Portrait d’un porte-flingue de Netanyahou en France
À Gaza, un massacre épouvantable et un nettoyage ethnique sont en cours, des juristes et des instances internationales qualifient même ce qu’il se passe de génocide. Pourtant, un député français trouve cela insuffisant.
L’élu franco-israélien Meyer Habib a provoqué un incident au Parlement mardi 19 décembre. Alors que le député insoumis Eric Coquerel intervenait sur la situation en Palestine, Meyer Habib a crié deux fois : «ce n’est pas fini !»
Voici l’échange consigné dans le compte rendu de séance : «Qui peut douter maintenant des véritables objectifs de guerre du gouvernement Netanyahou qui, après le nord, bombarde le sud de la bande de Gaza, là où il avait précisément demandé aux Palestiniens de se réfugier ?»
Meyer Habib crie : «ce n’est pas fini !»
Le député poursuit : «Qui peut douter maintenant qu’il s’agit moins d’éradiquer le Hamas que d’en finir avec la bande de Gaza et la Cisjordanie, en tant que territoires palestiniens ?»
Il crie à nouveau : «ce n’est pas fini !»
C’est à minima une apologie de crime de guerre. 39 députés de gauche demandent désormais à la présidence de l’Assemblée la levée de l’immunité parlementaire de Meyer Habib.
Des élus insoumis ont été traités de «terroristes» pendant des semaines pour avoir appelé à un cessez-le-feu à Gaza, mais ce député peut, en toute impunité, acclamer un nettoyage ethnique passible de la cour pénale internationale.
Qui est Meyer Habib ? C’est le représentant en France de l’extrême droite israélienne. Il est lié à l’aile droite du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahou, avec lequel il est ami. Lors de ses campagnes, Meyer Habib bénéficie du soutien officiel de Netanyahou, avec qui il réalise des clips de campagne. Meyer Habib a personnellement financé plusieurs voyages à l’étranger du Premier Ministre israélien dans les années 2000.
Meyer Habib est député des Français de l’étranger dans une circonscription qui englobe Israël mais également Chypre, Malte, la Grèce, la Turquie, l’Italie et Saint-Marin. Il y a été élu trois fois avec une énorme abstention, de l’ordre de 90%, et des méthodes peu scrupuleuses. Il a aussi été pressenti pour devenir l’ambassadeur d’Israël en France.
Le père de ce politicien était lui-même proche de Menahem Begin, un des pionniers du sionisme d’extrême droite, membre du Betar, un mouvement paramilitaire de type fasciste, raciste anti-arabe et opposé à tout compromis, considérant la Palestine comme un territoire exclusivement juif. Meyer Habib militera lui aussi au Betar dans les années 1980, comme son père.
Lors de ses campagnes, il se présente comme le candidat de «la cause sioniste» et des «valeurs de la Torah». La pseudo-laïcité républicaine est aux oubliettes. Ses discours sont imprégnés de religion et de conservatisme. Fermement opposé à toute paix avec les palestiniens, Meyer Habib qualifie la moindre opposition aux crimes d’Israël d’antisémite, et tente par exemple de faire interdire la campagne Boycott Désinvestissement Sanction contre les entreprises soutenant la colonisation. Pour lui, Israël est l’«État le plus moral et le plus humaniste au monde».
Et en politique intérieure ? Il est favorable à toutes les lois liberticides et sécuritaires, comme le port d’armes en permanence pour les policiers, les mesures antiterroristes qu’il appelle à durcir. Il favorise d’ailleurs la collaboration France-Israël en matière de lutte «antiterroriste». En tant qu’élu, il soutient en 2015 deux agresseurs de confession juive arrêtés après avoir agressé des musulmans, en téléphonant directement au commissariat pour les faire libérer.
Meyer Habib est lié aux milieux mafieux et en a les méthodes. En 2018, il débarque à l’Assemblée avec un garde armé qui n’est pas accrédité. Celui-ci exhibe son pistolet pour forcer l’entrée au côté du député, qui qualifie d’antisémites les personnes qui refusent que l’homme armé ne pénètre le bâtiment. Meyer Habib entretient des connexions avec la mafia du carbone, responsable de l’une des plus grands vols du siècle : des escrocs franco-israéliens ont détourné la TVA sur la bourse du carbone et dérobé au moins 1,6 milliards d’euros à l’État français. Meyer Habib a servi d’intermédiaire entre le chef de réseau, Arnaud Mimran (aujourd’hui incarcéré), et Benyamin Netanyahou. Cette affaire n’est pas seulement financière, puisqu’une personne liée au trafic a été abattue en plein Paris. Par ailleurs, Habib est visé en 2022 par une enquête pour détournement de fonds publics.
Enfin, le Conseil Constitutionnel a annulé cette année l’élection du député Meyer Habib de 2022, car son équipe s’était livrée à des «irrégularités et manœuvres de nature à altérer la sincérité du scrutin». Elle avait notamment proposé illégalement aux électeurs de voter par Internet à leur place ou encore mis en place des bus auprès des synagogues lui étant acquises afin d’encourager les électeurs à aller voter pour lui. De nouvelles élections sont organisées, qu’il remporte haut la main, et part fêter sa victoire en priant devant le mur des lamentations.
Depuis le 7 octobre, c’est un festival. Meyer Habib appelle à censurer toute expression pro-palestinienne, relaie les pires mensonges de l’État israélien, pleure et crie devant les caméras, fait des déclarations outrancières et racistes dans les médias. Le 15 novembre à l’Assemblée, il défend en toute impunité la colonisation illégale de la Cisjordanie par les colons d’extrême droite.
4 réflexions au sujet de « Meyer Habib : l’extrême droite franco-israélienne fait l’apologie de crimes de guerre »
La planète est devenue la propriété privé des multinationales et de leurs parasites d’actionnaires. Ils profitent de la destruction de nos vies et du réchauffement climatique avec la protections militariste totalitariste et facsiste de l’ensemble des Etats.