Quand la presse transforme une descente de néo-nazis en simple “marche”


Le 25 novembre dernier, des néo-nazis venus de toute la France se rendaient à Romans-sur-Isère, dans le quartier populaire de la Monnaie, dans le but assumé de frapper des noirs et des arabes, animés par une optique de guerre civile.


Utilisant la mort, quelques jours plus tôt, du jeune Thomas dans le village de Crépol, l’extrême droite s’était précipitée sur le cadavre encore chaud de la victime pour diffuser sa propagande raciste. Largement relayés, ces fascistes avaient inventé de toute pièce un «francocide» et une «attaque» gratuite d’une soirée paisible par des «sauvages» venus de la banlieue la plus proche. L’enquête révèle que l’affaire est beaucoup plus complexe : certains suspects étaient présents dès le début de la soirée et ne venaient pas de ce quartier populaire, le principal suspect a un patronyme français. Surtout, des coups avaient été donnés par des rugbymans dont l’un s’était écrié «j’ai envie de taper des bougnoules», sur un jeune en survêtement, ce qui avait provoqué la rixe mortelle.

Le 25 novembre donc, une équipe de militants néo-nazis s’organise pour aller s’attaquer au hasard à des habitants du quartier mis en cause. L’organisation est préparée de façon militaire, avec des «chefs de section» et un «inventaire des armes». Le chef se fait nommer «gros lardon» et donne l’ordre de frapper des «bougnoules» dans une conversation collective par téléphone. Sur un portable, une liste avec «les noms complets des principaux suspects, leur adresse, leur numéro de téléphone, ainsi que les prénoms et noms des membres de leur famille» a été retrouvée par des habitants. Dans des fils de discussion, on trouve notamment des appels à s’en prendre à des mères de familles.

Il s’agit donc d’une descente raciste préparée et organisée par des néo-nazis armés, dans le but de terroriser voire de tuer les habitant-es d’une cité.

Pourtant, alors que certains des néo-nazis appréhendés ce soir là passaient en procès le 7 février, Le Parisien titre : «Ils avaient organisé une marche en réaction à la mort de Thomas à Crépol, de la prison ferme a été requise». Vous avez bien lu : une marche.

C’est curieux, car pour les manifestations sociales, Le Parisien n’hésite pas à monter en épingle la moindre confrontation, parle de «casseurs», de «black blocs», «d’émeute» ou «d’ultra-gauche». Alors qu’il s’agit, au pire, de dégâts matériels. Le Parisien est sous le contrôle du groupe LVMH, donc du milliardaire Bernard Arnault, proche de Macron.

Les autres grands médias ne sont pas en reste. Le 26 novembre, France Info titrait à propos de cette descente : «Mort de Thomas : un militant de 20 ans hospitalisé après avoir été agressé par des jeunes».

En effet, l’un des assaillants d’extrême droite avait été attrapé et corrigé par des habitant-es. D’entrée de jeu, l’information principale de cette radio de service public n’était pas que des néo-nazis aient attaqué un quartier pour frapper des noirs et des arabes, mais «l’agression» d’un des néo-nazis. Un angle journalistique qui inverse les responsabilités. France Info parlait de «personnes» venues «manifester» pour réclamer «justice pour Thomas», alors que les vidéos montrent qu’il s’agissait en réalité d’une parade hurlant «islam hors d’Europe», notamment.

BFM était allé plus loin en titrant : «un militant d’ultra-droite gravement blessé en marge de la manifestation». Plusieurs arrangements avec la réalité en une seule phrase : il ne s’agissait pas d’une manifestation, et ce jeune homme n’était pas «gravement blessé». Beaucoup moins, en tout cas, que les centaines de manifestants frappés dans leur chair par les tirs de LBD ou de grenades policières lors des mobilisations sociales, dont aucun média ne parle, sinon pour les accuser.


Les mots sont importants. Les choix sémantiques de ces médias, aux mains de milliardaires et/ou subventionnés par l’argent public, normalisent l’extrême droite au quotidien.


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Une réflexion au sujet de « Quand la presse transforme une descente de néo-nazis en simple “marche” »

  1. Le “plutôt Hitler que le Front Populaire” est toujours d’actualité et n’a jamais cessé de l’être en France.

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