Un plan d’austérité voté derrière des lignes de policiers surarmés
Jeudi 19 décembre, il fait encore nuit noire à 6h du matin sur l’île de Nantes. L’Hôtel de région est encore éteint, mais il s’apprête à recevoir les conseillers régionaux, afin de débattre et voter le pire plan d’austérité de l’histoire de la région administrative des Pays-de-la-Loire. Christelle Morançais, Présidente de droite extrême de la région, veut imposer 100 millions d’euros de coupes budgétaires dans les secteurs culturels, associatifs, éducatifs et sportifs. Des centaines de structures sont en danger, et tout le tissu régional est menacé.
Une première mobilisation avait eu lieu fin novembre, réunissant 3.000 personnes devant l’Hôtel de région, déjà entièrement bouclé par la police. Cette première date avait réuni du monde, mais s’était cantonnée à une présence symbolique et inoffensive.
Ce 19 décembre était un peu le jour de la dernière chance : le budget s’apprête à être voté, et une fois les coupes validées il sera quasiment impossible de revenir en arrière. Une action plus ambitieuse était donc programmée : le blocage du bâtiment.
À 6h donc, des barricades sont érigées devant l’entrée de l’Hôtel de région, mais aussi sur les ponts qui permettent d’accéder à l’île, afin de paralyser la zone.
Un convoi de tracteurs de paysan-es solidaires est en route, et des appels à renforts circulent. Mais une compagnie de CRS débarque avant 7h du matin, repousse fermement les 200 premières personnes présentes et lève les barrages. Les forces de l’ordre ont tout de même été surprises par un tir d’artifice qui a illuminé la nuit derrière le bâtiment et réchauffé les cœurs déçus par la levée du blocage.
Les «débats» du Conseil Régional auront donc lieu derrière des lignes de policiers surarmés, survolés par un drone et encerclé de manifestant-es.
Au cour de la matinée, près de 2.000 personnes se relaieront devant le bâtiment, un bateau naviguera sur la Loire avec une banderole, les tracteurs amèneront de la joie et des victuailles, le cheval mécanique géant d’une compagnie de spectacle de rue déambulera sur la zone. Un moment convivial et spectaculaire, mais pas de quoi perturber le processus d’austérité à l’intérieur du bâtiment.
Christelle Morançais et ses alliés ont même multiplié les provocations, déclarant : «C’est un budget dont nous sommes fiers», ou que «les subventions, c’est comme les antibiotiques, c’est pas automatique» – un slogan que la droite ferait mieux d’appliquer à elle-même et à ses réseaux réactionnaires, arrosés d’argent public – et répétant que la vraie «violence», ce n’était pas les coupes budgétaires, mais les manifestant-es, pourtant bien calmes, réunis devant l’Hôtel de région. Le RN, en bon laquais de la bourgeoisie, a même tiré son épingle du jeu en «condamnant les manœuvres d’intimidation» et en se présentant comme des «démocrates».
Le blocage n’a pas tenu, faute d’une foule suffisamment nombreuse, défi compliqué pour un petit matin, en semaine, en plein hiver. Cette bataille est donc mal engagée, mais elle doit servir de leçons pour la suite des évènements, qui s’annonce agitée. Il en faudra plus, beaucoup plus pour barrer la route des plans d’austérité annoncés au niveau local comme au niveau national.
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Une réflexion au sujet de « Nantes : retour sur la tentative de blocage de l’Hôtel de région »
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