La Ligue des Droits de l’Homme vient de publier un travail de plusieurs mois : un rapport sur la mobilisation de Sainte-Soline, le 25 mars dernier, s’appuyant sur des témoignages, des observations de terrain et la compilation de rapports et d’images. 164 pages au total, à partir des constats de 18 observateurs indépendants de toute la France répartis en cinq équipes.
«Les hostilités autour du projet de mégabassines ont été initiées par les forces de l’ordre, qui ont par la suite fait un usage démesuré et invraisemblable d’armes de guerre» commence le rapport. L’État français avait déployé 3200 gendarmes, 9 hélicoptères, 4 blindés, 4 camions à eau…
5000 grenades ont été tirées en moins de 2 heures sur les manifestant-es : «Deux grenades toutes les trois secondes». «J’ai été choqué par le nombre de cratères au sol. On était sidéré, nous n’avions jamais vu une puissance de feu pareille» explique un observateur. Le rapport parle d’un «usage démesuré et invraisemblable d’armes de guerre».
La LDH décrit des grenades «tirées de manière indiscriminée et continue, témoignant d’une intensité exceptionnelle et d’un usage immodéré du recours à la force, occasionnant de très nombreuses blessures, souvent graves, allant même jusqu’à plusieurs urgences absolues».
Le rapport revient aussi sur les «binômes de gendarmes armés et coiffés de casques de moto, montés sur 20 quads sont venus au contact des cortèges» avant même qu’il n’arrive à la bassine.
Un compte rendu minutes par minutes fait froid dans le dos et rappelle de mauvais souvenirs à celles et ceux qui ont vécu les évènements :
«À 12h53 des tirs quasi continus de grenades lacrymogènes sont observés […] quinze tirs de lacrymogènes en quatre secondes, puis à 12h55 onze tirs en 19 secondes. L’air est saturé de gaz.»
«De l’autre côté du cortège aucune sommation. Quelques secondes plus tard, est observée une succession ininterrompue de détonations de grenades explosives».
«À 13h12, une équipe entend vingt-et-une explosions de grenades explosives (probablement des GM2L) en quarante-huit secondes, auxquelles s’ajoutent des grenades lacrymogènes, portant à une moyenne d’une grenade par seconde. Dans ce laps de temps, il est observé qu’à de multiples endroits, nombre de grenades n’explosent pas et restent dans le champ».
Ou encore : «13H42 : Après quelques échanges entre le peloton à pied et ce qui semble être le chef du groupe quad, ces derniers avancent de 5 à 10 mètres et lancent une énorme salve de grenades. Nous voyons le pilote se tenir debout et fournir des grenades à l’«artilleur» En 40 secondes, environ 45 grenades seront lancées uniquement par le groupe quad».
Le rapport conclut : «Emportées par leur récit guerrier, les autorités publiques ont choisi de ne pas secourir des blessé·e·s en détresse vitale. Ne pouvant ignorer qu’un déploiement de forces aussi démesuré et l’utilisation de matériels de guerre occasionneraient immanquablement des blessé·e·s, les autorités ont entravé les secours au mépris de la vie humaine».
Peu après cette répression de Sainte-Soline, ayant provoqué plus de 200 blessures graves, des mutilations, et deux comas, Gérald Darmanin menaçait la LDH, principale organisation française de défense des droits humains, fondée il y a plus d’un siècle.
Le rapport complet à retrouver ici
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