent s’y soustraire.

C’est une double offensive. Contre l’enseignement public et gratuit : dans la continuité des précédents gouvernements, il s’agit de saborder l’école publique pour donner toujours plus d’influence aux établissements privés et payants. Cela crée une éducation à deux vitesses, avec une école publique au rabais, sans moyens, et des établissements privés pour ceux qui ont les moyens. Mais aussi une offensive contre la laïcité : une offensive idéologique. Alors que Bolloré a pris le contrôle de 74% du marché des manuels scolaires, la nomination de Mark Sherringham à la tête des programmes illustre la volonté de mettre au pas les esprits dès l’enfance. Ce gouvernement qui ne rate jamais une occasion de frapper sur la population musulmane au nom de la «laïcité» est bien le premier danger pour l’enseignement laïc.

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