«La situation des droits humains en France se dégrade en 2023», s’alarme une fois de plus l’ONG Amnesty International qui défend les Droits de l’Homme dans le monde depuis plus de 60 ans.
Dans son rapport annuel paru le 24 avril 2024, la France est de nouveau pointée du doigt à plusieurs reprises par l’ONG Amnesty International, notamment à propos de l’usage de la vidéosurveillance algorithmique prévue lors des Jeux olympiques ou des violences policières et de leur impunité.
La vidéosurveillance appuyée par Intelligence artificielle, que l’État présente comme «expérimentale» mais qui est de fait déjà utilisée contre les contestations, risque selon Amnesty Inertnational d’étendre «de manière excessive les pouvoirs de police en élargissant l’arsenal des équipements de surveillance de façon permanente».
À propos des violences policières, l’ONG dénonce pour la énième fois le recul de la liberté de manifester en France. Le rapport évoque la répression des manifestations contre la réforme des retraites, les mégabassines de Sainte-Soline ou les interdictions systématiques de soutenir la cause palestinienne.
Amnesty pointe aussi la loi «immigration» votée par le gouvernement Macron avec l’extrême droite, qui reprend des pans entiers du programme du Front National, et qui est qualifiée de «discriminatoire et xénophobe».
Enfin, à propos de la liberté d’expression, une rapporteuse explique «on demande depuis des années que ces délits d’apologie du terrorisme soient abrogés dans les lois […] l’apologie du terrorisme, c’est une infraction qui est définie de manière extrêmement vague et subjective, et qui donc représente en soi un risque d’atteinte à la liberté d’expression».
En clair, qu’il s’agisse de répression, de liberté d’expression ou de racisme, Amnesty International renvoie la France au même niveau que des régimes d’extrême droite. Ce qu’elle est de plus en plus clairement. Ces alarmes répétées sont en réalité très régulières, sans réelles conséquences.
En avril 2023 La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) accréditée auprès de l’ONU, a décidé d’alerter les instances internationales à propos des interpellations de masse en France. De son côté, la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe dénonçait le 24 mars un «usage excessif de la force envers les manifestants» et l’utilisation répétée du 49.3.
Amnesty International dénonçait déjà dans son rapport de 2023 un passage sur la France : «depuis janvier 2023, des manifestations ont lieu partout en France. Nous alertons sur le recours excessif à la force et aux arrestations abusives, signalé dans plusieurs médias», et rappelait «que la participation aux manifestations non déclarées n’est pas un délit».
Dans l’Italie pourtant gouvernée par l’extrême droite, le Ministre des affaires étrangères, par ailleurs farouche soutien de l’État israélien, disait l’automne dernier qu’il était choqué des restrictions de manifester du gouvernement Macron : «La France fait ses propres choix, mais interdire les manifestations dans un pays démocratique quand ce ne sont pas des manifestations violentes ne me semble pas être juste, s’il n’y a pas d’indication que les manifestations pourraient dégénérer».
En 2023, l’ONU a dénoncé pas moins de trois fois l’autoritarisme de Macron : en mai et en juin à propos de la répression massive du mouvement sur les retraites, et en juillet à propos de la mort de Nahel.
En 2023, même la Maison Blanche, interrogée lors d’une conférence de presse sur la situation internationale, a fait part de sa préoccupation à propos de la répression des manifestation en France.
De même, le grand journal allemand Die Zeit rapportait les menaces de Darmanin contre la Ligue des Droits de l’Homme au printemps dernier, organisation «plus que centenaire et reconnue pour les droits fondamentaux». Il y a deux ans, Die Zeit qualifiait la France de Macron «d’Absurdistan autoritaire» à propos de la gestion délirante de la pandémie de Covid : «La gestion sanitaire de Macron est presque monarchique. Les décisions majeures concernant un confinement ou un couvre-feu sont prises dans un ‘conseil de défense’».
En 2021, le journal allemand Handelsblatt, un quotidien «économique» de centre-droit, estimait que le gouvernement Macron avait choisi de régner à l’extrême droite, décrivait la radicalisation de la police et s’alarmait de la situation française, estimant que notre pays «ressemble plus à la République de Weimar finissante qu’à la France moderne que l’on connaissait. Macron aurait pu, dans ce chaos, être la voix de la Raison. Aujourd’hui, rien ne suggère qu’il souhaite l’être. Demain, il sera peut-être trop tard».
Tout le monde se rend compte, en France comme à l’étranger, que la bourgeoisie dirigeante de notre pays a opté pour l’autoritarisme voire le fascisme. Mais les rapports, les alarmes et les condamnations ne suffisent pas, il faut agir.