Pour France Info et BFM, poursuivre des arabes et des noirs dans la rue pour les tabasser est un acte militant
Vous avez encore un doute sur le fait que les médias, y compris le service public, soient totalement imprégnés par les idées d’extrême droite ? Voici une étude de cas avec un article de France Info publié ce dimanche 26 novembre, dont l’orientation est flagrante.
Le média public titre : «Mort de Thomas : un militant de 20 ans hospitalisé après avoir été agressé par des jeunes». D’entrée de jeu, l’information principale n’est pas que des néo-nazis aient attaqué un quartier pour frapper des noirs et des arabes, mais «l’agression» d’un des néo-nazis. Un angle journalistique qui inverse les responsabilités.
France Info introduit son article ainsi : «80 personnes d’ultra-droite sont allées manifester dans le quartier de la Monnaie aux cris de “Justice pour Thomas”».
Il faut lire attentivement. Chaque mot est important. France Info ne parle pas «d’attaque», ni «d’émeute raciste» ou «de raid néo-nazi». Non : ce sont de simples «personnes» qui sont venues «manifester».
Deuxième mensonge dans la même phrase : le slogan «justice pour Thomas». En réalité le groupe d’assaillants chantait «La France aux français» et «Islam hors d’Europe». Très loin d’un quelconque hommage : il s’agissait bien d’aller frapper les habitants d’un quartier stigmatisé. Tout a été filmé par les fascistes eux-même et largement diffusé.
Pourquoi mentir ? Pour humaniser l’extrême droite. En réalité, les victimes seraient les néo-nazis qui ont débarqué dans la cité. Ils venaient simplement “manifester”.
La légende de la photo – qui montre des fourgons de CRS et non le cortège d’extrême droite, évitant ainsi de montrer le motif de cette confrontation – parle d’un «impressionnant dispositif policier». Comme si c’était exceptionnel. Les manifestations de gauche ou les banlieues sont systématiquement étouffées par des dispositifs de répression infiniment plus gros, sans que jamais les médias ne s’en émeuvent. Pourquoi insister dessus ? Pour faire croire que l’extrême droite serait réprimée, par opposition au «laxisme» dont parlent ce même média à l’égard d’autres populations. Pourtant il semblerait qu’un équipage de la BAC ait prévenu les agresseurs fascistes de l’arrivée des CRS, on a connu pire comme répression.
Deuxième phrase : «un militant de 20 ans a été hospitalisé». Ici encore, il s’agit d’une stratégie d’humanisation. «Militant» c’est sympa, ça donne l’impression d’un engagement. Dans une manif de gauche, France Info aurait parlé de «black bloc» ou de «casseur». Et dans une cité d’«émeutier». Mais là, non : «militant». France Info précise même son âge.
C’est donc un jeune garçon engagé politiquement. Certainement pas un sauvageon, une racaille ou un écoterroriste sans visage ni objectif, juste venu pour tout casser. France info «oublie» encore de préciser qu’il est nazi, tout juste le média concède-t-il plus loin le mot «ultra-droite» qui ne veut absolument rien dire.
Il faut que le lecteur s’identifie à lui : il aurait donc été «hospitalisé». Ici France Info s’inquiète de l’état de santé d’un homme qui, rappelons-le, a participé à un raid punitif d’extrême droite dans une cité avec l’objectif évident de frapper ses habitants. Deux ados auraient d’ailleurs été blessés par l’extrême droite. Mais France Info ne parle pas d’eux. Seul le jeune «militant» intéresse ce média. Il aurait donc été hospitalisé. Le pauvre.
Des centaines de personnes ont été hospitalisées au printemps dans les manifestations pour les retraites. Cela n’est presque jamais soulevé par les médias, ou alors sous la forme d’un chiffre donné à la va-vite. Leurs vies ne comptent pas.
Après la mort de Nahel, au moins 8 personnes ont perdu un œil suite à des tirs policiers, et un jeune homme a été tué par une balle en caoutchouc dans le torse. Discrétion maximale de France Info à l’époque. Mais au lendemain d’une descente néo-nazie, on s’inquiète des bobos d’un des agresseurs.
Quel est le message ? Finalement, les vraies victimes seraient du côté de ceux qui organisent l’attaque d’un quartier. Et les vrais violents, les sauvages, ceux qui “agressent” sont… les habitants du quartier qui se sont défendus !
Donner la parole aux habitants ? Ce n’est même pas envisagé. Enquêter sur la recrudescence des violences fascistes ? Sur les groupes qui organisent une telle attaque ? Bien sur que non, ça demanderait des compétences de journalisme.
S’il vous reste encore le moindre doute sur l’opinion de ce média, on peut rappeler une autre couverture. En mars 2021, à propos d’un jeune écologiste DANS LE COMA après un tir de grenade en pleine tête, France Info titrait : «l’un des manifestants grièvement blessé est fiché S» et ajoutait «cet homme a notamment participé à des manifestations violentes sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes». Une information à charge, basée sur la communication policière, destinée pour faire croire au public que, finalement, cet écologiste l’avait bien mérité. Un traitement diamétralement opposé de celui offert au nazi corrigé à Romans-sur-Isère.
Il n’y a pas que France Info. BFM est même allé plus loin en titrant : «un militant d’ultra-droite gravement blessé en marge de la manifestation». Plusieurs arrangements avec la réalité en une seule phrase, un joli exploit. Mais revenons sur l’expression, incroyable, de «gravement blessé». Ce fasciste n’a reçu que quelques coups de poings, mais BFM s’inquiète pour sa santé.
Les Gilets Jaunes ou écolos qui ont fini avec des trous dans le visage ou des mains arrachées n’étaient pourtant jamais qualifiés de blessés “graves”. Parfois, les médias ont même écrit à leur propos «blessé selon lui par la police», remettant en cause l’origine même de leurs mutilations… On se souvient aussi de la réécriture du réel en direct, par une commentatrice de BFM, qui parlait de “maquillage” pour décrire un joueur de tambour frappé par la police et dont la tête dégoulinait de sang.
Merci à France Info de soutenir le fascisme avec l’argent public et BFM avec les sous de Drahi !
2 réflexions au sujet de « Romans-sur-Isère : les médias au secours des néo-nazis »