Que se passe-t-il en Syrie ?


Chute du régime, sort du Rojava, rébellion et djihadisme, nouvelle donne au Proche-Orient : comprendre la situation


En Syrie, un portrait géant de Bachar Al Assad est en train de flamber : en sera-t-on bientôt débarrassé ?

Ce 6 décembre 2024, on peut estimer que le régime totalitaire de Bachar Al Assad, dont le clan régnait sur la Syrie depuis 50 ans, est en train de s’effondrer face à l’offensive fulgurante lancée depuis 10 jours par une coalition de groupes rebelles, dont certains sont islamistes. La chute du régime syrien, si elle se confirme, serait un tournant historique pour le pays, mais aussi un bouleversement pour tout l’équilibre géopolitique du Proche-Orient. Cette perspective ouvre des interrogations, des inquiétudes et peut-être aussi des espoirs.

La Syrie, qui était peuplée de 22 millions d’habitants avant le début de la révolution en 2011, est un État clé du Proche-Orient. Il partage des frontières terrestres avec la Turquie, l’Irak, la Jordanie, Israël, le Liban. Le pays est au cœur d’enjeux territoriaux, militaires et économiques qui le dépassent. Depuis 13 ans, il est morcelé et dévasté par une guerre civile effroyable dans laquelle sont intervenues quasiment toutes les puissances voisines.

Le basculement en cours est très complexe, incertain, il évolue très rapidement et il est donc impossible de deviner quelles en seront ses conséquences. Voici néanmoins quelques éléments pour comprendre la situation.

La révolution syrienne

On ne peut pas comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Syrie sans évoquer la révolution déclenchée en 2011. À l’époque, les «printemps arabes» se répandent comme une traînée de poudre dans de nombreux pays musulmans. Des manifestations massives et inédites, dénonçant les dictateurs, emportent plusieurs tyrans en quelques semaines. Notamment Ben Ali, qui dirigeait la Tunisie depuis 20 ans.

En Syrie, tout part de graffitis d’enfants. À Deraa, ville du sud du pays, quelques adolescents âgés de 10 à 17 ans écrivent des slogans contre Bachar Al Assad sur les murs. La police du régime les enlève à leurs familles, les enferme et les torture pendant des semaines. Alors que les proches des enfants arrêtés vont demander leur libération au chef de la sécurité de la ville, qui est membre de la famille Al Assad, ce dernier menace de violer leurs femmes. C’est la répression de trop.

Dans les jours qui suivent, des milliers de personnes manifestent à Deraa, s’en prennent aux autorités, déboulonnent les statues du dictateur. Le régime fait immédiatement tirer à balles réelles sur la foule et envoie des tanks. Il y a des centaines de morts. Mais les dés sont jetés : après des décennies de dictature, le pays se soulève. Des centaines de milliers de syriens descendent pacifiquement dans la rue, contre la corruption et pour la démocratie. Les manifestations sont populaires, vivantes, chantantes.

Bachar Al Assad déploie une répression à la fois atroce et perverse. D’une part, il massacre avec la brutalité la plus absolue la contestation démocratique : société civile, journalistes, opposant-es, artistes sont tués dès les premières semaines. Le clan au pouvoir est une mafia qui ne recule devant rien : par exemple Ibrahim Qachouch, un célèbre chanteur de slogans dans les manifestations, est enlevé par la police, puis son corps abandonné dans une rue avec les cordes vocales arrachées. Les femmes manifestantes sont systématiquement violées par l’armée et les mercenaires du régime, les chabiha. Des dizaines de milliers de contestataires sont arrêtés, torturés, souvent éliminés sans laisser de trace. Près de Damas, la prison de Saidnaya est transformée en camp de concentration, où sont morts plus de 30.000 syrien-nes. Des enfants sont assassinés, des personnes sont mutilées… stratégie de la terreur maximale, et les récits des survivant-es donnent le vertige.

D’autre part, Bachar Al Assad libère les prisonniers djihadistes de ses prisons. Il les laisse délibérément rejoindre la rébellion, afin de transformer le mouvement social et démocratique en mouvement confessionnel. C’est machiavélique : plus la révolution devient islamiste, plus Bachar peut se présenter comme un dirigeant «laïc» qui ferait barrage au danger «terroriste». Son plan fonctionne : la rébellion subit à la fois une répression armée et un afflux de djihadistes. Elle se militarise. La révolution vire au cauchemar, c’est une guerre civile d’une horreur sans fin.

Dans une fureur destructrice, Al Assad préfère raser son propre pays que de quitter le pouvoir. Soutenu par l’armée iranienne et des milices chiites venues d’Irak, d’Iran, du Yemen et d’Afghanistan, ainsi que par les avions de guerre russes, il fait littéralement bombarder des villes entières. Un tiers de la grande ville d’Alep, au Nord, est détruite. Les frappes tuent 20.000 habitant-es. Le bouleversant documentaire «Pour Sama», filmé dans les ruines de la ville par une soignante, montre l’ampleur du massacre. La ville de Homs est quasiment anéantie. En banlieue de Damas, le dictateur utilise des armes chimiques contre son propre peuple.

C’est une victoire à la Pyrrhus pour le dictateur : la Syrie est morcelé et incontrôlable. Diverses factions islamistes se partagent des territoires et parfois s’affrontent entre elles. Les voix démocratiques ont été quasiment éradiquées par les parties du conflit. Daesh, groupe sanguinaire islamiste, s’approprie une partie de l’Est du pays et réunit des djihadistes du monde entier. Il multiplie les massacres, réduit en esclavage les minorités tout en provoquant des attentats en Syrie comme à l’étranger. Al Assad a toutefois atteint son objectif : l’occident préfère ce dictateur qu’elle connaît aux fous de Dieu qui frappent sans distinction. Dans ce chaos, le Rojava, territoire kurde du Nord du pays, fait lui aussi sécession et expérimente une révolution sociale, autogestionnaire et féministe : le confédéralisme démocratique. Sur ce territoire, le PYD – Parti de l’union démocratique – et ses forces armées – les YPG, Unités de protection du peuple – battent Daesh à l’aide d’un soutien militaire occidental et grâce à la solidarité internationale. Une lueur d’espoir au milieu de l’horreur.

13 ans après le début de la révolution et de ses espoirs déchus, 500.000 syrien-nes ont été tué-es. C’est plus que tous les morts français de la seconde guerre mondiale. 2 millions d’autres ont été blessé-es, plus de 15 millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons depuis 2011. Parmi elles, environ 5,5 millions ont quitté la Syrie. Al Assad règne sur un tas de cendres, de ruines et de sang. Il faut s’imaginer qu’un jeune syrien qui a 20 ans aujourd’hui n’a connu que la guerre et la violence. Des centaines de milliers de familles ont été dévastées, et beaucoup n’attendent que la vengeance.

Une offensive fulgurante

À l’automne 2024, si l’on devait schématiser, le pays était divisé en trois zones contrôlées par trois forces antagonistes.

La première, qui couvre les deux tiers du territoire, est encore dirigée par Bachar Al Assad, soutenu par la Russie et l’Iran. Au nord, les Forces démocratiques syriennes (FDS) occupent le Rojava, qui représente un quart de la Syrie, et qui est régulièrement attaqué par la Turquie voisine qui veut liquider les Kurdes. Enfin, dans le nord-ouest, dans la ville d’Idleb, une petite zone est contrôlée par des groupes armés sunnites soutenus par la Turquie. On y trouve Hayat Tahrir al-Cham (HTS), issu du groupe djihadiste Al Nosra, et l’Armée Nationale Syrienne (ANS) –, composée de factions islamistes et de miliciens turcs. À Idleb vit depuis des années une forte population de déplacé-es qui ont fuit les combats et la répression du régime.

C’est cette troisième force qui mène l’offensive depuis 10 jours, avec une efficacité redoutable. En 48h, HTS avait pris la ville d’Alep. Un exploit inouï, car des combats avaient opposé les rebelles et le régime pendant des années lors de la révolution, sans succès. HTS a rapidement libéré, des prisons du régime, des centaines de personnes arrêtées depuis la révolution, mais aussi des personnes enfermées par le régime depuis plusieurs décennies. Des milliers d’anciens habitants d’Alep, qui avaient dû fuir les combats pendant des années, commencent à revenir chez eux.

Avec une rapidité sidérante, la coalition de HTS et de l’ANS a mis en déroute l’armée de Bachar Al Assad sur des centaines de kilomètres, prenant des villages et des villes les unes après les autres, parfois sans combattre.

La grande ville de Hama, qui avait déjà connu un massacre du régime au début des années 1980 et qui avait été particulièrement réprimée en 2011 au début de la révolution, a été reprise par HTS. Cette débandade des troupes loyalistes montre surtout l’extrême faiblesse du régime : après 12 ans de guerre civile, l’armée d’Al Assad ne semble ni équipée ni prête à se défendre sérieusement. L’armée de Bachar est en effet déliquescente, ses recrues étant généralement recrutées de force, maltraitées, à peine payées et à peine nourries.

Le dictateur, totalement dépendant de la Russie et de l’Iran, n’a même pas cherché à reconstruire une structure militaire fiable. Son territoire tombe comme un fruit mûr, et son armée abandonne à l’ennemi une quantité énorme de matériel militaire, munitions, blindés, et même des avions. Désormais, c’est la ville de Homs, la troisième du pays, qui s’apprête à tomber aux mains de HTS.

C’est une cruelle ironie : Bachar avait relâché les prisonniers islamistes pour saboter la rébellion. Finalement ce sont des islamistes, désormais à la tête de ce qui reste des rebelles, qui vont faire tomber le régime.

En parallèle, dans le sud du pays qui était en pointe dans la révolution, des manifestations et des actions de guérilla contre le régime ont repris, galvanisées par l’offensive au nord. Notamment dans la ville Deraa : là où tout avait commencé. Des combats ont aussi éclaté en territoire Druze, à Suweïda, à 100 kilomètres au sud de la capitale. Les deux gouvernorats, voisins, se sont presque entièrement libérés en 24 heures ce 6 décembre.

À Damas, le régime se barricade et se prépare à se défendre. Chaque jour qui passe lui permet de se préparer à l’assaut des troupes rebelles. Il se murmure qu’une tentative de coup d’État interne au régime aurait eu lieu. Al Assad, silencieux, semble plus fragilisé que jamais. On le dit en Iran, tandis que sa famille est partie à Moscou et ses frères aux Émirats.

Dans la diaspora syrienne, l’enthousiasme domine face à l’idée que leur bourreau puisse enfin tomber, que les prisonnier-es soient libéré-es et que les déplacé-es puissent revenir chez elles et eux. En Allemagne, des réfugié-es syrien-nes ont ainsi manifesté avec le drapeau de la révolution. Au Qatar, l’ambassade a affiché aussi le drapeau de la révolution, sans attendre la fin du régime.

Djihadistes ou rebelles ?

Soyons clairs, la coalition qui repousse le régime n’est pas dans le camp du progressisme ni de la liberté des peuples. Elle est dominée par des islamistes jusque là soutenus par la Turquie. Mais après avoir subi une telle violence, on peut comprendre que de nombreux rescapés de la révolution, abandonnés par tous, aient basculé et choisi de s’allier avec n’importe quel groupe capable de rendre les coups. Sans compter qu’avec l’avancée de l’offensive, ce sont des centaines de combattant-es qui les rejoignent en cours de route, dont certain-es se sont libéré-es avant même d’être rejoints par HTS. Beaucoup ne sont pas des islamistes.

À la tête de HTS, un personnage troublant : Abou Mohammed al-Joulani. Un ancien membre d’Al Qaeda, puis fondateur du groupe djihadiste Al Nosra, et aujourd’hui chef de HTS. En 2013, en pleine guerre civile, Al Nosra ne comptait que 4.000 hommes, mais ils étaient équipés et entraînés, ce qui leur a donné une place prépondérante dans la rébellion. Ils étaient même soutenus par l’occident : à l’époque le ministre des affaires étrangères français avaient déclaré que le groupe faisait «du bon boulot». Puis Daesh est arrivé, et l’occident a abandonné la rébellion syrienne devenue infréquentable, ce qui a permis à Bachar Al Assad de se maintenir au pouvoir.

Al Joulani a beaucoup nuancé ses positions ces dernières années. Dès 2018, il appelait à «resserrer les rangs» contre le régime et disait être prêt à se «réconcilier avec tout le monde et à tourner une nouvelle page. Occupons-nous de nos ennemis plus que de nous-mêmes et de nos désaccords». HTS n’arbore plus de symboles djihadistes, mais ceux de la rébellion modérée. Ces derniers jours, HTS a diffusé un communiqué appelant les combattants à ne pas s’en prendre aux minorités, évoquant la pluralité de la Syrie et l’inclusivité de la rébellion. Une position qui tranche avec l’intégrisme sunnite. À Alep, le groupe a même nommé un évêque chrétien comme préfet de la ville, tandis que la minorité religieuse des Ismaéliens de Salamiyah, près de Hama, ont ouvert les portes de leur ville aux rebelles.

On peut légitimement soupçonner Joulani de vouloir ainsi dédiaboliser son groupe et se donner une bonne image à l’international. N’oublions pas que HTS avait pour ambition, il y a encore moins de cinq ans, de faire tomber Assad, puis d’administrer les territoires libérés et à terme, d’établir un régime islamique en Syrie. Mais pour l’instant, aucun signe d’abus n’a été signalé par les minorités, tandis que les journalistes, dont CNN, peuvent librement accéder à la zone libérée.

Dans la même coalition, les objectifs de l’ANS sont bien plus inquiétants : il s’agit de mercenaires pilotés par la Turquie, qui n’hésitent pas à combattre aux côtés de ce qu’il reste de Daesh, et qui veulent liquider les Kurdes et les minorités. Dans le nord d’Idleb et d’Alep, ainsi qu’à Afrin, ils ont déjà commencé à procéder au nettoyage ethnique des populations kurdes. Ces deux groupes ont donc des positions différentes, et des lignes de fractures peuvent apparaître au sein même de la coalition qui se bat actuellement. L’ANS a même accusé HTS d’avoir arrêté certains de ses membres dès le début de l’offensive.

La main des puissances étrangères ?

On a tout entendu sur la Syrie. Les pseudos anti-impérialistes qui défendent Poutine et Bachar Al Assad accusent les rebelles d’être des pions de l’occident ou d’Israël. Pour eux, Al Assad serait un «résistant» à «l’impérialisme», et peu importe qu’il s’agisse de l’un des pires criminels de l’humanité. De l’autre côté, les partisans aveugles de la rébellion minimisent le risque que représente la forte composante islamiste au sein des forces rebelles, ainsi que les ambitions impérialistes qui se cachent forcément derrière cette étonnante offensive.

La vérité est complexe et les alliances mouvantes. Le génocide à Gaza, la guerre au Liban et le basculement en Syrie sont en train de redistribuer les cartes du Proche Orient. Par exemple, Israël n’a aucun intérêt au renversement de Bachar Al Assad : l’État colonial préfère un dictateur laïc plutôt qu’un régime islamiste ou une démocratie arabe qu’elle ne contrôle pas. En 2013, Netanyahou avait même soutenu l’impunité d’Al Assad, qui venait de bombarder un quartier de Damas avec du gaz chimique, empêchant des sanctions internationales contre le régime syrien. Sans compter que la protection de la frontière du Golan occupé par Israël avait fait l’objet d’un accord entre Israël et la Russie, alliée du régime. À contrario, ni le Hamas ni le Fatah palestiniens ne soutenaient Bachar Al Assad.

Des combattants palestiniens de Syrie avaient rejoint la rébellion contre le régime, notamment dans le camp de Yarmouk, banlieue de Damas, qui était alors le plus grand au monde (160.000 réfugié-es) et le mouvement révolutionnaire syrien a toujours été pro-palestinien. Le régime a bombardé puis assiégé le camp de Yarmouk, qui a été durablement anéanti. Prétendre que la rébellion ne serait qu’une émanation israélienne n’est donc qu’un argument campiste des défenseurs du régime syrien.

Inversement, les USA ont tout intérêt à affaiblir l’Iran et la Syrie, qui sont des soutiens du Hezbollah libanais. Rappelons que la Syrie a des bases russes sur son territoire, que le camp américain aimerait voir disparaitre. Enfin, la Turquie rêve de contrôler le nord de la Syrie et de liquider le Rojava. Pour l’instant, les principales forces géopolitiques telles que la Turquie ou les États-Unis sont satisfaites de l’offensive du HTS, puisqu’elle affaiblit l’axe Iran-Syrie-Russie. On peut se réjouir des coups portés à Al Assad sans nier les implications géopolitiques de sa chute.

Et en même temps, vu l’avancée des forces anti-Al Assad, les alliés historiques de la Syrie que sont la Russie et l’Iran semblent avoir abandonné le régime syrien qu’elles avaient jusqu’ici protégé. Les forces russes ont quitté leur base de Lattaquié, fief du clan Al Assad, et évacuent leurs systèmes de défense aérienne. Poutine a fait comprendre qu’il était occupé par le front ukrainien, l’Iran ne bouge pas, et le Hezbollah est très affaibli par les attaques israéliennes des derniers mois, il ne peut guère envoyer de forces pour protéger la dictature syrienne comme il l’avait fait par le passé. Par ailleurs, Assad avait commencé récemment à le désavouer. Quant au Liban, qui a toujours été un pays sous influence Syrienne, son sort est plus incertain que jamais, attaqué par Israël et menacé de prédation de tous les côtés.

Oui, tout est d’une extrême complexité, il n’y a pas de grands gentils, et un État religieux en Syrie n’est pas une perspective souhaitable. En revanche, quels que soient les calculs des puissances voisines, des centaines milliers de Syrien-nes saluent cette offensive, qui revient comme un boomerang contre un régime qui s’est maintenu par le crime.

Et le Rojava dans tout ça ?

On peut s’attendre au pire pour ce petit territoire libéré : les Kurdes et leurs alliés sont pris en étau entre la Turquie, ses mercenaires et les résidus de Daesh qui occupent encore plusieurs poches de l’Est du pays. Quelle que soit l’issue, elle sera compliquée.

Le Rojava est très directement menacé par l’ASN, le bras armé de la Turquie. Et si le camp Assad tombe, il faut s’attendre à d’autres combats au Nord de la Syrie, entre les forces démocratiques syriennes et les milices islamistes, qui pourrait menacer l’existence même de l’expérience sociale en cours au Rojava, mais aussi la survie des habitant-es du territoire.

D’un autre côté, la chute du régime d’Assad pourrait être aussi bien être bénéfique pour le Rojava, qui deviendra un acteur acceptable pour l’Occident – qui l’a déjà soutenu face à Daesh – mais aussi pour la Russie. Enfin, les forces kurdes profitent de l’effondrement du pouvoir central pour reprendre des territoires abandonnés par l’armée syrienne. Le Rojava sera-t-il frappé à mort par la Turquie et la menace intégriste, ou pourra-t-il tirer profit de la situation ? Il est encore impossible de le dire.

Du reste, à Alep, le quartier Kurde reste en négociation avec HTS pour que les Forces démocratiques syriennes puissent s’y maintenir, tandis qu’une partie de ses habitant-es ont dû fuir. Les rebelles islamistes ont proposé aux forces Kurdes «de quitter Alep avec armes vers le nord-est syrien de façon sécurisée» et a affirmé «que les kurdes de Syrie sont une composante indissociable du peuple syrien, vous êtes des nôtres». Une épuration ethnique était à craindre, elle n’a pas eu lieu.

Interrogé le soir du 5 décembre, le chef historique du PYD a dit être prêt à dialoguer avec HTS. C’est un revirement : jusqu’ici les Kurdes ne coopéraient pas directement avec les rebelles anti-Assad. Cette proposition montre les fractures qui existent au sein même de la coalition anti-régime et les évolutions côté Rojava.

Une seule chose est certaine, la page sanglante Al Assad sera peut être bientôt tournée, ce qui n’augure en rien ni la démilitarisation de la Syrie, ni l’instauration d’une Syrie populaire, multiconfessionnelle et démocratique. Pour cela, il faudra la survie du Rojava et qu’un nouveau processus révolutionnaire puisse fleurir sur les ruines et les larmes.


Pour aller plus loin sur les enjeux en Syrie et au Proche Orient, vous pouvez lire ce média camarade en plusieurs langues.

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2 réflexions au sujet de « Que se passe-t-il en Syrie ? »

  1. Très bon résumé et vulgarisation pour comprendre la situation d’un pdv objectif. Merci de votre travail!

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