Nous subissons actuellement une offensive généralisée contre la vérité, contre le sens des mots, une guerre du langage. Le fascisme et les crimes d’État ne peuvent s’imposer que grâce à une confusion généralisée, un brouillage de tous les repères, destiné à tuer notre capacité à penser et à résister.
Voici quelques exemples entendus ces derniers jours :
«Lorsque l’on va à Rafah, c’est l’équivalent du Débarquement en Normandie» a déclaré Benjamin Netanyahou sur TF1.
Non seulement la France est le seul pays au monde où la première chaine de télévision reçoit en prime time un criminel de guerre mis en cause pour «génocide» par la justice internationale, mais en plus, c’est pour lui laisser lire des atrocités qui dépassent l’entendement.
À savoir, comparer un débarquement face au régime nazi, sur des côtes couvertes de bunkers, lourdement armées, fortifiées, et bourrées de soldats allemands entrainés, et l’attaque d’une population civile affamée, assiégée, n’ayant nulle part où aller, par l’aviation ultra-moderne d’un gouvernement d’extrême droite. En terme d’inversion du réel et d’indécence, difficile d’aller plus loin.
À propos du Rassemblement National, notre Ministre de l’Économie Bruno Le Maire a lancé : «Votre programme économique est le plus marxiste qui n’ait jamais été proposé en France depuis une quarantaine d’années».
Le RN, parti fondé par des SS, grand défenseur du patronat, sponsorisé par les médias des milliardaires et qui a voté l’essentiel des mesures anti-sociales de Macron, serait donc «marxiste». Si Bruno Le Maire n’est pas débile profond, on peut suppose qu’il s’agit d’une stratégie délibérée : détruire les repères, assimiler le fascisme à l’antifascisme, la lutte des classe et la défense des intérêts des riches, dans un magma abrutissant.
«S’il y a un moment où il ne faut pas reconnaître l’État palestinien, c’est aujourd’hui» a osé Bernard-Henri Levy.
Le faux philosophe et vrai lobbyiste du choc des civilisations et de la guerre, celui qui appelle depuis 40 ans à aller bombarder des pays au nom de la «démocratie», estime qu’il ne faudrait surtout pas reconnaître la Palestine au moment où son peuple est massacré et où la grande majorité des pays du monde l’a déjà reconnue. Alors quand faudrait-il le faire ? Une fois que la population palestinienne sera morte ou totalement chassée de ses terres ?
«Nous croyons que l’émancipation passe par le travail, pas par les allocations en plus, pas par les impôts en plus» s’est exclamé le Premier Ministre Gabriel Attal le 3 juin lors d’un meeting.
«L’émancipation par le travail», c’est mot pour mot la traduction de la devise nazie «Arbeit macht Frei», qui était affichée à l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz. Soit Gabriel Attal est profondément inculte, soit il est profondément pervers.
On se souvient que des journalistes avaient questionné la candidate insoumise Rima Hassan sur son usage du mot «soulèvement» qui, soulignaient ces journaliste, se traduit «intifada» en arabe, insinuant qu’il s’agissait d’un message codé. Pourquoi aucun journaliste ne pose la même question au Premier Ministre, concernant la traduction allemande de son discours ?
«Le boycott est l’arme absolue des antisémites», c’est ce qu’a déclaré Meyer Habib, qu’on ne présente plus, à propos de l’annulation des vendeurs d’armes israéliens au salon de l’armement Eurosatory.
Ne pas exposer d’armes servant à un génocide serait donc «antisémite». Au-delà de l’énormité de cette affirmation, rappelons que le boycott est le mode de mobilisation le plus non-violent qui soit. Apparu en Irlande contre un grand propriétaire terrien qui maltraitait ses paysans, le boycott a notamment été utilisé dans les années 1930 contre les denrées produites en Allemagne nazie, par les indépendantistes indiens avec Gandhi, contre l’apartheid en Afrique du Sud… Mais selon Meyer Habib, tous ces mouvement seraient donc «absolument antisémites».
Après tout, Meyer Habib et ses amis ont déjà qualifié d’antisémites le Pape, l’ONU, la France Insoumise, la Justice Internationale, les mains rouges, le mot porc… Et ne sont plus à ça près. Une confusion extrêmement dangereuse, en premier lieu pour la diaspora juive.