Dictature : après les conférences pro-palestiniennes, l’interdiction de la marche contre le racisme à Paris


En 2020, Macron avait déclaré de façon provocante dans les médias : «essayez la dictature, et vous verrez», pour tourner en ridicule les personnes, de plus en plus nombreuses, qui dénoncent l’autoritarisme et les violences policières en France. Sous-entendu : il y a pire ailleurs, alors taisez vous.


Dictature : Après les conférences pro-palestiniennes, l'interdiction de la marche contre le racisme à Paris

Il déclarait aussi : «Aujourd’hui s’est installée dans notre société, et de manière séditieuse, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu’il y ait une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature ! Une dictature, c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois.»

Nous sommes en 2024, et il faut regarder la situation en face.

Le gouvernement n’a jamais dissout autant d’associations. Il gouverne sans le vote des députés, par 49.3, parce qu’il n’a même pas la majorité, écrase dans le sang les revendications écologistes et sociales et impose des mesures rejetées par quasiment toute la population. Les médias de masse sont entièrement contrôlés par des milliardaires proches du pouvoir. La liberté de la presse est en chute libre, et plusieurs reporters ont été arrêtés par les services de renseignement. Le président multiplie les discours guerriers et militaristes. L’anti-terrorisme est envoyé contre des écolos. Tout cela, ce sont littéralement des pratiques de dictature.

Pour compléter ce tableau, depuis plusieurs semaines, le plus grand mouvement politique de gauche, la France Insoumise, est diffamé et attaqué quotidiennement, sans relâche, par les dirigeants, et n’a pas le droit de répondre. Pire, ses meetings sont désormais interdits.

Enfin, une grande manifestation «contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants» prévue dimanche 21 avril à Paris et organisée par de très nombreuses organisations dont le collectif Urgence notre police assassine, fondé par Amal Bentounsi qui se bat de façon héroïque depuis que son frère a été tué d’une balle dans le dos par un policier en 2012, vient d’être interdite.

Le préfet de Paris a publié un arrêté d’interdiction le 18 avril. À lire ce document, il y a deux nouveaux dogmes obligatoires pour appartenir à leur prétendue «République» : le soutien à la police et le soutien à Israël. En dehors, vous n’avez plus aucun droit.

En effet, le préfet estime que dénoncer les violences policières peut «attirer des éléments violents» et qu’évoquer les enfants de Gaza est une «provocation à l’antisémitisme». La répression, le racisme et le colonialisme sont désormais des sujets dont il est interdit de discuter en France !

On rappelle par ailleurs que ce même préfet avait autorisé des rassemblement ouvertement néo-nazis en plein cœur des quartiers centraux de Paris, notamment une manifestation raciste devant le Panthéon le 2 décembre dernier, qui avait eu lieu sous l’œil bienveillant des CRS, alors que des saluts nazis étaient effectués.

Un récent rapport de la Cour des comptes sur le maintien de l’ordre montre l’explosion des interdictions de manifester à Paris. Elles étaient rarissimes voire inexistantes en 2017, quand Macron est arrivé au pouvoir. Il y a eu plus de 350 interdictions de manifestations à Paris pour l’année 2022, quasiment une par jour en moyenne. L’été dernier, la Marche pour Adama, en mémoire du jeune homme mort asphyxié par des gendarmes, avait déjà été interdite sans raison, et les quelques personnes bravant l’interdiction agressées par des policiers.

Le 18 avril 2024 est ainsi une grande journée pour la liberté d’expression : le même jour, une conférence de la France Insoumise aura donc été interdite à Lille, le préfet de Paris aura interdit la marche du 21 avril et un secrétaire de la CGT aura été condamné pour «apologie du terrorisme» pour un tract de soutien à la Palestine.


Nous avons donc le gouvernement qui dissout le plus de collectifs, qui utilise le plus de 49.3, le plus d’armes de répression et d’interdictions de manifester de toute la 5ème République. Essayez la dictature ? Nous y sommes.


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