C’est à la fois un crachat au visage des victimes d’agressions sexistes et un crachat sur les victimes d’actes antisémites. Un super combo de l’animateur multimillionnaire Arthur.

Suite à la diffusion des images scandaleusement sexistes tirées de son émission «À prendre ou à laisser», la justice a ouvert une enquête pour «injures publiques aggravées par un motif discriminatoire en lien avec la religion». Dénoncer les gestes inacceptables d’Arthur, diffusés à la télévision dans les années 2000, serait ainsi devenu antisémite.
Retour en arrière. En décembre, le média féministe «L’Effrontée» mettait en ligne un montage d’extraits de l’ancienne émission d’Arthur. Quatre minutes d’archives où l’on découvrait l’animateur tenir des propos et avoir des gestes honteux dans un sentiment d’impunité totale : baiser sur la bouche forcé, robes soulevées, attouchements, humiliations et commentaires déplacés sur le physique des candidates…
Certains de ces gestes sont pénalement répréhensibles. Profitant de son ascendant sur des femmes stressées et sidérées sur un plateau où il est le maitre, Arthur avait par exemple fait semblant de fouetter les fesses d’une candidate en déclarant «plus tu résistes, plus je te dompterai» avant de lui embrasser le cou en répétant : «j’ai toujours aimé un peu les femmes qui me résistaient».
Il faut préciser que ce montage n’est issu que d’une poignée d’émissions prises au hasard, et que les centaines d’heures diffusées à l’époque n’ont pas été épluchées. Elles regorgent sans aucun doute de très nombreuses autres séquences du même type, qui passaient à l’époque dans des millions de foyers.
Pourtant issue de vidéos publiques et consultables en ligne, Arthur avait mobilisé son équipe pour faire censurer la vidéo de tous les réseaux sociaux. Résultat : de nombreux comptes avaient vu leur post supprimé, et certains ont même été bloqués. La raison invoquée pour ces suppressions : le non-respect du droit d’auteur !
Arthur n’a visiblement pas entendu parler de l’effet Streisand : en réponse, de nombreuses pages et médias indépendants, notamment Contre Attaque, avaient diffusé la vidéo et invité tout le monde à la télécharger. Les images avaient été vues des millions de fois.
Suite à cet échec lamentable, Arthur s’est défendu en affirmant que ses gestes étaient «d’une autre époque». Alors pourquoi vouloir faire disparaître aujourd’hui ces vidéos si tout était normal hier selon lui ?
Puis Arthur a opté pour une stratégie encore plus indécente : l’animateur revient à la charge avec des poursuites pour… Antisémitisme !
Selon son avocate, l’animateur se sentirait visé par une «campagne de cyberharcèlement calomnieux», et il exige du réseau X et du groupe Meta de lui fournir des données permettant d’identifier les détenteurs de comptes litigieux pour les poursuivre !
Dans un monde normal, la justice lui aurait ri au nez et aurait classé l’affaire immédiatement. Des magistrats intègres auraient même dû poursuivre Arthur pour plainte abusive et lancer un appel à témoins envers toutes les femmes qui sont passées sur son plateau pour recueillir d’éventuels témoignages.
Ce n’est évidemment pas le cas : une procédure est bien ouverte, mais contre les comptes qui ont diffusé la vidéo pour une prétendue «discrimination en lien avec la religion» ! Il faut donc s’attendre à une enquête et d’éventuelles poursuites.
C’est un dévoiement total et absolu de l’antisémitisme. Un de plus. En octobre 2023, on se souvient que Cyril Hanouna, qui invite régulièrement des néo-nazis sur son plateau, avait osé déclarer que boycotter son émission poubelle était «antisémite». Bientôt une obligation de regarder «Touche pas à mon poste» ?
En mai 2019, Patrick Balkany, ancien maire de Levallois-Perret, poursuivi pour blanchiment de fraude fiscale avait utilisé durant l’audience l’histoire de son père survivant d’Auschwitz, estimant que les accusations le visant masquaient «un antisémitisme profond».
Depuis un an, les défenseurs d’Israël ont qualifié «d’antisémites» et «d’anti-républicains» à peu près tout le monde : la France Insoumise, les Verts – pourtant très timorés sur la question palestinienne –, le Pape – puisqu’il a appelé au cessez-le-feu à Gaza –, l’ONU – organisation internationale fondée après la deuxième guerre mondiale pour tenter d’éviter de nouvelles guerres et génocides –, les organisations humanitaires, Dominique de Villepin…
Que la mauvaise foi soit généralisée et que l’antisémitisme soit utilisé pour discréditer certaines opinions est désormais un fait connu. Ce qui est beaucoup plus grave, c’est que la justice se prête à ce petit jeu et valide ainsi un narratif mensonger. Elle est beaucoup plus timorée sur d’autres affaires.
On se souvient qu’en novembre 2023, un retraité avait tenté d’égorger un jardinier franco-algérien dans le Val-de-Marne en hurlant «sale bougnoule». Malgré une vidéo prouvant les faits, la justice n’avait pas retenu le motif raciste de l’attaque. Le 10 décembre dernier, Libération révélait qu’un groupe de policiers parisiens avaient tabassé trois hommes maghrébins, un homme péruvien et une femme noire en quelques mois. La justice avait aussi écarté le mobile raciste, pourtant évident. Le 26 décembre 2022, à Évry, un homme de 61 ans connu pour ses propos xénophobes avait tiré sur une jeune fille de 13 ans qui rentrait chez elle, dans son immeuble. Le procureur chargé de l’affaire n’avait pas retenu de motif raciste. On pourrait multiplier ce type d’exemples.
Deux poids deux mesures, encore et toujours.
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