Mouvements sociaux : fichage de masse et permis de tuer


Ce jeudi 5 octobre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin intervenait devant la «Commission d’enquête sur les groupuscules violents de l’Assemblée Nationale». Une commission chargée de criminaliser le militantisme de gauche, suite à la manifestation de Sainte-Soline. Le Ministre, issu de l’extrême droite, a exposé les choses avec une clarté foudroyante :


➡️ Il a indiqué qu’environ 10.000 personnes qu’il qualifie de membres de «l’ultra gauche» sont suivies par les services de renseignements. Darmanin se garde bien de définir ce qu’est l’ultra-gauche. D’après les dernières déclarations gouvernementales, «l’ultra-gauche» s’étend désormais aux syndicats, à ATTAC ou à la Ligue des Droits de l’Homme.

➡️ Cela signifie que la police française suit et surveille en permanence dans ce pays environ 100 militant-es par département français en moyenne. Uniquement parce que ces personnes sont engagées sur des sujets sociaux, écologiques ou antiracistes.

➡️ Il a aussi expliqué devant les députés : «on parle souvent des fichés S. Nous avons actuellement 3500 personnes islamistes qui sont sous ce statut. En comparaison, on a 3000 personnes d’ultra-gauche fichées S». Cette fiche des services de renseignement signifie qu’une personne peut «porter atteinte à la sûreté de l’État» et permet une surveillance accrue et intrusive des personnes concernées.

➡️ Darmanin met sur le même plan les luttes sociales et le djihadisme, lui-même instrumentalisé pour stigmatiser la population musulmane. L’anti-terrorisme a d’abord été utilisé contre les musulman-es, il est à présent généralisé contre les luttes sociales. Il n’en reste pas moins que les attentats ont tué plus de 200 personnes en 10 ans. De son côté, l’extrême droite s’arme également et a tué à plusieurs reprises ces dernières années. Les luttes sociales, elles, n’ont tué personne. Pourtant Darmanin reconnaît lui-même que l’État français met quasiment autant de moyens pour ficher les contestataires que le terrorisme international.

➡️ Enfin, Darmanin assène : «juger de la réussite d’une opération de police (…) suivant les conséquences du nombre de blessés et éventuellement du nombre de morts me semble être un mauvais débat médiatique». Pour lui, la question n’est pas de savoir «si les forces de l’ordre ont le droit d’utiliser cette violence. Elles ont le droit», ou encore il faut accepter l’idée qu’ils utilisent la violence pour faire respecter les règles de droit».

➡️ Depuis des décennies, la doctrine du maintien de l’ordre était de tout mettre en œuvre pour éviter de tuer en manifestation. L’État macroniste assume à présent totalement de mettre à mort dans le cadre de mobilisations sociales. D’ailleurs, ces déclarations servent à justifier les 5000 tirs de grenades, dont 1000 explosives, en mars dernier, au milieu d’un champ, face à une foule venue protester contre les mégabassines. Des dizaines de personnes ont été mutilées, certaines à tout jamais, et deux ont été plongées dans le coma. Une répression militaire qui faisait suite aux déclarations du même ministre qui qualifiait les opposant-es «d’éco-terroristes».

Le gouvernement est en guerre. Si nous n’avons pas officiellement basculé dans un régime fasciste, certains aspects du fascisme sont déjà bien installés et les autorités ne s’en cachent même plus. Ficher des milliers d’opposant-es politiques, utiliser des moyens antiterroristes contre eux, les tuer si nécessaire : cela en fait partie.


Une source mainstream : https://www.bfmtv.com/politique/gouvernement/gerald-darmanin-annonce-que-3000-personnes-de-l-ultra-gauche-sont-fichees-s-en-france_AV-202310050452.html

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3 réflexions au sujet de « Mouvements sociaux : fichage de masse et permis de tuer »

  1. L’arrivée du Macronisme,l’utilisations des Lois anti terroristes qui servent à éliminer des opposants politiques, l’utilisation des ruses de la 5eme République pour éliminer toutes oppositions parlementaires, le renforcement d’un État policier, dissolution des contres pouvoirs associatifs. Il y a un nom à ça ? À t’on déjà vu au cour de l’histoire une telle volonté d’en finir avec la démocratie par la force ?

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