“Nettoyage social” en vue des Jeux Olympiques 2024 dans la Capitale. Le gouvernement expulse “les indésirables” de région parisienne.
Le “village Potemkine” désigne un trompe-l’œil à des fins de propagande. L’expression est née à la fin du 18ème siècle dans la Russie Tsariste. En 1787, l’impératrice Catherine II visite la Crimée aux confins de l’Empire. Selon la légende, Grigori Potemkine, Prince de Tauride et homme d’État russe, aurait fait ériger de luxueuses façades en carton-pâte sur le modèle des décors de productions hollywoodiennes pour masquer la pauvreté des villages criméens à l’impératrice.
Ces derniers jours, la presse de l’hexagone relate des déplacements forcés de population. Les personnes les plus précaires de la région francilienne sont envoyés vers les villes de province. L’État français expulse ceux qu’il considère comme “indésirables” de Paris et sa périphérie dans l’optique des Jeux Olympiques 2024.
Depuis plusieurs mois, la police poursuit sa traque systématique et effrénée des personnes à la rue dans la capitale. Les autorités vident l’espace public pour cacher la pauvreté aux futurs touristes et aux chefs d’États qui viendront assister à l’événement sportif international. Ici ce ne sont pas de faux décors qui sont montés, mais la misère sociale que l’on cache aux yeux du monde, en l’éloignant des grands centres urbains. Ces pratiques sont courantes mais elles s’accélèrent à l’approche du début de la compétition.
Les associations d’Île-de-France dénoncent un “nettoyage social” de la région qui est progressivement vidée de ses sans domicile fixe. Les personnes exilées sont particulièrement visées par cette politique d’effacement dans la capitale en vue des JO. Des bus sont affrétés pour les éloigner de la région, les SDF sont envoyés vers Angers, Strasbourg ou Toulouse.
“Orléans n’a pas vocation à accueillir la colline du crack de Paris”. Ce sont les propos dégoûtants et discriminants prononcés ce lundi 25 mars par Serge Grouard, le maire de droite extrême de la ville du Loiret. Lors d’un point presse, l’élu évoque l’arrivée de 500 exilés depuis la capitale sur une période d’un an. Ce politicien sarkozyste règne sur la mairie d’Orléans comme un mafieux depuis des années et se plaint “que, toutes les trois semaines, un car arrive à Orléans de Paris, avec à son bord entre 35 et 50 personnes”.
Chez les techniciens au pouvoir, on parle d’orientation “d’une partie des personnes prises en charge dans le cadre d’opérations de mise à l’abri”. La réalité c’est que le gouvernement fait “place nette” dans le but affiché de faire rayonner la France à international, en transformant la région parisienne en vitrine lors des JO, en expulsant les misérables, et en ne leur proposant que des mises à l’abri temporaires.
Au delà de considérations esthétiques à des fins de propagande, il s’agit pour le clan macroniste et les néolibéraux de poursuivre la dissolution du corps social. Atomiser les individus. Il faut désagréger les liens affectifs et les amitiés tissées entre exploités, les arracher à un territoire afin d’empêcher l’action collective, briser les réseaux d’entre-aide et de solidarité. Comme dans les régimes autoritaires, d’un côté on cache la misère aux touristes, aux riches et aux autres grandes puissances, et de l’autre l’État veut neutraliser toutes formes d’organisation politique informelle qui échappe à son autorité. Les expulsions et les déplacements forcés nourrissent ainsi deux objectifs, tous deux aussi dégueulasses.
Ces Jeux Olympiques sont une honte à tous les niveaux : sociale évidemment, en s’attaquant aux précaires, en expulsant des milliers d’étudiants de leurs résidences universitaires pour les mettre à disposition des personnels déployés pour les jeux. Écologique car ils participent à la destruction de terres et auront un impact carbone désastreux. Sécuritaire enfin, car le déploiement des moyens de surveillance à base d’intelligence artificielle servira demain à réprimer la population.
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