La mairie PS complice du RN

Après Savenay, Vigneux-de-Bretagne ou encore Saint-Herblain, le Rassemblement National veut cette fois-ci organiser un meeting en plein cœur de la ville de Nantes. Le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen a réussi à louer une salle municipale dans le centre-ville de Nantes, à la médiathèque Jacques Demy. Un bâtiment culturel, l’ironie fait grincer des dents, quand on sait que comme disait le poète Pablo Neruda, «le fascisme est toujours l’ennemi de la culture».
Pire, la salle porte le nom de Jules Vallès : un journaliste élu à la Commune de Paris, qui fut condamné à mort et dû s’exiler à Londres pour ses idées révolutionnaires d’émancipation et de justice sociale. Nul doute que Jules Vallès aurait été de l’autre côté de la barricade face à un parti fondé par des SS. Dans une ville où les résistances antifascistes ont toujours été nombreuses et vigoureuses, la présence des héritiers du pétainisme est une provocation. Une provocation dont la mairie PS se rend complice en fournissant cette salle. À Nantes, il est décidément plus facile pour les fascistes que pour les organisations de gauche d’obtenir des salles municipales. Quand on connait les démarches pénibles et interminables pour organiser le moindre événement dans un lieu de la mairie, on ne peut que s’étonner de la facilité avec laquelle les fascistes obtiennent régulièrement des salles.
Ce meeting, qui aura lieu ce dimanche 9 novembre à 15h, vise à donner la parole à Jean-Claude Hulot, 67 ans, militant et adhérent au RN, fraîchement parachuté de Paris dans l’optique de constituer une liste d’extrême droite pour les prochaines élections municipales à Nantes. Son programme tient en quelques lignes, comme le concédait un article de Ouest-France à la rentrée : « Plus de policiers municipaux armés, plus de vidéosurveillance, plus de fluidité et de voitures en ville, moins de soumission au wokisme, au Voyage à Nantes et à la végétalisation chaotique ». En bref, un programme anti-écologique, répressif et réactionnaire. Ce parti de collabos et de pétainistes veut s’implanter dans l’Ouest où il multiplie les prises de paroles publiques. Au niveau local, l’implantation du RN dans la région est un enjeu majeur : en 2026 auront lieu les élections municipales.
On le sait, le parti de Marine Le Pen veut conquérir les villes, et commence à placer ses pions. Ce n’est pas une nouveauté, et c’est une stratégie assumée par le Rassemblement National. En novembre dernier, le n⁰2 du RN Sébastien Chenu tenait une réunion à Vertou en périphérie nantaise. Le 14 décembre à Orvault, une seconde réunion organisée par le RN avait lieu dans une salle benoîtement prêtée par la mairie écologiste.
À chaque déplacement du RN à proximité de Nantes, des manifestations populaires et des actions colorées ont été organisées contre les rendez-vous et les salles alloués aux fascistes. Des manifestations systématiquement interdites par la préfecture, qui préfère criminaliser l’antifascisme que le fascisme. En février, c’est grâce à une forte mobilisation populaire que la mairie avait été contrainte d’annuler un meeting du RN à Saint-Herblain. Jocelyn Gillet, l’animateur de la réunion d’extrême droite qui était prévue dans sa ville, est d’ailleurs un ancien du PS passé au RN. Il a même été sur la liste de l’actuel maire aux municipales de 2020 !
Derrière ces collaborations des mairies PS et écologistes, un constat alarmant : la plupart de ces partis «de gauche» semble déjà mûre pour l’arrivée au pouvoir du fascisme. Ils sont déjà prêts à travailler avec le RN, à leur donner des lieux et à réprimer en priorité la jeunesse qui manifeste plutôt que les nervis d’extrême droite. Ils ont plus peur de la rue que des héritiers du pétainisme.
Le PS accueille les fascistes à Nantes depuis des années. En 2020, le Rassemblement National organisait une soirée avec sa candidate et un ténor de l’extrême droite à la Maison des Syndicats. Une salle sensée servir aux luttes sociales offerte à celles et ceux qui veulent instaurer un État autoritaire, raciste et anti-social. Une provocation, déjà.
L’auteur fasciste Laurent Obertone était accueilli dans cette même maison des syndicats en octobre 2019. Propagandiste célèbre au sein l’extrême droite radicale, cet auteur d’ouvrages intitulés «La France Orange Mécanique», «Guérilla» et «Le temps des barbares», propage dans ses textes ses obsessions racistes et sécuritaires. Avant lui, la mairie avait déjà mis à disposition des salles municipales pour des soirées d’Alain Soral, du théoricien raciste Renaud Camus, du militant d’extrême droite radicale Yvan Le Gallou, ou encore pour des soirées du FN. À chaque fois, ces soirées sont l’occasion pour l’extrême droite d’avoir une tribune, de se retrouver, voire de commettre des agressions.
Sur les réseaux sociaux, un rassemblement est prévu devant le parvis de la médiathèque Jacques Demy à 13h30 ce dimanche 9 novembre contre la venue du Rassemblement National à Nantes. Faites passer le mot ! Rappelons qu’à Nantes, hier comme aujourd’hui, les nazillons et leurs sbires ne seront jamais les bienvenus, ni tolérés dans notre ville. Vive la résistance populaire et antifasciste.
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