À tout le temps parler d’Éric Zemmour, on en oublierait presque Marine Le Pen, héritière officielle du fascisme à la française. Si elle se fait régulièrement griller la priorité par le candidat pétainiste, les plateaux télé et les commissariats restent ouverts pour qu’elle puisse vomir sa haine et son besoin de sécurité.
Sa sécurité à elle et à la France traditionaliste, pas la nôtre puisqu’elle milite pour une présomption de légitime défense des policiers. Il serait bon de savoir ce qu’elle pense du policier encore en fuite, avec arme de service (et uniforme?) après avoir assassiné sa compagne il y a plusieurs jours.
C’est dans ce contexte que, le 1er février, Marine Le Pen est venue visiter le commissariat de Brest pour présenter son programme sécuritaire. Le choix de Brest n’est pas anodin, l’objectif est aussi de renforcer la stigmatisation du quartier de Pontanezen, quartier populaire brestois traîné dans la boue ces derniers jours. Pour l’extrême droite, la ville serait «emblématique de l’explosion de la délinquance» et même «une enclave de non France». Qu’est-ce qu’une enclave de France ? Un commissariat où l’on tabasse les gardés à vus ? Des néo-nazis qui s’entraînent à la campagne ? Le 16ème arrondissement et son ghetto de privilégiés ? Mystère.
Dans le quartier brestois, chaque habitant serait issu de l’immigration et donc plongé dans le trafic de drogue et l’islamisme : un «territoire perdu de la République» selon les mots martelés encore et encore. La chasse aux faits-divers de la part des médias de préfecture, l’impunité donnée au policiers, la misère sociale dans laquelle sont plongés les quartiers, l’islamophobie qui ne se cache plus : tous les ingrédients sont là, Marine Le Pen n’a plus qu’à réchauffer. Son discours est comme un plat préparé industriel : dégueulasse.
Heureusement, la fille de son père n’est pas seule : l’antifascisme brestois est aussi de sortie, et l’attend dehors pour un petit chahut breton. Il en reste des images ridicules d’une Marine Le Pen protégée par une armée de flics pour parcourir les 30 mètres qui la séparent de son hôtel. À peine arrivée, première bousculade devant la gare. Deuxième bousculade devant l’hôtel de la candidate. Puis Marine Pen se précipite dans un commissariat, sous les huées. Elle est protégée par un très important dispositif de policiers. Elle est repartie piteusement. La Bretagne reste une terre antifasciste.
À Lyon déjà, le RN avait tenté de privatiser un quartier populaire pour une émission de Cnews, et avait rencontré la colère des habitants. Même chose à Brest. L’extrême droite est au service des ultra-riches. Son seul travail, c’est d’écraser les immigrés, les pauvres, les non-blancs, et de réclamer toujours plus de répression.