Bourrage de crane néo-fasciste : tournée médiatique pour le groupuscule d’Éric Zemmour

Éric Zemmour et Sarah Knafo : le couple de Reconquête est partout dans les médias pour la rentrée 2024

Malgré une couverture médiatique considérable avant les élections présidentielles de 2022, Éric Zemmour et son parti n’avaient pas dépassé 7% à la dernière présidentielle. Pourtant, l’empire de Bolloré et les autres chaines privées n’avaient pas lésiné : toute sa campagne avait été diffusée quasiment intégralement, ses meetings retransmis en direct sur des chaines d’info nationales, ses thèmes de prédilection matraqués en boucle…

Reconquête a ensuite réalisé 5,5% des voix aux élections Européennes, marquées par une forte abstention. Puis en juin dernier, le parti d’extrême droite s’est effondré, avec 0,7% des voix aux législatives et aucun élu. L’électorat fasciste a préféré «voter utile» et se tourner vers le RN, que les sondages donnaient gagnant.

Rappelons que Reconquête est un groupuscule dont le leader, Eric Zemmour, a été condamné pour «provocation à la haine raciale», qu’il est accusé d’agressions sexuelles, qu’il a tenu des propos révisionnistes en faveur de Pétain et que son mouvement n’a aucune implantation militante en-dehors de quelques bandes de nazis. Reconquête est d’ailleurs en train de sombrer, puisque la plupart de ses cadres ont quitté le parti, en emportant la caisse avec eux.

Absolument rien ne justifie une médiatisation nationale en cette rentrée 2024. Pourtant, voici un aperçu de la médiatisation du parti ces deux dernières semaines. Reconquête a été invité par toutes les chaînes de télévision privées : les médias de Bolloré évidemment, mais aussi BFM, LCI, et même une chaîne publique comme France Info.

Contrairement aux élus de gauche qui ne peuvent pas terminer une phrase sans être coupés par les présentateurs agressifs qui les accusent d’extrémisme et d’antisémitisme, le couple de dirigeants fascistes a été accueilli avec une grande complaisance. Sarah Knafo, compagne d’Eric Zemmour, a été gentiment invitée à commenter l’actualité, à donner son avis sur les élections aux USA, entre autres.

Si tous les partis qui font 0,7% aux élections bénéficiaient d’une telle couverture, Philippe Poutou serait tous les jours à la télé pour faire des discours anticapitalistes.

Derrière cette promotion éhontée : une fascisation généralisée des médias de masse qui ne cesse de s’affirmer. Cet été, Médiapart révélait que pendant la campagne des législatives, la direction de BFM avait donné comme consigne de mettre à l’antenne davantage «d’éditorialistes de droite et droite +». Les chefs de la chaîne avaient même donné une liste d’éditorialistes d’extrême droite à inviter : un ex-communiquant du RN, des membres du JDD de Bolloré et des journalistes de «Valeurs actuelles».

En septembre, BFM vient de lancer une nouvelle émission quotidienne en prime time, intitulée «Liberté, égalité, Brunet !», chargée de «débattre de l’actualité». Le plateau est 100% réactionnaire, composé d’éditorialistes de droite et d’extrême droite animés par une haine viscérale de toute idée située à gauche de Macron.

Au printemps 2024, la première plateforme de veille médias Tagaday avait réalisé, suite aux élections Européennes, un classement de 21 candidats en fonction de leur médiatisation à partir de 3000 publications de presse écrite, imprimée et en ligne, ainsi que 5400 programmes différents sur 410 chaînes et stations TV ou radio.

Sans surprise, et de très loin, c’était l’extrême droite de Bardella qui avait été la plus «exposée», avec 17.309 mentions. La candidate LFI, Manon Aubry, arrivait en cinquième position. Et lorsqu’on parle de «mentions» dans les médias, cela comprend aussi les évocations négatives. En l’occurrence, les médias n’ont évoqué la France Insoumise quasiment que pour la diffamer.

Une autre enquête réalisée par l’hebdomadaire Marianne en juin 2024 mesurait que près de 44% des téléspectateurs du 20 heures de TF1 affirment avoir voté pour la liste du RN, contre 7% pour celle du Parti socialiste ou 6% pour celle de la France insoumise. Concernant les téléspectateurs du JT sur M6 : 39% pour le RN. Ces deux émissions sont regardées par plus de 6 millions de personnes chaque soir en moyenne.

Lorsqu’on pose la question aux téléspectateurs de l’émission Touche Pas à Mon Poste, de Cyril Hanouna, que 50% d’entre eux disent voter pour l’extrême droite : 42% pour le Rassemblement National et 8% pour Reconquête. Ces chaines sont des machines à faire gagner le fascisme.

Heureusement, la jeunesse regarde de moins en moins la télé. L’institut Médiamétrie a établi que 56,8% des téléspectateurs étaient «âgés de 50 ans et plus» au troisième trimestre de 2016. Ils sont aujourd’hui 68,6%. Ainsi, les deux tiers de l’audience télé se trouvent désormais chez les seniors. La télé vieillit. C’est aussi ce qui explique pourquoi l’électorat âgé plébiscite à ce point le tandem Macron-Le Pen et pourquoi les plus vieux sont persuadés que la France est un coupe gorge, alors qu’il y a beaucoup moins de criminalité que quand ils étaient jeunes, dans les années 70 et 80.


C’est de l’abus de faiblesse. Mais un abus de faiblesse qui coûte très cher à la jeunesse. Car c’est elle qui subit de plein fouet les mesures racistes, sécuritaires, et les violences fascistes.


Recensement des émissions où Reconquête est invité par Philippe Duval sur Twitter.

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2 réflexions au sujet de « Bourrage de crane néo-fasciste : tournée médiatique pour le groupuscule d’Éric Zemmour »

  1. En interne ça va pas fort dans le parti. Zemour s’est prit “une nuit des petits couteaux” (dans le dos , cela va de soi…) car en plus de la tôle au législatives, les “eurodéputés” se sont barrés en cramant la caisse. Marion “Maréchal nous voila” en tête.
    Maintenant, comme vous l’avez signalé, les réseaux Bollorés et la famille ont pas eut d’autre choix que de les envoyer charbonner sur les plateaux … faut bien éloigner le “FN canal historique” du RN si on veut éviter que la prochaine présidentielle n’ait qu’un tour … sinon c’est le sang des bourgeois, qui sont plus facho tendance Macron que facho tendance Lepen, qui va en faire qu’un … tour.
    Enfin , tant qu’on parle de petite politique politicienne (bruits de chiotes et langues de pnutes…) on parle pas de vrai politique (les questions sociales entre autres… pas sociétales hein ! SOCIALES.)

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