Ce lundi 15 mai, le milliardaire Elon Musk propriétaire de Twitter était reçu dans les salons dorés de l’Élysée. Macron s’est vanté d’avoir parlé avec lui «de l’attractivité de la France» et «de régulation numérique.»
Lorsque Macron rencontre le propriétaire d’un réseau social, il faut toujours s’inquiéter. En mai 2019, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg était convié à l’Élysée pour discuter «des moyens de lutter contre les contenus haineux sur Internet». Le chef de l’État demandait une plus grande marge de manœuvre pour réprimer l’usage contestataire du réseau social. Peu après, Facebook s’engageait à délivrer systématiquement les adresses IP lorsque la justice française le lui demanderait. Et la plupart des pages Facebook engagées contre le gouvernement ont depuis été «ghostées», c’est-à-dire invisibilisées, et ont perdu l’énorme majorité de leur audience. Notamment Contre Attaque, dont la présence sur Facebook est désormais drastiquement réduite comparé à son nombre d’abonnés.
➡️ Revenons à Elon Musk. Le milliardaire n’est pas un «génie» qui se serait «fait tout seul» par la force de son travail. Il est né en Afrique du Sud, dans une famille Afrikaner, des descendants de colons européens. Son papa est un riche ingénieur, promoteur immobilier et propriétaire d’une mine d’émeraudes en Zambie.
➡️ Libertarien, Elon Musk n’a rien de «libertaire». Le dogme libertarien est une idéologie qui pousse le libéralisme économique à son point le plus extrême. Le projet ? Aucune régulation, plus d’État, seulement le règne des entreprises privées, de l’argent et de la concurrence. Tout se vend et tout s’achète : la drogue, les corps, la sécurité, la santé… Dans ce monde rêvé, ce ne sont pas les élus ni les peuples qui décident, mais les ultra-riches, sensés être plus aptes à prendre les décisions. C’est un dogme à la mode dans la Silicon Valley. Évidemment, pour les libertariens, la retraite n’a aucun sens : elle doit être privatisée. Musk a donc publiquement soutenu la réforme des retraites de Macron.
➡️ Elon Musk a des rêves de toute puissance. Au milieu des années 2010, il affirme vouloir s’implanter sur Mars, éradiquer toutes les maladies en un temps record, mettre sur le marché des robots taxi en 6 mois… Cela n’a évidemment pas eu lieu.
➡️ Avec son projet Starlink, des milliers de satellites volent au dessus de nos têtes en orbite basse. Il prévoit d’envoyer jusqu’à 40.000 satellites ces prochaines années. Sa flotte nuit déjà à l’observation des étoiles, en laissant de grandes traînées lumineuses dans le ciel nocturne, polluant un bien commun : le ciel.
➡️ Autre idée de génie, des implants dans le cerveau. L’homme d’affaires promet une interface cerveau-ordinateur. En août 2020, il présentait Neuralink, un projet de puce implantée dans le crane qui permettrait à des personnes paralysées de «contrôler des prothèses robotiques». Et qui serait même capable de «soigner des pathologies comme l’angoisse, la dépression, l’anxiété, l’addiction». Le projet est actuellement embourbé dans des histoires de maltraitance animale : les équipes de Musk mettaient la pression sur les chercheurs pour rentabiliser au plus vite l’entreprise, quitte à tuer des animaux pour rien.
➡️ En 2022, Elon Musk a fait parler de lui en prenant le contrôle de Twitter. À peine une semaine après le rachat du réseau social, le milliardaire lance un «plan de réduction» de la moitié des effectifs de l’entreprise. Des milliers de personnes au chômage d’un coup, prévenues par un simple mail, avant de voir leur accès à leurs comptes professionnels et aux locaux de l’entreprise verrouillés. Trois semaines plus tard, le milliardaire proposait aux salariés restants de choisir entre se donner «à fond, inconditionnellement», de s’engager à «travailler de longues heures à haute intensité». Il fallait cocher «oui» ou quitter la boite. Beaucoup ont démissionné.
➡️ En reprenant Twitter, Elon Musk prétendait rétablir la «liberté d’expression» sur le réseau. En réalité, il a remis en ligne de nombreux comptes d’extrême-droite, à commencer par celui de Trump ou de plusieurs suprémacistes blancs, tout en censurant de nombreux comptes de gauche. Musk appelle à voter Républicain, et a soutenu un dessinateur raciste. Il a aussi fermé un compte qui suivait ses déplacements en jet. «Free speech» à géométrie variable.
➡️ Enfin, Elon Musk est visé par une plainte pour harcèlement. Son entreprise SpaceX aurait payé l’une de ses hôtesses de l’air 250.000 dollars pour qu’elle abandonne les poursuites. Elle accuse le milliardaire d’avoir retiré son pantalon lors d’un vol pour lui demander un massage sexuel.
➡️ Elon Musk et Emmanuel Macron s’entendent très bien et la rencontre de ce 15 mai en témoigne. Entre managers tyranniques bouffis de toute puissance, on est d’accord sur l’essentiel.