La France n’a officiellement plus de gouvernement, Macron prononce un discours de forcené et le grand jeu des chaises musicales et des négociations secrètes pour savoir qui héritera du pouvoir est en cours. La situation évolue d’heure en heure. Les éléments à retenir sur le grand cirque de la politique française :
Une solution : l’auto-dissolution
Et si, pour une fois, un macroniste avait une bonne idée ? L’auto-dissolution : c’est la proposition du député Stéphane Vojetta, élu de la circonscription englobant l’Espagne, le Portugal, Andorre et Monaco. Ce serait selon lui une «option de déblocage». Voilà son idée : «Les 577 députés, nous pouvons décider de démissionner».
Techniquement, si tous les députés abandonnaient leurs postes, cela provoquerait 577 élections anticipées dans chaque circonscription, ce qui contournerait l’impossibilité pour Macron de re-dissoudre l’Assemblée avant le mois de juillet prochain. L’hypothèse reste hautement improbable : les députés auront bien du mal à lâcher leurs privilèges exorbitants, sans aucune garantie d’être réélus. Vojetta n’a qu’une demie-bonne idée en envisageant d’autres élections.
En réalité, si l’Assemblée, le Sénat et même le président pouvaient tous s’auto-dissoudre une bonne fois pour toutes et nous foutre la paix, ce serait un immense soulagement et un cadeau formidable.
Macron en roue libre
Dans un discours illuminé, complètement hors des réalités, Macron a prononcé un discours regardé par 17 millions de français jeudi soir, alors qu’il venait de rentrer d’un petit séjour en Arabie Saoudite, chez un de ses copains dictateurs.
Le président a exclu de démissionner et a annoncé qu’il allait nommer un «nouveau premier ministre ces prochains jours». On se demande comment, car l’été dernier il avait mis deux mois à dénicher Michel Barnier, qu’il avait sorti du formol après avoir galéré tout l’été pour trouver un candidat acceptable. Tout ça pour tenir trois mois avant une motion de censure. Macron risque d’user beaucoup d’autres Barnier avant la fin de son mandat.
Autre déclaration lunaire, Macron a estimé qu’en votant la motion de censure, «l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies dans un front antirépublicain». Jadis, le front républicain allait de la gauche radicale au centre droit, pour faire barrage à l’extrême droite. Désormais, le fameux «arc républicain» selon Macron, c’est lui et ses rares alliés. Tout le reste est à présent exclu de la «République». Il ne reste pas grand monde.
Le président fait semblant d’oublier qu’il gouverne de facto avec le RN depuis 2 ans, qu’il a fait alliance avec lui ces derniers mois, qu’il applique son programme, et que sa garde rapprochée multiplie les dîners secrets et les accords avec Marine Le Pen.
Crotte de nez
Même battu dans les urnes, même stoppé par une motion de censure, la machine à détruire les droits sociaux ne s’arrête jamais. «In extremis, le gouvernement donne son feu vert à la réforme de l’assurance chômage» titre le journal Le Parisien.
À quelques heures de la censure, le camp macroniste a annoncé qu’il validerait cette loi qui va réduire et durcir les règles d’indemnisation des chômeurs à partir du 1er janvier. Cette réforme est une attaque gravissime contre les droits des travailleur-ses : tous les salariés, en produisant de la richesse, cotisent pour pouvoir toucher du chômage s’ils perdent leur emploi. En réduisant la durée d’indemnisation, les macronistes volent purement et simplement du temps et de la richesse aux travailleur-ses, sans contrepartie.
Ce qui est tout aussi scandaleux, c’est de valider cette loi dénoncée par les syndicats alors que le gouvernement est démissionnaire. L’homologation juridique d’une loi est obligatoire. Avec la censure, elle aurait dû être abandonnée. Mais le pouvoir s’acharne à la faire passer, une ultime crotte de nez contre les pauvres.
On se souvient que, le 16 juillet, Gérald Darmanin avait signé discrètement, malgré la défaite électorale de son camp et la démission théorique du gouvernement, plusieurs décrets d’application de la loi immigration. Des mesures racistes inspirées du programme du Front National. Le 31 juillet, au cœur de l’été et alors que tous les regards étaient rivés vers les Jeux Olympiques, le gouvernement décide de licencier d’un seul coup 500 professionnels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ils ne s’arrêtent jamais.
Trahison socialiste
«Trahir» et «Parti Socialiste» pourraient être synonymes dans le dictionnaire. Après le quinquennat cauchemardesque d’Hollande, qui a provoqué l’extrême droitisation de tout l’échiquier politique que nous connaissons, le PS d’Olivier Faure s’apprête à se vendre à Macron.
Le chef du PS a été reçu à l’Élysée ce vendredi et a annoncé que le Parti Socialiste était prêt à négocier avec les macronistes et Les Républicains (LR) en faisant des «concessions réciproques» en vue de la formation d’un nouveau gouvernement qui aurait un «contrat à durée déterminée». Faure a reconnu qu’il discutait déjà avec «des membres du bloc central» par le passé. «Il faut bien qu’on trouve une solution parce qu’on ne peut pas mettre le pays à l’arrêt pendant des mois». Entre un pays à l’arrêt et une avalanche continue d’attaques anti-sociales et liberticides, il vaut pourtant mieux un arrêt.
Raphaël Glusckmann, à la tête de son groupuscule lié au PS, a déclaré ce vendredi matin à la radio qu’il veut lui aussi «participer à l’élaboration d’[un] contrat, soit de non-censure, soit de gouvernement». On l’a compris, les socialistes veulent monter à bord du navire macroniste, même s’il est en train de sombrer. Dommage que les socialistes aient été sauvés à deux reprises par l’alliance de la NUPES et du Nouveau Front Populaire, qui leur avaient gentiment évité de disparaître pour de bon.
Retailleau en pleine croisade
Bruno Retailleau est tellement présent dans les médias qu’on oublierait presque que son parti ne pèse que 5% des voix aux élections, et que tout le monde le déteste.
Le Ministre de l’Intérieur démissionnaire veut un nouveau gouvernement toujours plus à droite, et rêve déjà de s’installer à Matignon. «La droite ne pourra faire aucun compromis avec la gauche» insiste-t-il.
Pour lui, il est même impensable de travailler avec le PS, «cette partie de la gauche qui a pactisé avec les “insoumis”, refusé de dénoncer les folles dérives des mélenchonistes». Il préférerait une alliance avec le RN.
Au sein du parti d’extrême droite, les cadres du RN avaient déjà déclaré : «Quand on l’écoute, on a l’impression que c’est l’un de nos porte-parole», ou encore «il parle comme nous». Un proche de Marine Le Pen s’était même félicité que Retailleau permette de «changer de culture, de radicaliser tout le monde. Il est plus conservateur que nous !»
François Bayrou ou Bernard Cazeneuve ?
Les plus de 30 ans se rappellent que François Bayrou était une star des Guignols de l’Info : sa grosse tête, une caricature aux grandes oreilles et à la voix de benêt, ridiculisait régulièrement l’homme politique devant toute la France. Maintenant que cette émission satirique a été supprimée par Bolloré, Bayrou est présenté comme un candidat sérieux à Matignon.
Proche de Macron, il a été son éphémère ministre de la justice, et avait annoncé une «grande» réforme de «moralisation»… avant d’être visé par une information judiciaire pour abus de confiance, recel d’abus de confiance et escroqueries concernant des soupçons d’emplois fictifs. Il avait dû démissionner, tout en restant conseiller du président.
Mais depuis deux jours, son nom est mis en avant dans les médias. Le « socialiste » Bernard Cazeneuve a rencontré François Bayrou jeudi matin pour discuter d’un éventuel accord. L’été dernier, Bayrou, déclarait déjà que son copain Cazeneuve était «expérimenté et qu’il a un crédit dans l’opinion» pour être au gouvernement. Bayrou ou Cazeneuve, ce serait du Michel Barnier bis. On voit mal ce qui pourrait empêcher une nouvelle motion de censure.
Enfin, en septembre, François Bayrou, déclarait sur BFM à propos de la dissolution : «Le but de cette élection n’était pas de désigner un vainqueur mais d’écarter des gens dont on ne voulait pas».
On pensait naïvement qu’une élection servait à élire, et que les perdants devaient s’y conformer. Mais le macronisme réinvente les règles.
Le « centriste » et « démocrate » Bayrou avait au moins le mérite d’énoncer les choses clairement : l’extrême centre n’a qu’un objectif, garder le pouvoir coute que coute et liquider la gauche.
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3 réflexions au sujet de « Le point sur la situation politique »
Selon wikipedia, Stéphane Vojetta est banquier d’affaires et chef d’entreprise français (dans le domaine du conseil, de l’investissement, et de l’accompagnement de projets entrepreneuriaux – où il a joué le rôle de « business angel »). Avec un CV en or comme ça, il est curieux qu’il ait ressenti le besoin de faire de la politique.
Il a commencé en 2016 aux côtés d’Alain Juppé (l’ex « meilleur d’entre nous »). Seulement 5 années plus tard (en 2021), il est devenu député LREM en tant que suppléant de Samantha Cazebonne quand elle est devenue sénatrice. Il a tellement plu à son parti qu’en 2022 on a choisi de le désinvestir et de parachuter Manuel Valls à sa place.
Il a maintenu sa candidature et a été élu au second tour mais s’est retrouvé exclu du parti Macroniste. Son livre « Remontada : Carnet de route d’un dissident » raconte sa lutte. Il faut dire que Vojetta n’a rien à envier à Mao Zedong et sa longue marche! C’est un farouche opposant de LFI et ‘leurs outrances permanentes, leur volonté de légaliser l’apologie du terrorisme, etc etc’
https://x.com/StephaneVojetta/status/1864581787508191551
Bof, ça fait bien longtemps que le ps n’est plus de gauche. La trahison était inéluctable, surtout avec le gros hollande de retour en politique (même la cruche Royale a proposé ses services).
Le problème, c’est que le peuple de gauche, celui qui a rappelé sa présence au gamin de 10 ans de l’Élysée en juillet dernier, aura du mal a accepter cette -nouvelle- trahison, et aura du mal a accepter de voter pour un socialiste à la prochaine élection.
Le tapis rouge est déroulé pour l’arrivée de la peste brune à l’Élysée.
Qu’il soit de gauche, de droite ou d’extrême droite, finissions en avec le narratif que la bourgeoisie utilise à travers ses organisations politiques et médiatiques pour sauver ses intérêts en nous divisant et en nous écrasant. Nous (les gueux et les ignares), nous devons agir dans la rue comme nous l’avons toujours fait.
Vive l’union et vivement la Syngiletjaunas.