Guadeloupe : une journaliste écartée après avoir interviewé le RN sans s’aplatir

L’extrême droite est omniprésente dans les médias français et bénéficie d’une complaisance totale. L’exemple le plus récent est le délire national après le drame de Crépol : l’extrême droite a pu parler pendant deux semaines «d’ensauvagement» et de «francocide» sans jamais être recadrée factuellement. Il est interdit de la contredire.

En Guadeloupe, le 8 décembre, la journaliste Barbara Olivier-Zandronis recevait Jordan Bardella du Rassemblement National et lui donnait une interview sans concession. Elle le questionnait sur l’absence de son parti au Parlement Européen à propos du chlordécone, ou à propos de l’accueil indigne des exilés en demandant si «les trottoirs parisiens, les campements de fortunes de Calais ont des points communs avec des auberges cinq étoiles», allusion à une déclaration de Bardella prétendant que les sans-papiers étaient accueillis comme à l’hôtel. Bref, du journalisme.

Mais il n’est même plus permis ne pas s’aplatir devant les discours réactionnaires. Bardella s’est permis de demander «Vous avez votre carte dans quel parti politique ?», réponse : «Je vous pose juste la question». On aurait pu s’attendre à ce que cette journaliste reçoive le soutien de la profession. C’est tout l’inverse. Elle a été suspendue de l’antenne, ses chefs estimant qu’elle avait manqué de professionnalisme.

On peut donc dire «ferme ta gueule» et appeler à la dissolution de la France Insoumise ou à «dégommer la gauche» et même répéter que le premier parti de gauche est «antisémite» sans le moindre problème sur les plateaux, mais poser des questions factuelle, non.

Cette mise en retrait scandaleuse intervient après les pressions contre le journaliste Mohamed Kaci qui avait interrogé de façon solide un représentant de l’armée israélienne, et alors qu’une simple critique contre l’éditorialiste de droite Ruth Elkrief a provoqué une polémique nationale.

La liberté de la presse est à géométrie très variable. Une pétition a été mise en ligne pour Barbara Olivier-Zandronis.

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