À la fin de l’été, des réseaux Gilets Jaunes ont lancé un appel à une «flambée des colères» contre l’inflation, fixé le 14 octobre. Une cause juste qui préoccupe des dizaines de millions de personnes, les prix de l’alimentation ayant augmenté de 25% en un an, la précarité alimentaire explose et la situation sociale est pire qu’en 2018, année de déclenchement de la révolte des Gilets Jaunes.
Faute de relais, et à cause d’une actualité internationale catastrophique qui a déplacé au second plan les questions sociales, la journée du 14 octobre a globalement été un échec. Comme la journée syndicale organisée la veille.
À Nantes, un important travail de collage et de diffusion avait été réalisé en amont de cette date, et plusieurs grandes surfaces de la ville avaient été ciblées par des tags pour annoncer la mobilisation. Plutôt que de répéter une manifestation classique qui aurait été interdite ou nassée, l’idée était de viser directement le plus grand centre commercial de l’ouest de la France : la galerie Atlantis.
À midi, toute la zone était quadrillée par des CRS équipés de fusils d’assaut. L’immense logo Leclerc protégé par des rangées d’hommes lourdement armé illustrait parfaitement le climat capitaliste et répressif du moment. Un feu d’artifice tiré devant le Zénith a excité le dispositif qui s’est déplacé en courant avant de bloquer une passerelle surplombant la 4 voies.
Les forces de l’ordre, très nombreuses, contrôlaient chaque regroupement, dispersaient les rassemblements et, dans une zone aussi vaste que le parking, il était quasiment impossible de former un cortège. Quelques dizaines de personnes se sont tout de même réunies devant la galerie marchande, d’autres sont entrées dedans. Atlantis avait spécialement recruté des vigiles et plusieurs magasins ont baissé leur grille. Tout le centre était pris de panique et la présence policière a dissuadé des clients de rentrer, certains imaginant même une alerte à la bombe. Un «showcase» de l’artiste Black M prévu dans la galerie a d’ailleurs été annulé.
Une partie des personnes réunies à Atlantis s’est ensuite repliée pour aller soutenir les grévistes d’un magasin Lidl situé dans le quartier de Chantenay. Dans cette enseigne, le management toxique fait des ravages, les grévistes sont méprisé-es et ont été remplacé-es par des intérimaires. Une lutte à suivre et à soutenir ces prochains jours.
Un simple appel contre une cible marchande évidente en période de crise a forcé l’État et une galerie privée à déployer des moyens considérables, à annuler un événement, à barricader des magasins. S’il avait été davantage suivi à Nantes et ailleurs, ce genre d’appel aurait pu briser l’ambiance de défaite actuelle. En tout cas, ce type d’action semble avoir frappé juste. Cette première tentative pourrait-elle être une idée à reproduire partout et plus massivement quand ça sera le moment ?
Une réflexion au sujet de « Flambée des colères : il suffit d’un grain de sable pour enrayer la machine »