Légion d’Honneur 2025 : galerie des horreurs

Les portraits des gagnant-es 2025 de la Légion d'Honneur : les militant-es les plus zélé-es de la macronie.

Chaque année au mois de janvier, les autorités distribuent des Légions d’Honneur comme on donne du sucre aux chiens obéissants. Cette décoration remonte à Napoléon, elle sert en principe à honorer les individus ayant rendu des «services éminents à la Nation».

Parmi les décorés des dernières années, des personnalités de grande valeur comme le préfet Didier Lallement, le patron d’Amazon Jeff Bezos, le boss de BlackRock, le présentateur agresseur Arthur, le PDG de Total Patrick Pouyanné… Que des amis du genre humain. En 2025, le macronisme s’est surpassé : la condition pour recevoir sa médaille semble être d’avoir des casseroles. Les voici.

Marlène Schiappa

On ne la présente plus : cette macroniste de choc devrait être couverte de honte plutôt que décorée dans les palais dorés du pouvoir. Entre autre exploits, Marlène Schiappa a siphonné plus de deux millions d’euros du fonds Marianne, et les violences faites aux femmes ont explosé lorsqu’elle était en charge « de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ».

Se présentant tour à tour comme «femme de gauche», «féministe», «laïque» et «inclusive», nommé Ministre en 2017 par Macron, elle a publié dix bouquins depuis. Elle devait être très investie dans son ministère. Des navets érotico-fétichistes comme l’incontournable «Sexe, mensonge et banlieues chaudes». Ses livres ont bénéficié de la promotion de son cabinet, qui envoyait avec l’argent public les ouvrages à la presse.

En 2019, Marlène Schiappa intervient personnellement pour interdire la cagnotte de soutien au boxeur Gilet Jaune Christophe Dettinger, emprisonné pour avoir repoussé des gendarmes à mains nues. Elle va jusqu’à réclamer que les contributeurs soient identifiés et poursuivis.

L’acte le plus grave de son palmarès reste le détournement de fonds. Après l’assassinat de Samuel Paty, Marlène Schiappa lève 2,5 millions d’euros contre le cyber-djihadisme : le «fonds Marianne». Elle attribue plus de 300.000 euros à un de ses amis, Mohamed Sifaoui, proche de Manuel Valls et islamophobe maladif, afin qu’il produise des vidéos sur les réseaux sociaux. Le travail reste inexistant à ce jour. Dans le même temps, Schiappa intervient personnellement pour exclure SOS Racisme du fonds Marianne.

La Ministre a donc utilisé la mort atroce d’un enseignant pour donner de l’argent public à ses potes escrocs et réactionnaires. En avril 2023, quelques jours avant que ce scandale de détournement ne soit révélé, Marlène Schiappa organisait dans le magasine érotique Playboy un shooting aussi laid que ridicule pour faire diversion, et se décrire comme une femme libérée.

En 2022, Marlène Schiappa déclarait : «Moi j’aime beaucoup Cyril Hanouna. Je trouve que c’est quelqu’un qui a beaucoup de talent […] Ça textote, je lui fais mes commentaires». Elle avait même organisé des débats durant la présidentielle avec l’animateur de Bolloré, qui est aujourd’hui la pointe avancée de la fascisation en France. Finalement virée, elle a rejoint une agence de com’ et possède son rond de serviette sur les plateaux de BFM.

Amélie Oudéa-Castera

Elle n’a été ministre de l’éducation que 28 jours, un record. En 2024, cette grande bourgeoise, héritière d’un couple composé du boss de Publicis, une agence de com’ proche du pouvoir, et d’une DRH, Dominique Duhamel, de la même famille que les célèbres animateurs télé Nathalie Saint-Cricq, Patrice Duhamel ou Benjamin Duhamel, bénéficie d’un poste dans le gouvernement Macron.

Elle est nommé «Ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des jeux olympiques». Un ministère qui claque. C’est comme «buraliste-professeur-dentiste-boulanger» : ça n’a aucun sens, on colle plein de sujets extrêmement importants mais méprisés par le gouvernement, on secoue, et ça a fait un super ministère. Et pour couronner le tout, on le file à une copine de Macron qui n’y connaît rien.

Cette dame, mariée à l’ancien patron de la Société Générale, aujourd’hui à la tête de Sanofi, multinationale du business pharmaceutique, a scolarisé ses trois fils à Stanislas, un établissement privé catholique du VIe arrondissement – l’un des coins les plus bourgeois de Paris – connu pour son enseignement ultra-religieux et réactionnaire. Une telle haine de l’école publique et un tel mépris pour les enseignant-es fait désordre quand on dirige le ministère de l’Éducation. Cette polémique cumulée à une série de gros mensonges et à son incompétence flagrante ont provoqué son départ rapide.

Amélie Oudéa-Castéra aura tout de même réalisé une baignade aussi médiatisée que ridicule dans la Seine, à la veille des Jeux Olympiques, pour tenter de faire oublier que Macron avait promis de s’y plonger, ce qu’il n’a jamais fait. Elle n’a plus de responsabilité depuis la dissolution de l’Assemblée, mais elle méritait bien une récompense.

Olivier Dussopt

Tout le monde se souvient du ministre, rouge vif, en train de péter une durite à l’Assemblée, hurlant «personne n’a craqué !» à propos de la réforme des retraites, en plein mouvement social.

C’est cet ancien socialiste, rallié à Macron et nommé Ministre du Travail, qui a porté l’un des plus grands reculs sociaux depuis la Libération, et provoqué l’une des mobilisations sociales la plus massive de l’après-guerre. Le 26 février 2023, en pleine fronde sociale, Le Monde tentait de faire la promotion de ce garçon sans charisme en expliquant qu’«il se lève à 5h15, enchaîne cinquante pompes et autant d’abdominaux avant 6h30, suit un régime protéiné à base de steaks tartares». Il aurait du choisir une carrière d’influenceur fitness, il aurait fait moins de mal et on aurait pu rigoler.

Pendant la réforme des retraites, il remercie Marine Le Pen de l’avoir soutenu à l’Assemblée pendant qu’il se faisait clasher par la gauche.

Longtemps maire d’Annonay, commune située en Ardèche, Olivier Dussopt a entretenu des relations avec la Saur, une entreprise de gestion de l’eau, qui lui avait offert des peintures après avoir emporté un marché dans sa commune. Une forme de corruption douce, des cadeaux que l’élu n’avait pas déclarés. Il avait été contraint de les restituer à l’entreprise, après leur révélation par Mediapart. Dans cette affaire, le verdict en appel est attendu.

Sylvie Goulard

Elle a été ministre des armées pendant seulement un mois et quatre jours, en 2017. Elle fait partie des personnalités du MoDem mises en cause dans l’affaire des assistants parlementaires au Parlement européen, avec François Bayrou. Elle est soupçonnée d’emploi fictif lorsqu’elle était eurodéputée. Sylvie Goulard avait été contrainte de quitter le gouvernement avant de devoir rembourser 45.000 euros au Parlement européen pour cet emploi inexistant, échappant ainsi à un procès.

Malgré ses casseroles, elle avait été choisie par Macron pour siéger à la Commission européenne. Elle avait été recalée par une majorité de députés européens, ce qui est rarissime, mettant la grosse honte au gouvernement français.

Florence Bergeaud-Blackler

«Le drapeau rouge n’est plus. Il est désormais remplacé par le drapeau vert-rouge de l’islamogauchisme, qui est aussi celui brandi de la Palestine. L’internationale c’est l’Oumma de l’islamisme, et ses alliés utiles : ceux qui vont périr ou se convertir». Voilà ce que publiait cette dame le 25 janvier 2025 sur Twitter.

Celle qui bénéficie d’un poste d’anthropologue au CNRS est une militante islamophobe très médiatisée, mais dont les compétences et l’honnêteté sont sérieusement contestées dans le monde universitaire. Florence Bergeaud-Blackler fait pourtant partie de la tournée de médaillés.

En 2015, elle publie un livre sur «Les Sens du Halal» puis un autre intitulé «Le Frérisme et ses réseaux», très critiqué au sein du monde académique. Conglomérat de propos de comptoirs et de délires complotistes, cette autrice dresse le portrait des « alliés objectifs » du frérisme selon elle : militants décoloniaux, écologistes, antiracistes, universitaires… Autant d’ennemis intérieurs islamo-gauchistes.

Autre cible de cette « chercheuse » : George Soros, le milliardaire qu’elle accuse lui aussi d’être complice de l’islamisme. Elle classe dans la catégorie des « fréristes » Booba, les « mouvements indigénistes », la France insoumise, et tout ceux qui ne pensent pas comme elle. Évidemment, Florence Bergeaud-Blackler plait beaucoup aux médias d’extrême droite, où elle est régulièrement invitée.

Le 18 janvier 2024, elle écrit : «Le milieu LFI nourrit l’islamisme et crée une génération radicale antisémite habillée de Jilbab». Quelques jours plus tard, elle répond à une question dans un espace de discussion de Twitter sur le transfert forcé des Palestiniens : «J’ai entendu George Bensoussan proposer cette solution et ses arguments m’ont paru valables». Elle est évidemment viscéralement pro-Israël. Habituée des sorties scandaleuses sur les réseaux, elle avait été rappelée à l’ordre en 2023 par le directeur général du CNRS. Sans effet.

Ce n’est pas tout : elle participe en 2024 à un cycle de conférences organisé par Louis Aliot, maire Rassemblement National de Perpignan, et l’écrivain d’extrême droite Éric Naulleau.

Le 11 janvier 2025, le Conseil Français du Culte Musulman porte plainte conte elle suite aux «déclarations récurrentes et diffamatoires», notamment un tweet : « Le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) est devenu le porte-parole du Hamas». Le CFCM avait eu le tort de parler des victimes à Gaza. Selon la logique de Bergeaud-Blackler, l’ONU, la revue The Lancet, The Guardan et tous ceux qui parlent des morts palestiniens sont donc aussi des antennes du Hamas ».

Et encore d’autres larbins de la macronie

Enfin, on trouve deux autres ministres macronistes parmi les décorés du moment : Clément Beaune et Rima Abu Malak, eux aussi privés de poste depuis la dissolution désastreuse de Macron et la nomination d’un gouvernement toujours plus à l’extrême droite. Ils ont des médailles pour se consoler.

Certes, le casting de la Légion d’honneur est répugnant. Mais il y a pire : Macron n’a même pas retiré sa décoration à Sarkozy qui vient d’être condamné. C’est pourtant la règle : c’est automatique en cas de condamnation et le décret était prêt. Privilège et entre-soi.


Pour l’an prochain, nous vous invitons d’ors et déjà à formuler vos recommandations de personnes méritant de rejoindre le club des décorés de la légion d’honneur :


  • Gérald Darmanin en raison de son implication pour le droit au logement
  • Elon Musk pour son talent au DAB
  • Xavier Dupont de Ligonnès pour ses talents au cache cache
  • Vincent Bolloré pour sa contribution à l’amitié entre les peuples
  • Le patron de Monsanto pour sa contribution à la lutte contre le cancer…

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2 réflexions au sujet de « Légion d’Honneur 2025 : galerie des horreurs »

  1. L’horreur fait légion chez les bourgeois, iels défendent la lutte des classes par le capitalisme et quand celà ne suffit pas, ces parasites poussent le curseur du facsisme jusqu’à franchir la ligne rouge pour éviter que la classe ouvriere s’organise et construise une république socialiste ou la communauté travaillerait pour la communauté. La bourgeoise préfère une république capitaliste ou la classe laborieuse travaille pour des parasites qui lui redistribuent des miettes, de la division, du mensonge et la violence après avoir pillé les richesses qu’elle a produites

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