«Nous allons transformer tous les endroits où se trouve le Hamas en monceau de ruines […] Je dis aux habitants de Gaza de partir tout de suite car nous allons agir partout et avec toute notre force pour frapper le Hamas».
Ce sont les mots de Benjamin Netanyahou, Premier ministre d’extrême droite en Israël, dans un discours martial prononcé samedi soir, ponctué d’appels à la vengeance.

• La situation est aussi dramatique qu’historique. Le 7 octobre, des commandos palestiniens infiniment moins bien équipés que l’armée israélienne ont fait sauter le mur qui enferme Gaza et ses systèmes de surveillance qui ont coûté des milliards à Israël, pris des casernes militaires, du matériel, sont entrés par la mer et par les airs, ont tiré des milliers de roquettes… Des dizaines d’otages civils et militaires ont été emmenés dans la bande de Gaza.
• Cette opération de grande envergure des forces palestiniennes est inédite. Et elle a pris de surprise l’armée israélienne. C’est une humiliation majeure pour le renseignement israélien, réputé pour être l’un des meilleurs du monde, et un camouflet pour les services États-uniens qui travaillent avec eux. Malgré toute leur technologie, ils n’ont pas vu ce qui se tramait dans ce minuscule territoire entouré de barbelés et écrasé par la pauvreté et les bombardements. C’est cette humiliation que l’État israélien veut venger.
• Toute guerre est atroce. Voilà pourquoi l’internationalisme et l’anti-militarisme devraient être des priorités, au Proche Orient comme ailleurs, pour empêcher les guerres. Chaque vie humaine est irremplaçable. Tout conflit armé est déjà une défaite en soi et charrie inévitablement son flot de barbarie, quel que soit le camp en présence. Une fois une guerre enclenchée, il est trop tard, sauf à être malhonnête, pour déplorer ses conséquences. Israël mène une guerre asymétrique contre la population palestinienne depuis des décennies. Ce sont des dizaines de milliers de Palestiniens qui ont été tués par l’armée israélienne, et des millions qui ont été spoliés, humiliés, blessés. De même, durant la Guerre d’Algérie, le FLN employait parfois des méthodes détestables, y compris contre des civils, pour répondre aux crimes de masse de l’armée française et à un siècle de colonisation. Mais la justice était du côté de la cause indépendantiste. Comme pour toutes les guerres de libération anti-colonialistes.
• Dans tout l’Occident, c’est le concert d’indignation. Comme si la situation en cours était survenue toute seule, qu’il s’agissait d’une attaque inattendue. Cela fait des années que les instances internationales condamnent l’apartheid israélien. Il y a encore quelques mois, un sniper israélien assassinait une journaliste palestinienne. Puis, lors de ses funérailles, la police militaire tabassait les personnes portant le cercueil. Les exactions, vols de terre, tueries ne se comptent plus cette année. Le gouvernement élu en Israël est d’extrême droite, la plupart de ses ministres ont des propos ouvertement fascistes, suprémacistes et intégristes religieux. Il ne peut y avoir de paix dans un tel climat.
• À Paris, la tour Eiffel est éteinte en hommage aux victimes israéliennes. À Berlin, la porte de Brandebourg est aux couleurs d’Israël. On peut difficilement donner un symbole plus clair que les vies arabes ne comptent pas. Jamais rien de tel n’a été seulement envisagé pour les victimes civiles palestiniennes.
• La «paix» selon l’Occident, c’est quand Gaza est bombardée, les villages envahis, les maisons détruites au bulldozer, les journalistes abattus, les ambulances attaquées, les mosquées vandalisées, quand les écoles reçoivent des gaz lacrymogènes et que les palestiniens sont tués. Cette «paix» n’est brisée que lorsque les palestiniens ripostent. Alors seulement on parle de guerre et même de «terrorisme».
• Dans la nuit de samedi à dimanche, des colonnes de blindés avancent vers Gaza où l’électricité a été coupée par Israël. Netanyahou exige que la population de Gaza «parte», mais elle n’a nulle part où aller ! Deux millions d’habitants sont confinés derrière des murs, serrés les uns contre les autres, sans possibilité de sortir. Et même les pécheurs sont tués par l’armée israélienne s’ils s’éloignent trop des côtes. Netanyahou promet donc un massacre. Certains de ses ministres et une partie de l’opinion israélienne veulent raser Gaza et en «finir» avec les Palestiniens. Quand la classe politique française, y compris à gauche, parle de «terrorisme» pour qualifier les événements, elle justifie par avance ce massacre. S’il s’agit de terrorisme, alors le droit ne s’applique plus, il n’y a plus aucune règle. Les «terroristes», on les «neutralise», sans distinction.
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