Convoi de l’eau : un golf désarmé dans le Poitou

Le golf est loisir onéreux pratiqué par les élites. C’est aussi l’un des sports les plus polluants au monde. Et probablement le plus consommateur en eau. Un golf haut de gamme de 18 trous peut avoir une consommation moyenne de 5000 mètres cube d’eau par jour, ce qui correspond à la production nécessaire aux besoins d’une collectivité de 12.000 habitants. Au niveau mondial on estime que 9,5 milliards de litres d’eau sont utilisés chaque jour pour arroser les pelouses des golfs : presque autant que ce que boit l’ensemble de l’humanité ! Pour qu’une poignée de bourgeois mettent leurs petites balles dans des trous.

Le golf est aussi destructeur des sols. Les parcours doivent présenter un gazon impeccable, sans aspérité, sans vie : les mauvaises herbes, les fleurs, petites bêtes et mottes doivent disparaître. Une étude estime que 18 kilos de pesticides sont utilisés par hectare et par an pour le golf. L’agriculture productiviste en utilise en moyenne 2,5 kg par hectare et par an. Et c’est déjà trop.

Polluant, ultra-gourmand en eau et réservé aux nantis, le golf est pourtant soutenu par les autorités, qui adoptent des restrictions d’eau pour les particuliers mais privilégient généralement les golfs. Alors qu’une canicule frappe de nouveau la France, la poursuite de ces loisirs irresponsables est un scandale.

Ce dimanche 20 août, le «convoi de l’eau» parti de Sainte-Soline en direction de Paris entamait sa troisième journée de voyage, drainant 700 cyclistes et des dizaines de tracteurs. En chemin, vers midi, le golf de Beaumont-Saint-Cyr dans le Poitou a été désarmé. Ce golf de 18 trous, dont l’abonnement annuel coûte un SMIC, a été envahi par des dizaines de personnes qui ont fait tomber le grillage, avant de dégrader le gazon, de taguer le slogan «100 jours pour les sécher» et de saboter le système d’irrigation.

La gendarmerie a stoppé le convoi et contrôlé des personnes, mais aucune interpellation n’a été effectuée. Le ministre de l’agriculture, ami des lobby les plus destructeurs de l’environnement, s’est excité contre ceux qui, selon lui, «dégradent, détruisent, saccagent le travail et l’outil de travail d’autrui» ajoutant «Il n’y aura jamais de dialogue possible avec ceux qui entendent imposer leur loi par la violence. Jamais». La préfecture a aussi dénoncé un acte «intolérable».

On parle de trous dans une pelouse. Le ministre Fesneau ne connaît même pas les bases du droit, une dégradation pacifique ne sera jamais une «violence». En revanche, lorsque des milliers de gendarmes ont fait de vrais trous dans les corps d’êtres humains venus manifester à Sainte-Soline, Marc Fesneau a totalement assumé et encouragé ces violences. Leur «dialogue» ne se fait qu’à coups de grenades.

L’action réalisée ce dimanche n’est pas isolée. L’année dernière le golf de Saint-Cloud avait été attaqué par des « Sanglier-es radicalisé-es ». L’été dernier, le golf municipal de Limoges et le Golf de Panazol avait été envahis et des légumes avaient été plantés dans les trous des greens. Quelques jours plus tôt, des golfs de l’agglomération toulousaine avaient aussi désarmés : les trous bouchés avec du ciment, des pancartes laissées çà et là sur les parcours, et le terrain abîmé. Dans l’Oise en septembre, un autre golf avait été saboté.

Les végétaux qui nous nourrissent et l’eau qui nous maintient en vie sont plus essentiels que les gazons entretenus pour le plaisir d’une infime minorité de privilégiés.

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