Bonne idée : occuper la résidence secondaire d’un ministre


La maison secondaire de Bruno Le Maire envahie et «détuilée» pour le déplafonnement des taxes sur ces résidences


En France il y a plus de 3,6 millions de résidences secondaires alors que 300 000 personnes sont considérées comme sans domicile fixe et que des millions de personnes galèrent pour payer leur loyer. En France, 24% des ménages monopolisent 68% des biens immobiliers et sont donc des rentiers qui vivent sur le dos de locataires. Alors que l’on parle régulièrement du coût de la vie et du prix du carburant, la crise du logement est probablement le problème social numéro 1 : la part de l’immobilier dans le budget des ménages a explosé ces 20 dernières années. De là découle tout le reste, lorsqu’on dépense plus de la moitié de son salaire pour se loger dans un petit studio, c’est tout le reste qui est amputé : déplacements, nourriture, chauffage, loisirs…

Et au cœur de ce problème, les résidences secondaires. Elles prolifèrent, avec la bénédiction de l’État. Les taxes sur ces résidences, occupées seulement quelques semaines par an, sont plafonnées. Les riches peuvent donc posséder un ou plusieurs lieux de villégiature pour leurs vacances pendant que la majorité des gens ne possèdent pas de logement décent pour vivre. C’est particulièrement le cas au Pays Basque ou en Bretagne. L’achat de maisons secondaires fait exploser les prix dans nos régions. Les habitants locaux ne peuvent plus se loger chez eux à cause de propriétaires qui ne vivent même pas ici !

C’est là qu’intervient la bonne idée de la semaine. Lundi 11 juillet, des militants et militantes basques sont allées occuper la résidence secondaire du ministre de l’économie Bruno Le Maire. La grosse maison de plus de 300 mètres carrés et un terrain est à deux pas de la côte, près de Saint-jean-des-Luz. «Il existe au moins 41.000 résidences secondaires du Pays basque Nord. Cela représente plus de 21% du parc de logements» rappelle le collectif Herria Bal à l’initiative du coup d’éclat.

Pour exiger une mesure de déplafonnement de la taxe sur les résidences secondaires, des tuiles du toit de la maison ont été enlevées pour symboliser la demande. Après l’arrivée des forces de l’ordre, les militant-es ont eu le ministre au téléphone et ont obtenu un rendez-vous dès juillet avec un membre du cabinet du ministre de l’Économie.

Dès qu’on touche directement à leurs biens les puissants répondent, alors qu’ils sont sourds aux revendications en temps normal. En France, l’opacité règne. Contrairement à ce qui se passe dans les pays anglo-saxons, les noms et les biens des riches et des décideurs sont inconnus de la population. Aux USA, des manifestations ont eu lieu autour du domicile du policier qui a tué George Floyd, ou de la maison d’un juge de la Cour Suprême.


C’est bien le caractère public des décisionnaires et la transparence sur leurs richesses et leurs adresses qui permet un contrôle populaire. La preuve avec Bruno Le Maire.


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