Retour sur les méfaits de Lafarge
L’entreprise de ciment Lafarge fait encore parler d’elle : une vidéo montre qu’une de ses usines balance dans la Seine, en plein Paris et depuis des années, des tonnes de déchets polluants. Cela fait des décennies de Lafarge commet des méfaits au quatre coins du monde. Retours sur actes d’une multinationale mafieuse :
Pollution de la Seine
«Clairement, c’est volontaire». Un membre de l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique, Jacques Lemoine, a révélé des images tristement banales de l’entreprise de ciment rejetant dans la Seine des tonnes de déchets. Il s’agit d’un mélange de particules de ciment, de tiges de plastique et de liquides de traitement directement rejetés dans le fleuve. La société a pourtant l’obligation de traiter ses déchets. Cette pollution a lieu depuis des années, à deux pas du ministère de l’économie à Bercy, signe du sentiment d’impunité totale de cette grande entreprise.
Un secteur dévastateur
La production de ciment est un des secteurs les plus polluants au monde. À tous les stades de sa production, le béton est responsable de 4 à 8% des émissions mondiales de CO2. Parmi tous les matériaux polluants, seuls le charbon, le pétrole et le gaz sont une source plus importante de gaz à effet de serre. Par ailleurs, l’industrie du béton consomme des quantités gigantesques de sable, ce qui dévaste des baies et des plages autour du monde. La fièvre immobilière artificialise des terres partout.
Lafarge n’en est pas à son coup d’essai en terme de scandale écologique : en 2013, l’agence slovène pour l’Environnement a pointé la «pollution environnementale trop importante» d’une usine de ciment située à 60 kilomètres de Ljubljana. Lafarge a aussi dû verser une grosse amende aux États-Unis pour clore des poursuites engagées après avoir pollué des cours d’eau dans plusieurs États.
Collaboration avec les nazis
Pendant la Seconde Guerre mondiale l’entreprise Lafarge, située en zone libre, choisi de collaborer avec zèle avec l’occupant nazi pour la construction du «mur de l’Atlantique», le système de fortification de la côte érigé par le Troisième Reich pour faire face au débarquement allié. À la Libération, le Comité départemental de libération de l’Ardèche préconise la mise sous séquestre de Lafarge, qui sera effective de septembre 1944 à avril 1947.
Capitalisme mafieux
L’entreprise Lafarge a été condamnée dans plusieurs pays – en Allemagne, en France, en Angleterre ou en Afrique du Sud – pour des participations frauduleuses à des cartels du ciment, c’est-à-dire des ententes illégales entre plusieurs cimentiers pour monter les prix.
Mur de Trump
En 2017, à peine Donald Trump élu aux États-Unis, Lafarge se précipite pour proposer son aide pour construire le mur raciste entre le Mexique et les USA. «Nous sommes prêts à fournir nos matériaux de construction pour tous types de projets d’infrastructures aux États-Unis». À l’époque, la proposition suscite un tollé en France.
Financement de DAESH en Syrie
Depuis 2016, une procédure pour «financement du terrorisme» vise Lafarge. En effet, des membres de l’entreprise en Syrie ont distribué de l’argent à des factions de l’État Islamique et ont passé des accords avec eux. En 2017, les nouveaux propriétaires du groupe Lafarge, devenu après les faits Lafarge-Holcim, ont reconnu les accusations visant l’ancienne direction. Différentes enquêtes ont montré que les services secrets français utilisaient les réseaux de Lafarge en Syrie pour des opérations de renseignement et connaissaient les accords passés sur le terrain.