Hooligans fascistes ? Non : police nationale


Sur ces photos, s’agit-il de hooligans d’extrême droite cagoulés qui montrent une banderole de l’équipe adverse ? D’un gang néo-nazi fier de montrer un trophée volé à une bande rivale ? Non, ce sont des policiers armés et payés par le gouvernement.


Une photo de policiers posant cagoulés devant un drapeau français et tenant une banderole de féministes antifascistes renversée tels des hooligans.

Il y a de quoi s’y méprendre. Les commandos d’extrême droite ont en effet pour habitude de voler des banderoles ou signes distinctifs d’un groupe adverse, en particulier lorsqu’ils attaquent des antifascistes, et de les exhiber en les tenant à l’envers. C’est exactement le mode opératoire de ces policiers parisiens.

Des membres de la 11ème Compagnie d’Intervention – 11CI, une unité de police connue pour sa violence, basée dans une caserne du 17ème arrondissement de Paris – ont pris la pose avec une banderole retournée comportant le slogan «antifa féministe». Ce «trophée» avait été arraché lors de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles du 22 novembre dans la capitale.

Ce jour là, la police déployée en grand nombre avait protégé et accompagné le collectif d’extrême droite «Némésis», qui revendique un «féminisme identitaire» consistant à instrumentaliser la cause des femmes pour stigmatiser les étrangers. Les policiers ont aussi accompagné le collectif pro-Israël «Nous vivrons», qui crée des tensions avec le reste des manifestations féministes depuis deux ans.

Lors de cette manifestation, la police a chargé et gazé le cortège féministe antifasciste, et en a profité pour voler, avec une grande violence, sa banderole. C’est ainsi qu’une unité de policiers cagoulés s’est retrouvée à se photographier dans le commissariat, renversant la banderole sous un drapeau français, fiers de leur acte.

Ce n’est pas la première fois que les forces de l’ordre se comportent ainsi. Le 11 février 2023, à Paris déjà, des CRS en nombre incalculable n’avaient pas cessé d’attaquer le cortège de tête d’une manifestation pour les retraites, afin de voler la banderole. Il s’agissait d’une création réalisée par les artistes du collectif Black Lines, actif dans toute la France. Le groupe peint de grandes fresques engagées en noir et blanc et des banderoles pour les manifestations, dénonçant la répression et le capitalisme. La police les prend systématiquement pour cible.

Ce jour-là, la banderole avait été prise par les policiers à grands coups de matraque, et un des hommes qui la tenait avait été placé en garde à vue 48 heures. Contents de leur pillage, les CRS s’étaient pris en photo dans une rue en la tenant en ricanant. Le photographe qui a surpris la compagnie de CRS avec la banderole volée explique que «les flics étaient particulièrement agressifs». La banderole comportant le slogan «Notre révolte ne peut être dissoute». Ironie du sort, elle avait été réalisée il un an plus tôt, pour protester contre la tentative de dissolution de Nantes Révoltée.

Plus généralement, les policiers font du vol et de la destruction de banderoles leur sport favori. C’est un petit défi pour eux d’attaquer avec la plus grande violence possible les banderoles qui font la beauté des cortèges de tête. À Nantes, les policiers avaient même aménagé une salle du commissariat en «musée des manifestations», servant à entreposer des banderoles et autres outils dérobés dans les cortèges.

Quel est le genre de régime qui envoie des hommes armés pour voler des banderoles, c’est-à-dire des moyens d’expression ? Et qui valide et arme de tels commandos néofascistes, considérant les manifestations de gauche comme des bandes rivales à dépouiller ?

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