
Ce jeudi 16 janvier, l’Assemblée Nationale votait une motion de censure déposée contre le gouvernement Bayrou, deux jours après son discours de politique générale. Le nouveau gouvernement nommé pendant les fêtes est illégitime, puisqu’il n’est pas conforme aux résultats des élections, il bat tous les records d’impopularité et il va proposer un plan d’austérité majeur qui va faire souffrir des millions de français. Pourtant, il vient de gagner un sursis grâce aux socialistes et aux Lepénistes.
Ce jeudi, seuls 131 députés ont voté pour la motion de censure. Moins que la majorité requise de 288 voix qui aurait fait tomber le gouvernement. D’un point de vue mathématique, cela n’a pas de sens : il n’y a aucune bonne raison de ne pas censurer Bayrou après avoir censuré Barnier le 4 décembre. Les deux hommes sont sur la même ligne politique, avec quasiment les mêmes ministres, et ont les mêmes objectifs.
Pourtant, seuls les députés insoumis, les écologistes et les communistes ont respecté l’engagement du Nouveau Front Populaire, arrivé en tête en juin dernier. À savoir une politique de rupture avec le macronisme.
Sans surprise, le RN n’a pas voté la censure. L’extrême droite gouverne de facto avec Macron depuis des mois. C’est elle qui valide ou non les ministres, ce sont ses idées qui sont portées au pouvoir, Bayrou et Macron multiplient les clins d’œil à Marine Le Pen depuis des années… On trouve plusieurs personnalités d’extrême droite aux postes clés : Retailleau à l’Intérieur, Darmanin à la Justice et Manuel Valls aux Outre-Mers. Le RN est la roue de secours du régime, cela n’étonne plus personne.
De même, seuls 8 députés socialistes sur 66 ont voté la motion de censure. «Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire» ose Olivier Faure en trahissant ses engagements. Quel est le pire selon lui ? Il a ajouté «Nous n’avons pas la négociation honteuse». Au PS, « négociation » est l’autre nom de la trahison. Il n’y a rien à négocier avec le gouvernement. Et les mises en scènes ridicules autour de la réforme des retraites ne sont destinées qu’à gagner du temps puis passer en force, comme Macron l’a toujours fait sur tous les sujets.
En décembre, la nomination de Bayrou avait eu lieu avec la bénédiction du PS. Le parti d’Olivier Faure s’était engagé dans les négociations, proposant l’idée d’un «accord de non-censure». La deuxième force du Nouveau Front Populaire acte aujourd’hui sa volonté de s’entendre avec le gouvernement Bayrou à la veille d’un plan d’austérité majeur.
De plus, le PS offre un sursis à Retailleau, Darmanin et les autres, en violation de ses engagements. La NUPES puis le NFP ont offert des postes de députés et redonné de la force à ce parti qui, rappelons-le, était quasiment mort après 5 années terribles de présidence Hollande. Cela a été une faute politique majeure. Nous étions alors des millions à dire «plus jamais PS». Aujourd’hui, son pouvoir de nuisance est de retour.
La stratégie des socialistes est simple : se repositionner au «centre» et se présenter comme l’opposition «modérée» et «responsable» avec l’aide des médias, pour récupérer une partie de l’héritage de Macron lors des prochaines élections. Le président étant carbonisé, son électorat sera convoité à droite comme au centre-gauche. Ce 16 janvier, le PS fracture donc le Nouveau Front populaire à qui il doit tout, et acte qu’il n’y aura pas de candidat commun de la gauche à la présidentielle : le PS présentera le sien.
Une autre motion de censure sera sans doute déposée au moment de l’examen du budget dans quinze jour. Ce plan prévoit 50 milliards d’euros de coupes. Le jeu de dupes ne pourra pas continuer longtemps.
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