Macron, c’est le genre de type qui dit aux pauvres qu’ils n’ont qu’à «traverser la rue pour trouver un travail» dans un contexte de crise sociale et économique, mais qui plaint ses ministres en disant que c’est difficile pour eux de retrouver un job.

Mardi 10 juin, le président était invité sur France 2 pour parler d’écologie, et a été interrogé sur le nouveau boulot de Christophe Castaner. Ce dernier, fidèle de Macron, a été ministre de l’Intérieur pendant les Gilets Jaunes et a mené une répression sanguinaire, avant de se recaser dans le secteur privé. Macron a donc été questionné à propos de Castaner : «Qu’est-ce que vous lui dites, il a été un de vos proches, il a même été votre ministre de l’Intérieur […] et il travaille aujourd’hui pour Shein ?»
Plutôt que de répondre sur le fond – Shein, c’est la fast fashion dans ce qu’elle a de pire : hyper consumérisme, pollution maximale, commandes compulsives, usage éphémère, esclavage moderne – Macron s’est fâché tout rouge, accusant l’émission de mettre son ancien ministre «au pilori», estimant que «c’est un peu nul» comme question et qu’il n’aime pas «ces méthodes». Il a même osé affirmer que «pour tous les ministres et parlementaires, c’est très compliqué de retrouver une vie normale pour eux dans leur secteur d’activité». Les pauvres. Après avoir touché des revenus mirobolants, avoir bénéficié de pouvoir, de réseaux et souvent d’avantages à vie, ils seraient en difficulté professionnelle après avoir perdu leur poste ministériel.
Pourtant, le macronisme, c’est le conflit d’intérêt permanent : ses responsables vont du privé au public, de postes de pouvoir au sein de l’appareil d’État à des entreprises capitalistes, mélangeant allègrement les genres. Mc Kinsey, Uber, BlackRock… on ne compte plus les liens entre les membres du gouvernement et des firmes multinationales.
Mais revenons à Christophe Castaner, car l’exemple est particulièrement culotté. Après avoir été ministre, Macron a fait nommer son copain :
- Président du conseil d’administration de la société concessionnaire Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc.
- Président du conseil d’administration de la Société française du tunnel routier du Fréjus, 150.000 € par an.
- Président du conseil de surveillance du grand port maritime de Marseille, payé 154.000 € hors avantages par an. Et tout cela en cumulant désormais un emploi dans le privé, chez Shein, qu’on imagine grassement payé.
Autre exemple : Jean Castex, ancien Premier Ministre. Il a été propulsé à la tête de la RATP après avoir quitté sa fonction, en plus d’être consultant pour l’entreprise privée Idverde. Il touchait ainsi plus de 20.000 € par mois. Ce fonctionnaire formidable sera nommé PDG de la SNCF par Macron cet automne. Pour vous faire une idée de son futur revenu, celui de l’actuel patron de l’entreprise ferroviaire est de 450.000 € par an.
L’ancienne Ministre de la Santé Agnès Buzyn, mise en examen fin 2021 pour «mise en danger de la vie d’autrui» pour sa mauvaise gestion de la pandémie, est maintenant conseillère à la Cour des comptes. Un petit recasage sympa à 9.000 € par mois.
Il y a aussi l’ancien préfet de Paris Didier Lallement, autre matraqueur zélé. En 2022, il a été nommé «secrétaire général de la mer» sur demande gouvernementale. Un poste en or : 9.629,08 € par mois, avec plusieurs indemnités, des exemptions d’impôts et différents privilèges.
Vous en voulez encore ? Jean-Baptiste Djebarri, ancien ministre des transports. En 2022, il n’avait même pas encore quitté le gouvernement qu’il rejoignait le conseil d’administration de la start-up française Hopium, une entreprise de voitures de luxe à hydrogène. La boite a fait faillite, et il est désormais dans le conseil d’administration d’Evera, qui gère des véhicules d’entreprises.
Quand on entend Macron se lamenter sur le sort des membres de sa garde rapprochée, alors qu’il a organisé leur pantouflage dans des postes peinards et surpayés, souvent aux frais du contribuable ou via ses réseaux privés, difficile de rester calme.
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