Vers une nouvelle dissolution de l’Assemblée cet automne ?


Comment préparer notre camp et éviter de répéter les erreurs de l’été dernier ?


Macron se frotte le nez : il vaut mieux prendre un bon rail de coke avant de dissoudre l'Assemblée.

Le média Étasunien Bloomberg vient de lâcher ce mardi 22 avril une révélation explosive : Emmanuel Macron envisage une nouvelle dissolution de l’Assemblée Nationale, et donc de nouvelles élections, dès cet automne. Le président serait persuadé d’avoir regagné en popularité selon Bloomberg, et aurait «consulté des personnalités de son entourage proche ces dernières semaines au sujet d’un tel scénario». L’Élysée vient de démentir, mais on sait ce que vaut la parole présidentielle…

Revenons un peu en arrière pour se rafraîchir la mémoire et y voir clair. Au début du mois de juin 2024, Macron créait un chaos politique inattendu : juste avant l’été, au soir d’élections européennes qui avaient vu triompher l’extrême droite, il prononçait une dissolution de l’Assemblée Nationale. En urgence, il convoquait ainsi des élections cruciales dans un laps de temps extrêmement court, à la veille des vacances estivales.

Macron avait un objectif : une victoire de l’extrême droite. Absolument toutes les conditions étaient réunies : le RN était plus haut que jamais, renforcé par son score aux Européennes, la gauche divisée et défaite, le camp macroniste détesté, les médias en ordre de bataille pour faire campagne en faveur de l’extrême droite et contre la gauche. Tout était prêt, jamais la situation n’avait été aussi favorable au RN.

Le 14 juin 2024, Le Monde révélait cet échange de Macron avec un «grand patron, familier de l’Élysée» qui lui avait demandé à propos de la dissolution : «Pas trop dures, ces journées ?» Réponse de Macron, amusé : «Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent…»

En juillet, la presse révélait même l’existence de dîners secrets entre des macronistes et le Rassemblement National avant la dissolution et les élections, manifestement pour se préparer ensemble.

L’organisateur de ces rencontres était Thierry Solère, un homme au cœur de la machine macroniste : proche d’Édouard Philippe, il était conseiller politique à l’Élysée. Il a organisé des repas en compagnie de Marine Le Pen, Jordan Bardella et des représentants du camp Macron pendant des semaines. Libération révélait que «la dernière fois que Jordan Bardella a été vu dans la rue où réside Thierry Solère remonte trois jours après la dissolution». Les macronistes et les fascistes préparaient ensemble la transition vers une coalition néofasciste à l’issue des élections.

Pendant les trois semaines de campagne législative, les macronistes avaient cogné de toutes leurs forces contre la gauche, accusée de tous les maux. Le président avait lui-même dénoncé «l’immigrationnisme» du Front Populaire, reprenant ainsi les mots et les idées de l’extrême droite. Et pour être sur de bien clarifier les choses, Macron a fait savoir dans l’entre-deux tour dans la presse qu’il comptait nommer Bardella Premier Ministre, même sans majorité absolue du RN.

Édouard Philippe affirmait par exemple qu’«aucune voix ne doit se porter sur les candidats de la France insoumise» et répétait que la gauche était le vrai danger. Le Monde révélait que Darmanin aurait validé ces élections organisées en plein été : «Les blédards seront partis et ne voteront pas LFI». La manœuvre était claire : le camp présidentiel désirait une coalition allant du RN à Renaissance. Tout était prêt. Et les médias répétaient matin, midi et soir que le RN aurait une large majorité absolue, que les dés étaient jetés.

Contre toute attente, le 7 juillet 2024, la victoire du RN n’a pas eu lieu. C’est finalement l’alliance du Front Populaire qui était arrivée en tête. Une surprise pour Macron et les médias. Et d’un coup, tout s’est arrêté. Il n’était plus question d’urgence, plus question de nommer un Premier Ministre dans la foulée des élections, plus question d’un nouveau gouvernement. Non, Macron appelait à une «trêve olympique», qui a duré presque trois mois. Du jamais vu dans l’histoire de la Cinquième République : un président qui refusait de se soumettre au résultat d’élections qu’il avait lui-même convoquées. Le Nouvel Observateur rapportait même que, durant l’été, Macron avait reçu Nicolas Sarkozy et le milliardaire Bernard Arnault pour les consulter. Ce dernier aurait exigé : «Il faut à tout prix éviter un Premier ministre de gauche !»

En septembre, le président nommait finalement un Premier Ministre de droite radicale : Michel Barnier, avec des ministres issus du macronisme et de la droite. C’était un coup d’État institutionnel. Le Journal du Dimanche expliquait que «Macron et Le Pen ont orchestré en secret la nomination de Michel Barnier». Selon le journal, Le Pen avait validé son nom, estimant qu’il est «respectueux» à l’égard du RN, et Macron avait personnellement «décroché son téléphone et appelé directement Marine Le Pen», pour qu’un «accord soit scellé».

En décembre, Barnier tombait lors d’une motion de censure. Et Macron nommait un gouvernement encore plus à droite ! Bayrou Premier Ministre, désormais englué dans une affaire pédocriminelle gravissime, des ministres racistes comme Retailleau, Darmanin, Valls ou Genevard, qui a réclamé le retrait d’un enfant métis d’un clip gouvernemental. Et un plan d’austérité massif, imposé par 49.3, contre l’écrasante majorité de la population, qui n’a jamais validé un tel programme.

Aujourd’hui, la propagande pro-RN bat toujours son plein. Les instituts de sondage, contrôlés par les mêmes milliardaires que les médias dominants, créditent le RN de 34% d’intentions de vote, et la France Insoumise de 12%. Comme l’an dernier, la classe médiatique est déjà en train d’organiser la victoire de l’extrême droite, de la présenter comme inéluctable.

Dans ce contexte, une éventuelle dissolution pourrait accélérer les choses. Pour l’heure, le média RTL dit avoir interrogé l’Élysée qui «dément totalement ces rumeurs» et aurait répondu : «C’est n’importe quoi». Cela pourrait ressembler à un ballon d’essai : faire fuiter une annonce puis la démentir est un grand classique du gouvernement pour tester l’opinion. D’ailleurs Macron avait suggéré dès 2022 de dissoudre l’Assemblée, avant de reculer, puis d’y aller deux ans plus tard.

Si le scénario se confirmait, ce serait à nouveau le chaos politique, à nouveau une campagne ultra-violente contre la gauche et complaisante pour l’extrême droite, à nouveau de la politique sale et crasseuse.

Pour sortir de ce marasme, notre camp social devrait éviter une erreur majeure : se contenter de faire confiance au verdict des urnes. Après la victoire du Nouveau Front Populaire, il n’y a eu aucune manifestation, aucune grève, aucun mouvement pour construire un rapport de force. Aucune mobilisation pour faire appliquer son programme.

Cette apathie générale dure maintenant depuis 10 mois. C’est elle qui a permis à Macron d’ignorer le résultat des élections et de composer un gouvernement réactionnaire et néolibéral. Pourquoi se priver, si personne ne dit rien ?

Le Front Populaire, le vrai, celui de 1936, avait été accompagné par une grève générale, des occupations d’usine et des blocages, pour imposer au gouvernement élu des mesures sociales. Toutes les avancées ont été obtenues par la lutte, et non par les urnes.


Plus personne ne peut l’ignorer : Macron ne respecte aucune règle, il nous mène vers l’autoritarisme, la guerre et la misère. Si les résultats d’une élection ne lui conviennent pas, il les piétine. En cas de dissolution, c’est par la grève, le blocage et les manifestations de masse qu’il faudra répondre plutôt que de subir et d’attendre, tremblants, un résultat incertain dans l’isoloir.


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