Préparer l’opinion à la guerre : mode d’emploi


Alerte rouge : il est bientôt minuit dans le siècle


Préparer l'opinion à la guerre

Le 13 février 2024, les médias des milliardaires annonçaient avec gourmandise que «23% des Français sont favorables à ce que la France soit dirigée par l’armée». Depuis, c’est l’avalanche de sondages douteux destinés à préparer l’opinion à une guerre voire à une dictature militaire.

Selon ces enquêtes réalisées par les médias, la majorité des français seraient «favorables au retour du service militaire». «Un jeune sur deux» serait prêt à partir sur le front ukrainien. Un sondage étonnant et probablement trafiqué, mais qui permet aux auteurs de l’étude de se féliciter sur RTL : «on est dans une situation, un contexte, où l’antimilitarisme, qui caractérisait des époques antérieures, a plutôt disparu».

Ces sondages s’accompagnent de discours et de choix politique :

Macron répète qu’il veut un «réarmement» de la France, à la fois démographique et civique, pour fabriquer de la chair à canon. Ses ministres imposent un SNU à la jeunesse, des stages encadrés par l’armée destinés aux adolescents, et qui seront bientôt obligatoire. Des uniformes bleu marine, aux couleurs des tenues policières, sont «expérimentés» dans les écoles, avant d’être généralisés. Le président parle constamment «d’économie de guerre», l’argent des livrets A va être ponctionné pour financer l’armement, des centaines de milliards d’euros sont débloqués pour les militaires…

Ce samedi 13 avril 2024 sur la chaîne LCI, le Ministre des Armées annonce un «durcissement inédit» de la journée d’appel à la défense, pour recruter chez les jeunes des réservistes, «volontairement pour le moment», en cas de guerre.

Macron a même fait peur à toute la planète en déclarant qu’il veut envoyer l’armée française en Ukraine, au risque de provoquer une guerre nucléaire. Une proposition que les autres pays européens et même les USA ont rejeté.

Tout cela fait système : nos dirigeants nous préparent mentalement et matériellement à la guerre. Ils rêvent d’uniforme et de sang. Ils en rêvent d’autant plus qu’ils ne risquent rien, ni eux, ni leur caste.

Les deux dernières générations nées en France n’ont pas connu la guerre en Europe.

Nous avons donc trop vite tendance à oublier de quoi il s’agit concrètement : d’enveloppes de chair déchirées sous les orages d’acier, du sang et de la merde déversés pour la patrie, de millions de noms sur les monuments aux morts et des hectares de cimetières. Dans notre histoire récente, celle de nos grands parents et arrière-grands parents, des générations entières ont grandi sans père, ou avec des parents mutilés, traumatisés, défigurés à vie. Et la première guerre mondiale a même engendré les fascismes en Europe, qui ont provoqué la deuxième guerre mondiale. Il n’y a rien de beau ni d’héroïque dans une guerre.

Cette horreur absolue des deux conflits qui ont dévasté notre pays au siècle dernier s’accompagne aujourd’hui d’une menace encore plus terrifiante : celle de l’arsenal nucléaire. Des bombes qui n’ont qu’un seul objectif, rappelons le : massacrer des masses colossales de civils. Ce sont des armes de terreur par excellence, elles n’ont pas de but militaire autre que tuer des millions d’habitants désarmés, de raser des villes voire des pays, pour détruire démographiquement et psychologiquement un État ennemi. Le stade ultime de la barbarie industrielle.

Voilà où nous en sommes. Certes, nos dirigeants ont toujours été des crapules, mais certains avaient encore en mémoire ce que signifie une guerre. A présent, les managers cocaïnés au pouvoir ont un mépris absolu envers l’histoire, la vérité et la vie humaine.

Et dans notre camp social ?

Plus le temps nous éloigne des dernières guerres mondiales, plus l’antimilitarisme, qui était le socle de la gauche et de l’émancipation semble oublié. La guerre est l’inverse de toute émancipation, c’est le fascisme mis en application : les pleins pouvoirs à l’armée, le mépris des corps, l’état d’exception, l’obéissance aveugle et le culte de la brutalité.

Macron et son clan, celui de la bourgeoisie, sont arrivés aux limites des pouvoirs que lui ont offert la 5ème République. Ils ont tout utilisé pour diriger tout en étant minoritaire : des 49.3 à la pelle, l’état d’urgence entré dans le droit, le mépris de tous les contre pouvoirs, les dissolutions comme jamais, la répression policière la plus violente depuis la guerre d’Algérie… Ils ne peuvent guère aller plus loin sans basculer c’est la dictature assumée ou l’état de guerre. Seul un conflit militaire remplirait le double objectif de mettre au pas la population et de saigner la jeunesse. «Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage» disait Jaurès il y a plus de 100 ans.

Mais une guerre est toujours impopulaire. Il faut travailler l’opinion. Les premières campagnes de propagande moderne ont été créées en 1917 aux USA par un certain Edward Bernays, pour créer un contexte favorable à la mobilisation militaire. Bernays est le père de la publicité, et a inspiré le néolibéralisme plus tard. La fabrication de l’opinion est un élément décisif pour lancer des peuples l’un contre l’autre, sous un déluge de feu. C’est ce qu’il se passe actuellement. Un conditionnement progressif.

«La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent bien mais… ne se massacrent pas» disait l’écrivain Paul Valery après la Première Guerre Mondiale. L’histoire n’est donc pas finie. Elle menace à nouveau. Nos ancêtres criaient «que maudite soit la guerre» ou «plus jamais ça» et nous l’avons oublié.


Redisons le, encore et encore. Construire un front le plus large possible contre le militarisme, le nationalisme et la guerre redevient une nécessité vitale et urgente.


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Une réflexion au sujet de « Préparer l’opinion à la guerre : mode d’emploi »

  1. Violence et propagande sont de vieux outils qui hier comme aujourd’hui servent à la grande bourgeoisie pour faire marcher les populations au pas.

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