Ce n’est pas une parodie ni un discours généré par Intelligence Artificielle. Gabriel Attal a bien déclaré le 8 décembre 2024 : «nous serons le parti du travail, le parti des travailleurs».
Jusqu’ici, le «parti des travailleurs», c’était le slogan de campagne de Lutte Ouvrière, le parti trotskyste et anticapitaliste. Pas vraiment le mot d’ordre du macronisme néolibéral et autoritaire, qui a méthodiquement pillé les biens communs pour donner l’argent aux plus riches. Mais avec les macronistes, on n’est plus surpris de rien.
Le président avait bien déclaré lors de la campagne présidentielle de 2022 : «Nos vies valent plus que leurs profits», le slogan du Nouveau Parti Anticapitaliste. En 2019, il avait même fustigé un «capitalisme devenu fou» et, quelques années plus tôt, conseillé aux jeunes de «lire Marx». Le macronisme est sans doute le mouvement politique qui aura le plus détruit le sens des mots, le rapport au réel, afin de créer une confusion politique généralisée.
Revenons à la déclaration sidérante de Gabriel Attal. L’éphémère Premier Ministre, âgé de 35 ans, vient d’être élu secrétaire général du parti Renaissance, avec un score soviétique : 94,9 % des voix. Il était le seul candidat en lice. Il faut dire qu’on ne se bouscule pas pour représenter le macronisme, qui n’est plus qu’un navire rouillé en plein naufrage. Le président galère déjà à trouver un chef de gouvernement, autant dire que diriger Renaissance n’est pas un plan de carrière rêvé pour un politicien aux dents longues.
Non seulement la cote de popularité du président s’approche désormais de la fosse des Mariannes, mais le pouvoir a tellement abusé avec ses coups de force répétés qu’il a provoqué la plus grande crise institutionnelle de la Cinquième République.
Le mouvement macroniste lui-même, qui s’est successivement appelé En Marche, puis LREM puis Renaissance – le rebranding est une technique connue du marketing : changez le nom d’un produit pour faire oublier qu’il est dégueulasse – est en chute libre. Il comptait 450.000 sympathisants en 2017, 35.000 à l’été 2023, et ne revendique plus que 8.500 adhérents fin 2024.
Gabriel Attal donc, a été désigné secrétaire général par 350 cadres d’un parti décrépi. Et lors de son discours de victoire, il a ainsi déclaré en réussissant à ne pas exploser de rire : «Nous serons le parti du travail, le parti des travailleurs».
Jamais un parti n’avait pourtant autant attaqué les droits des travailleur-ses. L’exemple le plus marquant reste la réforme des retraites, imposée par 49.3 malgré le plus grand mouvement social depuis Mai 68. À l’époque, 9 travailleur-ses sur 10 étaient contre ce recul de l’âge de la retraite.
Mais le plus fou, c’est que Gabriel Attal n’a, lui-même, jamais travaillé de sa vie. Il était héritier millionnaire avant même d’être trentenaire. Attal est fils d’un producteur de cinéma parisien, il a été élève dans une école privée élitiste, l’école Alsacienne, puis il a fait un tour à Science Po avant d’entrer en politique, où il a été propulsé dans les hauts postes de pouvoir par les macronistes. Toute sa vie, il n’a connu que les palais de l’élite parisienne. Toute sa vie est contenue dans quelques arrondissements privilégiés de la capitale. Gabriel Attal est millionnaire depuis l’âge de 25 ans. Pourtant, il affirmait dans la presse il y a quelques mois encore que le «modèle social» français est trop «coûteux» et qu’il fallait donc réduire les allocations chômage.
«Nous croyons que l’émancipation passe par le travail, pas par les allocations en plus, pas par les impôts en plus» s’était aussi exclamé Attal le 3 juin lors d’un meeting de campagne suite à la dissolution de l’Assemblée. «L’émancipation par le travail», c’est mot pour mot la traduction de la devise nazie «Arbeit macht Frei», qui était affichée à l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz. Soit Gabriel Attal est profondément inculte, soit il est profondément pervers.
En 2023, alors que des casserolades perturbaient les déplacements de ministres pour dénoncer la réforme des retraites, Gabriel Attal déclarait «Ceux qui ont le temps d’aller accueillir des ministres, a priori ce ne sont quand même pas les Français qui travaillent, qui ont des difficultés au quotidien pour boucler leurs fins de mois». Autrement dit, les français ont le droit de travailler et de se taire, ceux qui contestent sont forcément des feignasses.
Ce jeune politicien est décidément très préoccupé par le travail. Celui des autres, évidemment.
Pour des lectures saines sur le travail, plongez-vous plutôt dans les textes de Paul Lafargue !
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Une réflexion au sujet de « Il a osé le dire : le parti macroniste Renaissance sera « le parti des travailleurs » »
Gabby nous fait sa puberté politique , il se cherche un avenir, il teste les limites des votants, son corps éléctoral change … ça n’est pas sale !
Mais bon , va peut ètre falloir un peu ralentir sur la drogue quand même.