Comment les néolibéraux ont même détruit les prévisions météo


Baisse de budget pour Météo France et incompétence politique


Une image de Nantes dans le brouillard, la météo prévoyait pourtant du soleil.

Les calculs ne sont pas bons Évelyne ! À Nantes, depuis deux semaines, on se réveille avec l’espoir de voir le soleil pointer le bout de son nez. D’autant plus qu’on regarde religieusement la météo chaque soir, et qu’elle nous annonce quasiment tous les jours du soleil. Sauf que, chaque matin… bonjour tristesse, nous voilà déçus. Il fera tout gris aujourd’hui encore. La ville de Nantes et tout l’Ouest de la France sont même en train de battre un record historique d’absence d’ensoleillement. Encore l’une des erreurs de prévisions de Météo France.


Dans son entreprise de démolition des services publics, Macron a même réussi à saboter la météo.


Pourquoi la météo se trompe de plus en plus, alors que les technologies ne cessent de progresser ? Parce que Météo France est une agence de l’État qui subit elle aussi de plein fouet la volonté des gouvernements successifs de «réduire la dépense publique» pardi !

«Plans de rationalisation», «automatisations», «maîtrise des dépenses» s’enchaînent et maltraitent l’agence. Dès 2008, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et sa politique de non remplacement d’un fonctionnaire sur 2, ce sont 500 postes qui sont supprimés. En 15 ans, Météo France a perdu un tiers de ses effectifs, passant de 3700 à 2500, et a subi une baisse de ses subventions de 18%. Sous Macron la restructuration s’accélère. En 2018, une station météo installée depuis 1894 sur le mont Aigoual, dans les Cévennes, ferme. Météo France n’a «plus le budget» pour une présence humaine sur cette station qui permettait de surveiller directement la météo sur tout une partie du pays, et de corriger certaines prévisions. Les humains ont été remplacés par des ordinateurs.

Dans la course en avant de la guerre aux fonctionnaires, depuis novembre 2023 c’est l’algorithme Alpha du programme 3P – Programme Prévision Production – qui remplace les agents chargés de vérifier les prévisions dans chaque région. À l’heure actuelle, il n’y a plus qu’une seule personne, basée à Toulouse, pour vérifier les informations. De ce fait, les erreurs se multiplient, et il n’y a plus personne pour les corriger.

Ainsi, l’intelligence artificielle avait annoncé par erreur 28°C à Strasbourg en décembre. En janvier, des milliers d’automobilistes avaient été bloqués par la neige en région parisienne, lors d’un épisode hivernal qui n’avait pas été annoncé. C’est ça la “start up nation”.

Depuis des mois, les syndicats tirent la sonnette d’alarme sur la dégradation brutale des conditions de travail des salarié•es, leur mal-être croissant devant l’incapacité de bien faire leur travail, et les conséquences désastreuses pour toute la population.

En février dernier, les prévisionnistes étaient en grève. L’un d’eux expliquait à France 3 : «S’il y a une erreur, elle persiste, au mieux on peut modifier au bout de 3 heures. Ça nous rend frustrés, ça nous met en colère». Une protestation évidemment ignorée, comme les autres, par le gouvernement.

Un choix politique dangereux

Nul besoin d’être un génie pour comprendre les risques liés à des erreurs de prévisions. Moins d’argent pour Météo France, c’est moins d’argent pour surveiller et analyser les prévisions météorologiques, et donc pour anticiper les épisodes climatiques extrêmes, qui sont de plus en plus fréquents avec le changement climatique, et ne vont faire que s’aggraver.

Chaque année les records de température sont battus, chaque été est pire que le précédent, l’épisode cévenol de la mi-octobre qui avait provoqué des inondations brutales est considéré comme le plus intense jamais enregistré depuis le début du XXè siècle. Nous ne sommes qu’à +1,1°C, les dernières prévisions nous amènent à une trajectoire de +3 ou +4°C.

Le moins que l’on puisse dire est que ces restructurations de Météo France sont inquiétantes, voire criminelles. Alors que l’Espagne continue de compter ses morts, la France n’est absolument pas à l’abri d’une catastrophe du même genre. La gestion désastreuse du gouvernement local d’extrême droite à Valence, qui avait supprimé l’Unité de réponse aux urgences, est en grande partie responsable du désastre.

L’hypocrisie des gouvernant-es

Fin septembre, le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, David Lisnard s’attaque à Météo France : «Aucune alerte reçue, aucun modèle météo en anticipation» et demande un audit de Météo France dans la foulée. 50mm d’eau étaient tombés en une heure, submergeant l’une des villes les plus riches de France.

L’élu oubliait de mentionner qu’une alerte jaune avait en fait été déclenchée… Mais il est tout de même amusant de voir un élu qui prône des privatisations à tout va, s’énerver quand un service public – celui de la météo – fonctionne moins bien. Et du côté de David Lisnard, pas question de remettre en cause l’artificialisation et l’urbanisation d’une ville bétonnée à en étouffer. Lors de cette polémique, des scientifiques étaient montés au créneau pour dénoncer l’évident coup de communication et l’hypocrisie de l’élu.

Vendredi 18 octobre, la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher est sur le plateau de BFMTV. La veille, des inondations monstres dans le sud de la France ont conduit à l’évacuation de plusieurs milliers de personnes. Un homme est mort à Paris à cause de la chute d’un arbre liée aux intempéries. Son propre père Jean-Michel Runacher était un dirigeant de Perenco, n°2 français du pétrole, ses enfants y ont aujourd’hui encore des intérêts, mais ne venez pas crier au conflit d’intérêt !

La ministre s’épouvante de la situation «inédite» et déclare : «c’est du jamais vu de mémoire d’homme». Comble de l’hypocrisie, la macroniste convaincue fait mine de taper du poing sur la table et demande «un budget qui soit à la hauteur de la situation». Pas plus tard qu’hier, elle espérait que les inondations meurtrières en Espagne soient «la prise de conscience que le dérèglement climatique n’est pas une chose abstraite».

Mettons les choses au clair : cela fait 50 ans que l’industrie du pétrole, l’industrie de son papa donc, est au courant du caractère climaticide de ses activités, mais a sciemment œuvré pour le dissimuler et produire de fausses études afin de pouvoir continuer à engrosser ses actionnaires au détriment de nos vies.

Comme Clément Sénéchal l’affirme : les catastrophes comme celles que vit l’Espagne en ce moment ne sont pas des catastrophes «naturelles», mais bien des catastrophes politiques. Elles sont le résultat de choix politiques et économiques. Les néolibéraux ont donc réussi à embrumer les alarmes des scientifiques sur le réchauffement climatique à long terme, et ils ont aussi détruit la météo du quotidien. Strike.

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Une réflexion au sujet de « Comment les néolibéraux ont même détruit les prévisions météo »

  1. Elle a tous les vices cette putain.de bourgeoisie ,au delà des élections elle joue aussi à la grande illusion avec la météo

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