Analyse du nouvel emballement pour défendre une éditorialiste de LCI critiquée par Mélenchon
En France, ces derniers mois, des attaques gravissimes contre la liberté de la presse se sont multipliées :
➡️ La journaliste Ariane Lavrilleux a été perquisitionnée par la police anti-terroriste et placée en garde à vue puis poursuivie pour avoir enquêté sur le commerce d’armes de la France.
➡️ Plusieurs autres journalistes ont été convoqués par la DGSI.
➡️ Le journaliste de TV5 monde Mohamed Kaci a été menacé de licenciement, à la demande de l’armée israélienne, pour avoir posé des questions dérangeantes à un militaire israélien.
➡️ Des dizaines de journalistes ont été blessés, arrêtés, molestés ou verbalisés dans le cadre de manifestations.
➡️ Le journaliste Patrick Cohen a reçu des milliers d’insultes et de menaces par l’extrême droite pour avoir dénoncé l’instrumentalisation raciste de la mort du jeune Thomas à Crepol.
➡️ Le milliardaire d’extrême droite Bolloré a constitué un empire médiatique et licencié tous les journalistes qui n’obéissaient pas à son idéologie.
Aucun de ces faits gravissimes et digne d’un régime autoritaire n’a suscité la moindre réaction collective, ni dans les grands médias et la classe politique.
➡️ De même, à l’international, 72 journalistes ont été assassinés à Gaza par Israël. Un record qui n’a même pas été mentionné à l’antenne d’un grand média français. Les journalistes français n’ont pas soutenu, même vaguement, leurs collègues de terrain.
Mais le 3 décembre, Mélenchon a critiqué l’éditorialiste de droite Ruth Elkrief. Et là, c’est le drame absolu.
Les comptes Twitter de BFM, TF1 et LCI ont publiquement apporté leur soutien à l’éditorialiste. Sonia Mabrouk de Cnews a loué son «professionnalisme». Pascal Praud a parlé d’une «consœur remarquable». La journaliste du Point Géraldine Woessner a qualifié Mélenchon «d’antisémite», comme Apolline de Malherbe de BFMTV a dénoncé des «intimidations» en raison de la judéité de sa collègue. Le directeur de l’information de Radio France a écrit : «attaquer un journaliste, c’est attaquer la démocratie». Adèle Van Reeth, patronne de France Inter, a écrit : «Soutien inconditionnel à Ruth Elkrief». Paul Larrouturu de TF1 a même osé : «Solidarité absolue avec l’impératrice Ruth Elkrief, immense professionnelle et véritable amie». Un message à lire au premier degré. Libération a dénoncé une «détestable mise au pilori» et même Edwy Plenel de Médiapart s’est égaré : «la violence ad hominem contre les journalistes entretient la haine de la démocratie».
Dans la classe politique, la sarkozyste Isabelle Balkany lui a écrit «Cœur sur toi». Julien Odoul du RN a parlé de «haine des juifs». L’extrême droite, le mouvement lié aux hordes qui font actuellement des saluts nazis dans la rue, traite donc la gauche «d’antisémite» quand elle critique les médias, nous en sommes là.
Olivier Dussopt ministre Macroniste, a salué «une grande journaliste» et l’autre ministre Marc Fesneau a comparé la France Insoumise au nazisme. Enfin, Darmanin a déclaré : «Mélenchon met une cible dans le dos de Ruth Elkrief» et lui a offert une protection policière. Un délire illimité.
Outre l’hypocrisie totale d’un pseudo-soutien au «journalisme» de la part d’un gouvernement qui démolit systématiquement la liberté de la presse et d’expression, cette affaire révèle un malentendu profond.
Ruth Elkrief et ses complices ne sont pas des journalistes. Cette éditorialistes a notamment fait un check à Macron durant la campagne présidentielle, elle a apporté son «soutien» à Fillon, elle a honteusement menti pour attaquer des ONG à propos de la Palestine et plus généralement fait œuvre de propagande au service de la droite, en faveur d’Israël et contre les idées de gauche. C’est une militante de droite extrême, grassement rémunérée pour dérouler des éléments de langage politique sur des plateaux télé.
Les chiens de garde enragés aux ordres de milliardaires d’extrême droite, qui aboient en meute contre ce qu’il reste d’opposition politique, ne sont pas des journalistes. Et ne le seront jamais.
Le problème politique principal en France est la captation des médias par une poignée de possédants qui ont opté pour le fascisme. C’est de là que découle l’augmentation de la parole xénophobe, la validation des violences policières, la neutralisation de toute position sociale ou anti-raciste…
Comment nommer les employés de ces médias ? Des communicants, des propagandistes, des lobbyistes. Ils ne sont en rien liés à la défense de la liberté de la presse. Ils sont les principaux artisans de la fascisation. Sans leur fabrique du consentement, rien de ce qu’il se passe actuellement ne serait possible. Mal nommer les choses est dangereux.
5 réflexions au sujet de « L’union des chiens de garde »
La mauvaise langue qui se trouve dans la gueule des chiens de garde est aussi une entité Facsiste.
Pour avoir vu l’extrait en question, je pense que si on voulait absolument polémiquer, il eut été de bon ton de le faire sur la malhonnêteté intellectuelle de l’immense journaliste, à son paroxysme (la honte ne tue pas, sinon elle y serait restée). Extrait à regarder tant il éclaire le niveau de déformation des faits sur les chaînes des oligarques. On peut espérer qu’il fera partie des extraits qu’on enseignera en cours d’histoire du journalisme, pour montrer jusqu’où on peut tomber (mais peut-être qu’on va encore descendre plus bas ?)