À l’abordage : l’aristocrate nazi Cacqueray sera sur l’île de Bolloré ce week-end


Portrait de Marc de Cacqueray-Valménier, figure de l’extrême droite radicale, et protecteur de l’île de Bolloré.


Un pirate observe le rivage dans sa longue vue : il y voit Marc de Cacqueray-Valménier avec des gants de boxe et un insigne nazi.

L’appel est lancé depuis plusieurs mois : partir à l’abordage de l’île privée de Bolloré, située dans l’archipel des Glénan, au large de Concarneau. Une véritable armada antifasciste, composée de 160 navires est déjà annoncée pour ce week-end. Intitulée «Levons les voiles» et initiée par les Soulèvements de la Terre, cette initiative réjouissante propose d’aller combattre les intérêts du milliardaire fasciste partout où ils se trouvent et s’inscrit dans le cadre d’une grande campagne visant à «désarmer Bolloré». Ce dimanche 25 mai, ce sera peut-être la plus grande manifestation navale de l’histoire qui aura lieu. Un moment à ne pas manquer.

Et, hasard du calendrier, ce 20 mai, le média La Lettre révèle qu’un aristocrate nazi ultra-violent et sa boite de sécurité privée seront sur l’île de Bolloré. Il s’agit de Marc de Cacqueray-Valménier, figure de l’extrême droite radicale, adorateur du nazisme, ancien chef du GUD, qui est employé par le milliardaire pour «protéger» son île. La Lettre explique que Bolloré a choisi de «maintenir en poste» le néo-nazi et ses copains au moment où la flottille tentera d’atteindre l’archipel. Une provocation évidente, mais aussi un objectif stimulant pour atteindre l’île, comme dans une chasse aux Pokémon.

Qui est Marc de Cacqueray-Valménier ?

C’est d’abord un garçon en réinsertion, qui donne envie de croire à la bonté des milliardaires. En cette période de grande précarité pour la jeunesse et de difficulté à trouver un boulot correct, il y a de belles histoires dans le monde du travail.

Marc est fan d’Hitler, il a pratiqué la lutte armée et les sports de combat, il est à la tête d’une milice violente et a été condamné pour des agressions racistes et fascistes. Il a posé avec des symboles SS, des croix gammées, et a le corps couvert de tatouages à la gloire du Troisième Reich. Il a régulièrement des problèmes avec la justice. C’est un CV qui lui permet non seulement d’être protégé par les autorités, mais en plus d’obtenir un job bien payé et reposant offert par l’un des hommes les plus riches de France.

Depuis janvier 2024, le rejeton d’aristocrates est donc chargé du «gardiennage» de l’île bretonne. Il encadre aussi les messes ouvertes au public, organisées depuis cinq ans sur l’île. Des messe où se rendent le milliardaire et ses copains, et ordonnées par le prêtre guillaume Seguin, «conseiller spirituel» de Bolloré, condamné en 2020 par l’église pour violence sexuelle. L’exploiteur propriétaire d’un empire médiatique, le nazi violent et le curé violeur ensemble sur leur île : dans un scénario de film avec des méchants à vaincre, ça paraîtrait caricatural. C’est pourtant la réalité.

Marc Caqueray-Valmenier a commandé un groupe fasciste violent nommé «Zouaves Paris», aujourd’hui dissout. Il commet régulièrement des agressions contre des militant-es de gauche, notamment pendant les Gilets Jaunes, puis a organisé l’attaque d’un bar antifasciste parisien. En 2020 il diffuse une photo de lui, kalachnikov à la main, treillis sur le dos et symbole SS sur son gilet. C’était en Arménie, où le conflit contre l’Azerbaïdjan est vu comme une guerre sainte pour l’extrême droite. Il s’est aussi rendu en Ukraine auprès du bataillon néo-nazi Azov.

Lors du meeting d’Éric Zemmour à Villepinte en 2021, il était en première ligne pour tabasser les militant-es de SOS Racisme. Il est aussi proche d’un autre néo-nazi qui a défrayé la chronique : Loïk le Priol, qui a assassiné le joueur de rugby Federico Aramburú à Paris en 2022. Ce criminel avait créé une marque au nom ridicule de «babtou solide», dont Marc Caqueray-Valmenier avait fait la promotion.

Impliqué dans de nombreux actes de violence, Marc Caqueray-Valmenier a continué ses agressions à Paris en toute impunité. En janvier 2022, alors que le groupe Génération Identitaire avait été dissout, une «marche» néofasciste était organisée par ce même groupuscule à Paris. La Préfecture avait laissé faire. Caqueray, pourtant sous contrôle judiciaire, avait alors tabassé un passant. Condamné à un an ferme, il était relâché en express dès le mois de mars.

La même année, le 14 décembre 2022 à Paris, une bande de plusieurs dizaines de militants d’extrême droite cagoulés était arrêtée en possession de sacs remplis d’armes. Ils s’apprêtaient à aller tabasser, voire tuer, des supporters marocains sur les Champs-Élysées dans le cadre de la coupe du Monde. À leur tête : Marc de Caqueray-Valmeunier, encore lui. Ce dernier avait vite été relâché par la justice, malgré ses nombreuses poursuites et condamnations. En effet, le nazi bénéficiait d’une promesse d’embauche en tant que DRH dans le luxueux XVIème arrondissement de Paris, ce qui justifie sa remise en liberté. Rien que ça. Un job de dirigeant obtenu à la sueur de son front, sans doute.

Le 10 mai 2025, il paradait toujours à Paris dans la marche néo-nazie annuelle regroupant des centaines de militants d’extrême droite venus de toute l’Europe, arborant des symboles glaçants, et marchant derrière des tambours des Jeunesses Hitlériennes. Le tout protégé par la police, alors que la manifestation antifasciste était interdite.

L’équivalent du dixième d’un tel pédigrée du côté anticapitaliste vous enverrait longtemps en prison sous régime anti-terroriste. Des antifascistes ont purgé des mois de cellule pour de vagues soupçons de “violences” contre l’extrême droite, parfois sans même qu’il n’y ait le début d’un procès. Marc Cacqueray-Valmenier peut, malgré ses contrôles judiciaires, multiplier les agressions, manier des armes et même décrocher un boulot en or grâce à ses contacts chez les ultra-riches.

Une famille nazie

Il faut dire qu’il est issu d’une grande famille du fascisme français, puisque son oncle est aumônier pétainiste et traditionaliste tandis que son cousin est un ancien candidat du RN. Dans un article paru récemment, Médiapart décrivait à quel point toute la lignée Cacqueray est imprégnée d’antisémitisme.

Lors d’une perquisition menée le 15 janvier 2024 dans la maison bourgeoise de la famille, située dans la commune privilégiée de Saint-Cloud – où se trouve aussi le château de la famille Le Pen – les policiers découvrent un véritable musée à la gloire de la collaboration et du nazisme.

Ils arrêtaient alors la fille de la famille, sœur de Marc, qui avait tagué des croix gammées et des symboles SS sur le domicile d’un adjoint au maire de Viroflay, dans les Yvelines. Avec son copain, ils avaient roué de coups et gazé leur victime. Un acte qui n’a pas fait les gros titres sur «l’insécurité des élus». Chez les Cacqueray, les policiers découvrent «de nombreux artefacts en lien avec l’idéologie nazie, comportant des références à l’antisémitisme et des ouvrages en lien avec les mouvances catholiques extrémistes».

Lors d’une précédente venue dans la maison de Saint-Cloud, après la tentative d’attaque des supporters marocains du grand frère, ils avaient déjà trouvé dans la chambre de Marc la photo d’un soldat de la Wehrmacht posée dans sa bibliothèque. À côté du cadre, le manifeste « Dictateur et roi » de l’écrivain d’extrême droite et antisémite Charles Maurras, « La Dernière Année de Vichy » de l’historien André Brissaud et, sur son bureau, un livre dédicacé à son nom, « Ordre nouveau 1969-1973, raconté par ses militants ».

Dans la maison du petit ami de l’héritière Cacqueray, à Versailles, les agents ont trouvé des coquetiers portant la devise du IIIe Reich «Ein Volk, ein Reich, ein Führer» – «Un peuple, un empire, un guide». Dans son téléphone, des photos et vidéos qui «font penser que [le jeune homme] entretient une fascination pour le monde nazi». Et dans le téléphone de la petite sœur, une photo d’un tag sur un muret proclame «Heil Hitler», une autre montre trois individus encagoulés faisant un salut nazi. Une dernière comporte la nièce de la jeune fille portant une casquette d’officier SS. Dans une lettre, les enquêteurs trouvent l’annotation «Mort aux J.»

Les parents, Michel et Myriam, qui sont toujours proches du groupe royaliste et antisémite Action Française, conservent les tracts des groupuscules aujourd’hui dissous de leur fiston dans leur chambre à coucher. Fiers de leur descendance. C’est toute cette famille de riches aristocrates, parents, oncles et enfants, qui rêve d’une dictature fasciste.

Cette affaire est loin d’être anecdotique. D’un côté, les médias de Bolloré sont les principaux organes de diffamation de la gauche, et en particulier de la France Insoumise, constamment traitée d’antisémite pour son soutien à la Palestine. De l’autre, le même Bolloré sponsorise littéralement les nazis violents, dévorés par l’antisémitisme, le vrai.

Cnews est devenue la «première chaîne d’information» l’an dernier, et Bolloré reconnaît lui-même qu’il utilise ses médias pour un «combat civilisationnel». C’est lui qui œuvre à une «coalition des droites» allant de LR à Zemmour, pour précipiter un régime d’extrême droite en France. Si par malheur il y arrivait, Marc Caqueray serait-il chef de la police ?

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