Le préfet de Paris sponsorise avec l’argent public la défense des tabasseurs de Michel Zecler
Il y a dix jours, une équipe de policiers organisait une expédition raciste extrêmement violente contre un producteur de musique noir, suivi au hasard et tabassé dans son propre studio. Les policiers sont allés jusqu’à jeter une grenade lacrymogène dans l’appartement fermé, risquant de tuer tous ses occupants, avant de braquer leurs armes à feu sur le producteur, puis de le tabasser à nouveau dans la rue. Une agression en bande, une tentative d’homicide raciste. Le tout, intégralement filmé.
Deux jours plus tard, le syndicat d’extrême droite Alliance lançait une «cagnotte» de soutien aux policiers mis en cause. Preuve de l’esprit de corps dans la police : une solidarité totale, y compris en cas d’exactions gravissimes et indéfendables. Preuve aussi qu’il ne s’agissait en aucun cas de «brebis galeuses» ni de «dérapages isolés», mais du fonctionnement «normal» de l’institution policière.
Les agents n’auront même pas besoin de cagnotte ! Le préfet de Paris va financer directement les frais de justice des tabasseurs. En effet, Didier Lallement accorde la «protection fonctionnelle» aux policiers. C’est un aspect peu connu des violences policières, mais révélateur : les rares policiers qui sont poursuivis bénéficient du paiement intégral de leurs frais de justice par l’argent public. Autrement dit, le policier qui mutile aura les meilleurs avocats, payés par vos impôts, pendant que le mutilé devra s’endetter pour mener à bien une procédure longue et coûteuse. Et ça se passe comme ça depuis des années. Selon Libération, l’enveloppe des frais des contentieux du ministère de l’Intérieur a explosé ces dernières années. 20,8 millions d’euros en 2017, 33 millions en 2018, et encore une forte augmentation prévue en 2020 “liée aux nombreuses manifestations”.
Dans le cas de Michel Zecler, il s’agit en plus d’un double discours accablant : le gouvernement a fait semblant de condamner l’agression raciste, mais il organise, en réalité, le financement des policiers agresseurs. Pour rappel, la «protection fonctionnelle» dans la fonction publique signifie «l’expression de la solidarité nationale».
C’est l’esprit de corps qui donne une telle puissance à la police et qui lui permet d’imposer sa loi depuis des années, dans les rues, au parlement et sur les plateaux télés. Un esprit qui fait défaut aux mouvements de résistance : pendant que les forces de l’ordre se couvrent systématiquement, les manifestants se déchirent pour une poubelle brûlée ou un acte monté en épingle par des médias hostiles.