Dijon : des amendes (sur la base de vidéosurveillance) pour des casserolades


Ce gouvernement de «l’apaisement» est décidément bien fébrile. Après la préfecture de l’Hérault qui avait interdit le port de casseroles en avril et les dispositifs policiers démesurés pour éloigner le tintement des casserolades en mai, voici les amendes sur la base de la vidéosurveillance.


Une casserole est frappée lors d'une manifestation

À Dijon, plusieurs personnes ont reçu des amendes de 68 euros pour «émission de bruit portant atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme». En cas de non paiement dans les 45 jours, le montant passe même à 145€ ! Il s’agit de verbalisations suite à une manifestation qui a eu lieu le 7 mai derniers lors d’un anniversaire de la Cité de la Gastronomie, en présence de députés macronistes. Les explosions de grenades de la police, elles, ne semblent pas porter atteinte à la tranquillité…

Le syndicat Solidaires explique que ces amendes ont été réalisées sur la base d’images de vidéosurveillance, puisque les personnes qui les reçoivent n’ont pas fait l’objet d’interpellation ni de contrôle au moment de la manifestation. D’ailleurs, d’autres participants à différentes casserolades organisées à Dijon commencent à recevoir des amendes.

Il s’agit d’une atteinte évidente au droit de manifester. Une sorte de racket pour taxer les contestataires, dans un contexte de grande précarité et après un mouvement social qui a déjà coûté de nombreux jours de salaires aux grévistes. Cette mesure d’intimidation est vicieuse : qui peut prendre le risque de perdre des dizaines d’euros à chaque manif un peu bruyante ?

Cela suppose que des policiers aient reçu la consigner de visionner attentivement les images de vidéosurveillance en quête de frappeurs de casseroles à verbaliser. Et qu’ils disposent déjà d’un fichier de personnes militantes, afin de pouvoir les reconnaître sur les bandes. Une pratique probablement illégale, car une contravention implique un contrôle direct par un agent assermenté, excepté pour les infractions routières.

Pourtant, ce n’est pas une première. Dans la petite ville d’Epinay-sous-Sénart, en banlieue parisienne, le maire d’extrême droite avait dépensé plus de 500.000€ pour déployer des caméras de vidéosurveillance. Durant le printemps 2020, lors du confinement, l’élu a voulu «rentabiliser» la dépense de façon malhonnête : des centaines d’amendes ont été envoyées à des habitants sur la seule base de la vidéosurveillance. Plusieurs jeunes ont reçu des amendes pour «non respect du confinement» directement chez eux, sans jamais avoir été contrôlés. Ils évoquaient «des PV à une minute d’intervalle pour deux personnes différentes à deux endroits distants de plus d’un kilomètre. Des PV malgré une attestation de sortie à cette heure-là.» Ils ne voyaient qu’une explication : «la police municipale nous reconnaît sur les caméras de la ville et nous envoie les amendes sans même nous contrôler. Qu’on sorte pour aller à la boulangerie ou quoi que ce soit on est verbalisés. Pourtant on n’a croisé aucune patrouille de la police municipale.» La somme totale de ces amendes atteignait 50.000€. La défenseure des droit a été saisie pour ces pratiques scandaleuses.

Après Dijon et Épinay-sous-Sénart, bientôt des amendes par drone sur la base de la reconnaissance faciale ?

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