USA : Après avoir reçu Netanyahou, Trump impose des sanctions au procureur de la Cour Pénale Internationale


Nous assistons à la brutalisation généralisée du monde et au dynamitage de toutes les règles du droit international par l’Occident.


En haut : Trump en compagnie d'un Netanyahou souriant.
En bas : Karim Khan, le procureur de la CPI visé par des sanctions.

Le 13 février, les USA ont pris une décision hallucinante : à la manière d’une mafia qui menacerait un magistrat gênant, Donald Trump a lancé une salve de sanctions contre Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale. Une semaine plus tôt, le président des USA signait un décret contre cette instance chargée d’enquêter et de juger les crimes contre l’humanité.

Dans ce texte, le dirigeant de la première puissance mondiale accusait la Cour Pénale Internationale d’avoir «engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et [son] proche allié Israël». En conséquence, «le personnel de la CPI et leur famille, ainsi que quiconque considéré comme ayant contribué à ses travaux d’enquête» est interdit d’entrée sur le territoire des USA. Et le Trésor Public a annoncé le gel de tous leurs avoirs dans le pays. Cette décision est vertigineuse : les USA n’ont jamais émis la moindre sanction contre Israël pour ses actes génocidaires mais frappent les magistrats chargés de faire respecter le droit international.

La Cour Pénale Internationale a condamné ce décret visant «à nuire à son travail judiciaire indépendant et impartial». Mais elle est déjà très affaiblie. Ni les États-Unis ni Israël ne sont membres de la CPI, institution fondée en 2002, qui compte 124 États partenaires. Et même au sein de ces États, la France et l’Allemagne ont annoncé qu’ils ne respecteraient pas le mandat d’arrêt émis contre Netanyahou. Autrement dit, alors que les guerres se multiplient, plus personne ne prend au sérieux le droit international, les dernières apparences volent en éclat.

Karim Khan, de nationalité britannique, avait lancé en mai 2024 des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et son ancien ministre de la défense Yoav Gallant, pour «crimes contre l’humanité», pour «le fait d’affamer délibérément des civils», pour «homicide intentionnel» et «extermination et/ou meurtre». C’était la première fois que des dirigeants d’un pays appartenant à ce que l’Occident appelle le «camp démocratique» et «civilisé» étaient visés par une telle procédure.

À l’époque, le sénateur républicain Lindsey Graham s’inquiétait : «S’ils le font à Israël, nous sommes les prochains».

De son côté, le procureur Karim Khan faisait état des pressions et des menaces, y compris concernant sa vie privée, dont il avait été l’objet afin de le dissuader de poursuivre sa procédure contre Israël. Lors d’une interview avec une journaliste de CNN, Karim Khan a déclaré : «Un dirigeant (américain) élu m’a parlé et a été direct et m’a dit :  »Cette cour (CPI) a été construite et créée uniquement pour l’Afrique et des voyous comme Poutine »». Difficile d’être plus clair.

Les puissances occidentales bénéficient d’un statut d’exception qui les protège des outils dont elles se dotent pour lutter contre les crimes de guerre commis par d’autres. La CPI avait d’ailleurs déjà été sanctionnée par un décret de l’administration Trump en 2020, pour son enquête sur d’éventuels crimes de guerre commis par des responsables militaires et des services de renseignement américains en Afghanistan.

Dès 2024, le gouvernement américain envisageait d’imposer de nouvelles sanctions à la CPI et ses fonctionnaires. Lindsey Graham demandait à l’administration Démocrate, alors encore au pouvoir, «un effort bipartisan pour sanctionner la CPI». Le secrétaire d’État de Joe Biden, Anthony Blinken, avait alors répondu que les Démocrates étaient prêts à travailler à de telles sanctions : «Je me félicite de travailler avec vous là-dessus» avait-il ajouté. Et Israël avait accusé la CPI d’être «antisémite».

La droite et l’extrême droite française n’étaient pas en reste puisque Eric Ciotti et le macroniste Meyer Habib réclamaient que la France «quitte» la Cour Pénale Internationale. Moins d’un an plus tard, cette institution est donc lourdement sanctionnée par les USA.

À l’inverse, malgré ses crimes avérés, Netanyahou peut se rendre tranquillement aux USA sans jamais être inquiété. En juillet dernier, alors qu’il était déjà visé par un mandat d’arrêt international, celui-ci était allé se faire applaudir devant le Congrès des USA. Il avait notamment osé affirmer : «Pratiquement aucun civil» n’a été tué à Gaza par l’armée israélienne». Et cette phrase scandaleuse avait été massivement applaudie par les élus de la première puissance mondiale. Il avait aussi asséné que «les soldats de l’armée israélienne devraient être félicités», et avait été acclamé plus de 50 fois pendant son discours.

Lundi 3 février 2025, il était de nouveau reçu en grande pompe à Washington : il était le premier dirigeant invité par Donald Trump depuis son retour au pouvoir. Un criminel contre l’humanité, invité d’honneur de la première puissance mondiale. C’était lors de cette visite que Trump avait annoncé vouloir vider Gaza de tous ses habitants pour transformer ce territoire en Côte d’Azur.

Il faut bien se rendre compte de la gravité du moment. L’ONU n’a plus aucun pouvoir et est discréditée. L’Occident arme sans aucun complexe un génocide. La justice internationale, qui régulait tant bien que mal les conflits dans le monde, est broyée par la plus grande puissance impériale. Il ne reste quasiment plus d’État occidental à faire encore semblant de respecter les règles les plus élémentaires qui fondaient l’ordre mondial depuis 1945.


Nous entrons dans une nouvelle ère de barbarie.


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Une réflexion au sujet de « USA : Après avoir reçu Netanyahou, Trump impose des sanctions au procureur de la Cour Pénale Internationale »

  1. De Washington à Tel Aviv, d’Istanbul a Moscou, de Paris à Berlin, de Rome à Budapest et partout dans le monde c’est le grand retour du facsisme et de la barbarie nazie. La grande majorité des classes dominantes parasites font basculer le monde dans une sombre ideologie reactionnaire, pendant que d’autres bourgeois se disant de gauche en ont fini avec le progrès pour laisser la place au conservatisme d’un régime capitaliste dont les valeurs sociales et environnementales se réduisent chaque jours en peau de chagrin.

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