Elle s’appelait Rayana, elle avait 21 ans. Elle rentrait de soirée. Elle ne connaissait pas le conducteur de la voiture qui la raccompagnait. Elle lui a même demandé de s’arrêter quand les policiers lui ont fait signe. Elle est morte d’une balle dans la tête. Parce que deux fous de la gâchette en uniformes ont vidé leur chargeur, en pleine rue, au milieu des passants, sur un véhicule. Morte pour un refus d’obtempérer.
Les faits sont atroces. Injustifiables. Pourtant, ils ne sont pas isolés. Début mai, deux frères étaient abattus par un policier qui mitraillait leur voiture au fusil d’assaut, pour un refus d’obtempérer déjà. Quelques semaines, un père de famille. Une balle dans le dos, au volant également. Les médias des milliardaires ne voient aucun problème à ces exécutions sommaires. Pire, ils font tout pour les justifier.
Concernant la mort de Rayana, des journalistes sont aller chercher le casier judiciaire du conducteur et des passagers, y compris le passé de la défunte. Selon ces médias, elle aurait commis une infraction il y a des années. Sous-entendu : elle a bien mérité d’être tuée d’une balle dans la tête.
Ce procédé abject est systématique depuis au moins 10 ans. Lorsqu’une personne est mutilée ou tuée par la police, la première chose que font les chiens de garde, c’est fouiller avec leurs amis policiers le passé de la victime pour justifier l’injustifiable. Une autre méthode quand il n’y a pas de casier : insinuer que la victime était peut-être droguée ou malade.
Cédric, père de famille étouffé lors d’une interpellation ? Il était «connu» de la police. Steve, noyé lors de la fête de la musique ? Il était peut-être drogué. Wissam, tabassé à mort au commissariat de Clermont-Ferrand ? Drogué lui aussi. Adama, étouffé sous le poids de gendarmes ? Il devait avoir un problème cardiaque. Rémi, tué sur une ZAD par une grenade ? Peut-être qu’il avait des explosifs dans son sac. Aboubacar, abattu à bout portant ? Le CRS lui aurait tiré dans le cou pour l’empêcher d’écraser des enfants.
TOUT, absolument tout est fait par les médias pour ne jamais mettre en cause la barbarie policière. Tout est fait pour humilier les victimes et leurs proches post-mortem. Protéger la police, salir la mémoire d’une personne morte. Une ignominie absolue.
A contrario, jamais ni le nom ni le passif des policiers mis en cause ne sortent. Même lorsque les agents sont notoirement connus pour leur violence. Par contre, si vous avez volé un bonbon durant votre enfance et que vous êtes victime de la police, BFM et LCI le répéteront en prime time jusqu’à la nausée : vous l’avez cherché. Ces médias appliquent la «présomption de culpabilité» … pour les victimes.
À présent, l’hebdomadaire Le Point estime même que le fait de demander que la police ne tire pas dans la tête des gens est un «prétexte d’ultra-gauche». Et Mélenchon, candidat social-démocrate qui s’est timidement ému de ce crime, est décrit comme ayant une «idéologie radicale d’ultragauche». Tout le monde devrait être terrifié par les fusillades policières de plus en plus régulières. En revanche, Le Point n’a vu aucun problème à médiatiser la candidature d’un pétainiste condamné pour «provocation à la haine raciale».
Le Point est un hebdomadaire de cadres, ultra-libéral et sécuritaire, qui survit grâce à d’énormes sommes d’argent public. Oui, si vous ne le saviez pas, la presse de droite qui passe son temps à dénoncer l’assistanat n’existe que grâce aux aides de l’État.
Pour Le Point, l’explosion des violences policières, l’augmentation drastiques des tirs à balles réelles est un «prétexte». Ces gens sont hautement dangereux. Ils soutiennent l’idée qu’exécuter une femme de 21 ans d’une balle dans la tête est normal.
Leurs mots ne sont pas déconnectés des actes : ils installent une ambiance, et décomplexent toujours plus les policiers, qui se sentent ainsi autorisés à aller plus loin.
De fait les médias des milliardaires veulent nous tuer, ou du moins, ils rendent légitime de le faire. La priorité des prochaines mobilisations doit être d’exiger l’arrêt des subventions pour ces médias, d’occuper leurs sièges, de les réquisitionner, d’émettre autre chose que leur diarrhée fasciste. On étouffe.