La gendarmerie présente ses nouveaux blindés


Le centaure est une créature mythologique, puissante et hybride, à la fois homme et cheval. Dans le monde merveilleux de la gendarmerie, c’est une véhicule blindé de 14,5 tonnes destiné à réprimer la population.


Le 19 octobre, la gendarmerie nationale a présentée à la presse son nouveau jouet dans la base militaire de Satory, en région parisienne : le «Centaure». Les journalistes ont été invités à visiter le nouveau blindé des forces de répression. Durant la crise sanitaire, juste après le soulèvement des Gilets Jaunes, le gouvernement avait commandé 90 blindés dans son «plan de relance» post-pandémie. De l’argent bien investi.

Côté dépenses, le budget était illimité : évalué à 56 millions d’euros, puis rehaussé à 60 millions, la facture s’élève finalement à 70 millions d’euros. 770.000 euros par engin. L’État a même allongé un demi million d’euros de plus pour offrir un «simulateur de conduite» pour les militaires, afin de s’entraîner à manier le monstre.

Les blindés sont conçus par une société française, Soframe, et assemblés en Alsace. Ce modèle est déjà utilisé dans un cadre de guerre. 90 de ces blindés ont par exemple déjà été vendus à l’Arabie Saoudite, actuellement en guerre au Yemen. Conflit militaire ou maintien de l’ordre, soldats ou population civile : quelle différence ?

L’engin est présenté comme «polyvalent». Sous le capot, 300 chevaux, et sur le véhicule : un tas d’instruments inquiétants. Une mitrailleuse capable de tirer jusqu’à 1000 coups à la minute. Une caméra d’une portée de 9 kilomètres de jour comme de nuit. Des micros sophistiqués permettant de détecter les tirs. Un lance-grenades qui permet de tirer 30 coups en une seule fois. Imaginez 30 grenades lacrymogènes ou explosives envoyées en une seule salve dans une rue. Saturation chimique totale.

Selon les gendarmes, le «Centaure» peut aussi bien être «engagé» contre des tireurs qu’en cas de catastrophe naturelle ou de manifestation. Pour les autorités, la contestation est une «menace» d’ordre militaire parmi d’autres, qu’il faut régler avec les mêmes moyens. C’est l’incarnation même de la militarisation du maintien de l’ordre.

Le blindé tout neuf a même déjà pu être testé en conditions réelles. Politis nous apprend que «la première utilisation a eu lieu en fin juin 2023, lors des violences qui ont suivi la mort du jeune Nahel». 90 véhicules blindés vont donc être répartis jusqu’en 2025, un tiers en région parisienne, un tiers dans le reste des territoires métropolitains, et le reste en Outre-Mer.

Les blindés n’étaient quasiment jamais déployés en métropole jusqu’à l’élection de Macron, sauf à de très rares exceptions près. Depuis, que ce soit sur les ZAD ou dans les luttes sociales, il n’est plus rare de voir des engins militarisés dans l’espace public. C’était le cas ce week-end encore, pour réprimer la contestation du projet d’autoroute A69 dans le Sud-Ouest. Mais il s’agissait des “vieux modèles”. Avec les nouveaux «Centaures», cela deviendra monnaie courante.

Il y a 2500 enseignants en moins cette année et les hôpitaux n’en finissent pas de craquer, mais vous serez heureux d’apprendre que l’argent public sert à vous envoyer des engins lourds équipés de mitrailleuses, capables de vous gazer massivement et de vous détecter à plusieurs kilomètres !

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