Dans le Pas-de-Calais, 425 millions d’euros pour repousser les exilé-es contre 25,5 millions d’euros pour l’aide humanitaire d’urgence
En 2020, le coût de la lutte contre les personnes exilées dépensé par l’État français est monté à 1.364.920.528 euros. Une hausse de près de dix pourcent par rapport à l’année précédente. Relisez tranquillement ce chiffre, uniquement destiné à détruire des vies, par pur racisme.
Ces sommes folles sont utilisées pour les centres de rétentions administrative, pour les mesures d’éloignement, pour les bureaucrates de la direction générale des étrangers en France, mais avant tout pour l’entretien d’une police toujours plus en charge de faire la traque à des individus qui fuient des tragédies.
Depuis 2015 et la promulgation de l’état d’urgence, avec pour base juridique la lutte contre le terrorisme, s’est opéré un rétablissement des contrôle aux frontières, renouvelé tous les six mois depuis. Or, en 2018, François Molins, ancien procureur de la république de Paris, qui avait eu à traiter les attentats qui ont touché la capitale, a déclaré que désormais la menace terroriste était principalement endogène. Ces mesures ont donc principalement pour objectif de s’en prendre à des personnes en détresse qui tentent de s’en sortir.
L’exemple de Calais et de ses alentours est symptomatique. L’accroissement des différents dispositifs de contrôle le long de la frontière franco-britannique a coûté plus de 425 millions d’euros depuis 2017. Construction de murs, pose de barbelés, développement de la vidéosurveillance ou des drones, augmentation des effectifs de force de l’ordre et de leur arsenal, toutes ces mesures représentent un coût très élevé.
Ces millions d’euros ne font pas que des malheureux. Vinci s’est par exemple vu attribuer le contrat pour détruire la «jungle» de Calais ou encore la construction d’un mur « anti-migrant » pour la somme de 2,7 millions d’euros. Thales offre les services d’un drone conçu pour surveiller la Manche, facture : 15 millions.
Enfin, parmi les quarante entreprises qui bénéficient de ce sordide marché, citons Eamus Cork Solutions, société de sécurité privée, fondée par un ancien policier calaisien, qui se rue sur les différents contrats et qui s’est particulièrement fait remarquer en ne payant pas les heures supplémentaires de ses employés. Quand on n’a pas de morale…
Dans le département du Pas-de-Calais c’est 85% du budget pour la répression et 15% pour l’accueil des exilé-es. Cette approche ne fait que pousser davantage ces personnes à prendre des risques dans leurs tentatives de traversées, avec les drames que l’on sait. Après la Méditerranée, c’est la Manche puis les Alpes qui deviennent des lieux de mort. Cela a également pour conséquence de développer les réseaux de passeurs.
Enfin, tout cela s’inscrit dans une logique européenne de création d’une forteresse sur le continent. L’analyse du nouveau pacte européen sur la migration et l’asile par la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen est très claire : les dispositions qu’il contient risquent d’entraîner un «recours excessif à la détention» et de «limiter la liberté individuelle des demandeurs d’asile». Solidarité avec les exilé-es, à mort le capital !
Sources :