Retour d’un service militaire «volontaire» pour la jeunesse, augmentation du budget de l’armée et plan d’austérité

Les offensives politiques ont souvent lieu par salves. Ce dimanche 13 juillet 2025, Emmanuel Macron va prononcer son discours aux Armées et annoncer le retour d’un service militaire «sur la base du volontariat» pour la jeunesse. Demain 14 juillet, le traditionnel défilé militaire exposera les dernières nouveautés offertes aux militaires, notamment le véhicule blindé Jaguar de la Légion Étrangère, dont le coût unitaire est de 4,5 millions d’euros. Le 15 juillet, le Premier Ministre annoncera son plan de bataille budgétaire, alliant mesures d’austérité et nouveaux crédits militaires.
Les médias informés par l’Élysée l’annoncent à l’unisson : Macron «prononcera un discours le 13 juillet qui sera très important et qui comportera des annonces majeures». Il parlera ce soir des «efforts de défense», lit-on dans Le Figaro.
Les principales annonces : le projet de rétablissement du service militaire, 30 ans après sa suppression, et un budget toujours plus massif pour les Armées pour répondre aux «menaces». Selon l’Élysée, il faut donner à la jeunesse «l’occasion de servir». Il y a quelques mois, le président parlait du «devoir» et des «sacrifices» que devrait faire la jeunesse. Un horizon particulièrement lugubre.
Ce retour du service militaire serait «sur la base du volontariat»… dans un premier temps. Un service militaire obligatoire pour tous serait sans doute trop coûteux, car il faudrait incorporer des centaines de milliers de jeunes, les loger, leur fournir des armes et des uniformes. Cela paraît difficile dans l’immédiat sur le plan matériel, et pourrait provoquer un mouvement antimilitariste. Néanmoins, ce service «volontaire» va faire office de centre de formation géant pour les néofascistes, qui pourront manier les armes, s’entraîner, et alimenter des milices une fois retournés à la vie civile. Cette annonce est aussi un cran supérieur par rapport au SNU, et présage le pire pour l’avenir.
Le Figaro ne le cache même pas : «Pour préparer les esprits, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a brossé vendredi un sombre tableau des menaces», et «le président estime et il dira qu’on est à un moment de bascules, parce que la liberté n’a sans doute jamais été aussi menacée aujourd’hui que depuis 1945». Il s’agit bien de «préparer les esprits» à la guerre, et d’agiter une «liberté menacée», alors que les principaux destructeurs des libertés en France se trouvent au gouvernement.
Le budget pour l’armée s’annonce toujours plus colossal. Le ministre Sébastien Lecornu veut «un effort nouveau, pas seulement budgétaire, mais aussi intellectuel, moral et industriel» en faveur du militarisme. Le budget défense est passé, entre 2017 et 2025, de 32,2 à 50,5 milliards d’euros par an, et la Loi de programmation militaire française prévoit 413 milliards d’euros supplémentaires jusqu’en 2030. Largement de quoi financer les retraites et les protections sociales, qui sont rognées au nom de l’équilibre budgétaire. Le financement de l’armée atteindra 67,4 milliards en 2030, et le ministre des Armées demande même une augmentation à 100 milliards, ce qui en ferait le ministère le plus coûteux, largement devant celui de l’éducation !
Une phrase prononcée en 2022 résume l’imaginaire des dirigeants français : «Après les élections viendra la mise en œuvre d’une feuille de route radicale et profonde, et là ce sera le tapis de bombes». Cette déclaration de Gilles Le Gendre, poids lourd du camp Macroniste au début du quinquennat, avait le mérite de la clarté : l’économie, c’est la guerre, la guerre, c’est l’économie.
Macron, qui n’a jamais connu de service militaire, s’est toujours rêvé en chef de guerre. Dès son élection en mai 2017, il avait choisi d’être intronisé sur un véhicule militaire, entouré d’une garde prétorienne sur les Champs Élysées, alors que ses prédécesseurs s’étaient contentés de voitures de luxe. Quelques semaines plus tard, le nouveau président convoquait la presse sur une base de l’armée de l’air, déguisé en aviateur. Il avait aussi posé dans le sous-marin nucléaire «le Terrible» en uniforme de la Marine, et enfilé un casque de l’armée à bord d’un hélicoptère de combat lors d’une visite aux soldats déployés au Mali.
En mars 2022, il était photographié à l’Élysée avec un sweat floqué du logo d’un Commando parachutiste. En 2020, il était le seul président à répéter qu’il était en «guerre» contre un virus, utilisant un vocabulaire militaire pour traiter d’une question sanitaire. En 2023, le président est le premier à proposer une «coalition internationale» pour bombarder Gaza avec Israël, avant de se rétracter. Il était aussi le seul en Europe à envisager l’envoi de troupes françaises directement face à la Russie. Pour démarrer l’année 2024, il martelait le mot de «réarmement», entendu dans un sens beaucoup plus large que la question militaire : il devait être «civique» et même «démographique». Les femmes étaient sommées de produire de la chair à canon. L’objectif de la fin de règne est de transformer le pays en caserne.
En 2024, le gouvernement français a acheté 42 avions de guerre supplémentaires, pour la somme de 5 milliards d’euros. Macron vient d’annoncer la «modernisation» de la base aérienne de Luxeuil pour qu’elle puisse «accueillir la prochaine version du Rafale et son missile nucléaire hypersonique». Nos dirigeants, sans légitimité, impopulaires et corrompus, rêvent de guerre pour se maintenir au pouvoir. Macron pourrait même invoquer l’Article 16 ou l’état de siège qui lui offrirait des pouvoirs dictatoriaux.
Quoi de mieux qu’un conflit armé pour mettre tout le monde au pas, imposer des mesures ultra-libérales et créer l’Union sacrée autour du gouvernement ?
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