Deux salles, deux ambiances pour Braun-Pivet
Mardi 4 juin, Yaël Braun-Pivet suffoquait littéralement à la vue d’un nouveau drapeau palestinien exhibé dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale. La veille, autre salle, autre ambiance, elle se rendait à l’événement organisé par BHL1 où elle était abondamment applaudie, et sa revue la règle du jeu, «L’Europe contre l’antisémitisme».
Une soirée visant à «stopper la déferlante de haine qui ravage nos sociétés». En guise d’Europe, il s’agit surtout de la clique habituelle qui soutient inconditionnellement Israël et qui reste aveugle au génocide en cours. En guise de haine, un petit monde parisien, qui sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, soutient les crimes de Netanyahou et affiche sans complexe son islamophobie. Qu’on en juge.
On y a vu des personnalités politiques comme les indéfectibles Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, mais aussi Valls, Blanquer ou Hidalgo, des éditorialistes d’extrême droite comme Yann Moix, Caroline Fourest ou Phillipe Val qui s’assume maintenant ouvertement comme islamophobe, et des artistes comme Patrick Bruel ou Yvan Attal qui se demandait récemment sur Radio J si ce n’est pas les Palestiniens qui colonisent Jérusalem, ou encore le Crif, porte-voix du gouvernement israélien en France.
Libération rapporte également la présence de Douglas Murray, situé à l’extrême droite de l’échiquier politique anglais. Le Figaro le présente comme le Zemmour britannique qui partage avec lui deux obsessions : l’islam et l’immigration. Supporter de Trump outre Atlantique, partisan d’une «xénophobie gentrifiée» selon The Guardian, auteur d’un livre L’Étrange suicide de l’Europe dans lequel il pose, de façon «respectable» selon le même journal, qu’il est préférable de «ne pas vivre à côté de Roumains» et tout à fait possible de penser que les «musulmans viennent violer vos femmes». Sans surprise, Douglas Murray est un grand défenseur de la guerre menée par Israël à Gaza, traduisez du génocide.
Interrogé ce 5 juin par BFM pour savoir s’il regrettait d’avoir invité Douglas Murray du fait de son islamophobie, BHL assume complètement en indiquant que, au moins, le militant d’extrême droite n’a jamais été antisémite. Tous les racismes ne se valent donc pas. Et qu’importe qu’on soit raciste et islamophobe pour peu qu’on soit d’accord pour soutenir la sainte croisade de BHL, lequel n’a pas hésité d’ailleurs à donner une franche accolade à notre petit facho anglais.
Et l’antisémitisme ? Pour l’un des intervenants, Jean-Claude Milner, invité à prononcer un discours, celui-ci se loge jusque dans le fait de vouloir «taxer les riches». Cet intervenant reproduisait ainsi un cliché antisémite éculé lors d’un raisonnement de haut vol : il affirmait, devant une foule approbatrice, que comme «les juifs sont riches» (sic), vouloir «taxer les riches», c’est vouloir «taxer les juifs». L’antisémitisme est un sujet trop grave pour être laissé à de tels guignols.
C’est bien un camp qui se dessine derrière ce beau-monde. Celui des génocidaires et de leurs soutiens, celui de l’occident ivre de sa puissance et du sang qu’il verse.
En face de lui, dans les universités occupées, devant les usines d’armes qui fournissent Israël, là où tous les responsables politiques américains sont harcelés pour leur soutien, et depuis une semaine dans les rues de France, le camp de celles et ceux qui se dressent contre le génocide et son monde.
- Celui qui a porte ouverte sur tous les plateaux télé peut venir vendre comme il l’entend sa propagande en même temps que la sortie de son dernier livre, Solitude d’Israël, dans lequel, contre toute évidence, il se plaint de l’isolement d’Israël alors que l’État colonial bénéficie d’un soutien massif des grandes puissances occidentales et de la livraison continue par les États-Unis des armes nécessaires au génocide. ↩︎
2 réflexions au sujet de « Insolite : une soirée “contre l’antisémitisme” organisée par BHL avec le “Zemmour anglais” »
La grande bourgeoisie nous la connaissons, elle est antisociale et ecocidaire, nous savons qu’elle est à vomir, qu’elle fait sont bonheur en faisant souffrir le reste de l’humanité et l’ensemble du monde du vivant en générale et que c’est comme ça qu’elle gagne depuis des siècles.