Un week-end en France : assassinat raciste et attaque nazie


Un ensauvagement bien réel vient de l’extrême droite. Discours racistes et de plus en plus violents de la classe politique, passages à l’acte nombreux sur tout le territoire, manifestation nazie sous protection policière à Paris, création de milices… Durant le seul week-end de l’ascension, deux actes criminels ont été commis par des fascistes.


Hichem, assassiné par un voisin raciste dans le Var, et la devanture du Prolé, bar militant de la ville d'Alès attaqué par des néo-nazis.

Assassinat raciste dans le Var

Il s’appelait Hichem Miraoui, il était tunisien, âgé de 46 ans et coiffeur de profession. Son entourage le décrit comme un homme doux et apprécié dans sa commune.

Samedi 31 mai, son voisin nommé Christophe B., 53 ans, de nationalité française, a assassiné Hichem par balles. Le crime a eu lieu dans la commune de Puget-sur-Argens, dans le Var, département où le RN a fait 42% des voix dès le premier tour l’été dernier. Dans sa furie meurtrière et raciste, Christophe B., qui s’en est pris à une soirée organisée chez la victime, a aussi tenté de tuer un autre homme de nationalité turque, qui n’est heureusement que blessé par un tir à la main.

L’assassin a diffusé «avant et après son passage à l’acte, deux vidéos sur son compte d’un réseau social, au contenu raciste et haineux» explique la justice. Dans l’une de ses vidéos, il appelle les Français à «se révolter» et à «tirer» sur les étrangers, surtout les maghrébins. Il a également prêté «allégeance au drapeau français». Il a été interpellé par le GIGN après avoir pris la fuite en voiture, où plusieurs armes «de type pistolet automatique, fusil à pompe et arme de poing» ont été retrouvées. Ce raciste maladif, armé jusqu’au dent, était pourtant inconnu de la justice et des services de renseignement, qui préfèrent visiblement enquêter sur les écologistes.

Avant ce passage à l’acte, de nombreux signes avant-coureurs inquiétants ont été constatés. «Le voisin l’insultait souvent, il avait tagué son scooter de ‘sale arabe’» expliquent les proches du défunt. «Quand Hichem cuisinait, le voisin criait ‘ça pue la bouffe d’arabe !» La cousine d’Hichem rapporte aussi à la presse : «Il y a encore quelques jours, il a offert une assiette de couscous à ce fameux voisin, pour tenter de créer du lien, une réconciliation… C’était ça, Hichem». Une riveraine habitante de la petite commune explique : «Je suis une humaniste, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi correct».

Ce meurtre raciste prémédité, revendiqué en vidéo, rappelle tristement celui d’Aboubakar, fidèle musulman poignardé par surprise dans une mosquée en avril dernier dans le Gard. L’avocat d’Hichem souligne : « On est face à une idéologie, une préméditation, on est face à un individu qui n’a probablement pas agi seul, probablement pas agi seulement sous le coup d’une impulsion, qui agit avec une idéologie profonde ».

Attaque nazie à Alès

Le 30 mai à Alès, dans le Gard, une descente néo-nazie a visé un bar engagé de la ville, et aurait pu finir dramatiquement. Un groupuscule d’extrême droite nommé «Bloc Montpelliérain» a attaqué le bar «Le Prolé», fréquenté par des membres du Parti Communiste. Il était environ 22h30 quand un commando d’une douzaine de fascistes cagoulés et munis de gazeuses a lancé l’assaut.

«J’ai vu une dame âgée se faire étrangler et gazée à bout portant» explique une personne présente sur place. Les néo-nazis ont gazé et frappé sans distinction, blessant une vingtaine de clients. Un militant cheminot PCF, tabassé, a été hospitalisé en urgence.

Une militante communiste, présente lors de l’agression, a reconnu des membres du Bloc Montpelliérain, précisant que trois de ces nervis étaient déjà venus trois jours plus tôt pour placarder des autocollants de leur groupuscule sur le bar, afin de provoquer les clients. Cette attaque aurait pu avoir des conséquences irréparables, et elle rappelle la descente nazie contre une projection militante dans le local d’un organisation internationaliste à Paris en février dernier. À l’époque, les miliciens avaient attaqué la soirée à coups de poignard, et un syndicaliste avait frôlé la mort.

La suite d’une série de crimes et de violences fascistes

Au début du mois de mai à Nantes, la librairie queer Les Vagues, situées en plein centre-ville, a deux pas de la Préfecture, était dévastée par ce qui est de toute évidence une attaque LGBTphobe. Cette dégradation faisait suite à plusieurs actions fasciste dans la ville : des tags d’extrême droite sur les locaux de l’association d’aide aux exilés La CIMADE, mais aussi l’attaque d’un bar du centre-ville soupçonné d’accueillir une clientèle de gauche.

À Lorient, le lieu alternatif Le Concept, un bar qui accueille également des débats et des spectacles, est régulièrement pris pour cible. La dernière attaque a eu lieu dans la nuit du 26 au 27 mars. Les gérantes ont découvert leur façade recouverte de croix celtiques. En octobre 2024, quatre militants nationalistes avaient tenté d’agresser une rencontre du comité local des Soulèvements de la Terre.

À Bordeaux, le 24 mars dernier, un journalistes était frappé par des militants d’extrême droite en pleine rue. Samuel Clauzier, membre de la rédaction du média Rue 89, rentrait chez lui lorsque 5 individus l’ont interpellé en lui demandant s’il était «antifa». Un agresseur lui a donné un coup de poing au visage, lui faisant perdre connaissance. Le journaliste a reconnu un membre du groupuscule identitaire La Bastide Bordelaise.

Le 15 avril 2024, deux jeunes ont été tabassés en fin de soirée devant un pub bordelais pour avoir décollé des stickers appelant à la «remigration». Toujours à Bordeaux, en février, lors de mobilisations étudiantes, un militant des Jeunes Insoumis avait été roué de coups sur le campus.

À Nancy, dans la nuit du 7 au 8 mai, un couple de danseurs a été suivi par une quinzaine d’individus cagoulés jusqu’à leur domicile. Les victimes pensent avoir été ciblées en raison de leur look vestimentaire queer. Le lendemain, des autocollants «Europe, Jeunesse, Révolution» – le slogan du groupe néo-nazi GUD – et Action Française sont retrouvés près de leur appartement. Le 17 mars dernier, un étudiant de Nancy qui décollait des stickers néo-fascistes avait été roué de coups par sept à huit individus munis de gants coqués, qui avaient fouillé son sac et photographié ses papiers.

Partout dans le pays, et dans une indifférence glaçante, l’ensauvagement fasciste est une réalité. L’État, dirigé par la droite radicale et dont les institutions sont rongées par l’extrême droite, ne sera ni un rempart ni un protecteur. L’autodéfense est une nécessité.

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