Analyse : le fascisme et la haine des femmes
Au-delà du geste épouvantable que constitue le coup de poing donné dans le dos, qui en dit très long sur la violence décomplexée d’Eric Zemmour à l’égard des femmes et de leur intégrité physique, il y a quelques choses d’obscène à voir que ce gnome fasciste qui réalise un geste d’une lâcheté absolue sur une femme infiniment plus courageuse que lui, ceinturée par ses gardes du corps, se réclamer d’une prétendue «supériorité masculine». Depuis des années, Eric Zemmour a construit sa carrière politique autour de l’image du «mâle alpha», une masculinité fantasmée qui flatte les égos frustrés d’hommes misogynes.
Ce qui cimente les fascismes passés comme présents, c’est le virilisme, le culte de la force brute. Alors qu’il n’est encore que député brésilien, Jair Bolsonaro lançait à une députée de gauche, lors d’une commission sur les crimes de la dictature militaire : «Je ne te violerai pas. Tu ne le mérites même pas.» Donald Trump se vantait de pouvoir «attraper les femmes par la chatte».
Eric Zemmour, rappelons-le encore, a lancé sa carrière par un pamphlet misogyne paru en 2006 : «Le premier sexe», qui lui a donné accès aux plateaux de télévision. Ce dernier y déplore la «perte de virilité» des hommes, qui préférèrent des «valeurs féminines», par exemple «la paix pas la guerre, le consensus pas l’autorité».
En 2022, il déclare : «Les femmes ont une forme d’intelligence différente de celle des hommes. Je suis désolé de le dire. Et que les grands génies sont hommes. Je sais que ça ne se dit pas. Ça aussi, ce n’est pas fémininement correct mais c’est la vérité» ou encore, lorsqu’une journaliste lui demande : «Le pouvoir ne doit pas rester seulement dans la main des hommes ?» il répond : «Bien sûr que si. Sinon, il se dilapide. Elles n’incarnent pas le pouvoir».
Une de ses anciennes collègues avait aussi rapporté à Mediapart cette phrase que Zemmour aurait déclarée quand il était journaliste «Les stagiaires, c’est quand même fait pour faire des pipes et du café» ou encore, celle rapportée dans un ouvrage sur le candidat, et qui a été prononcée dans les années 1990 «jamais je ne me ferai diriger par une femme».
Pour Eric Zemmour, lui-même accusé de violences sexuelles, «le consentement mutuel est un mythe» et «la virilité va de pair avec la violence». Ce culte de la virilité va jusqu’à l’éloge du nazisme et du djihadisme : «les soldats allemands qui défilent sur les Champs-Élysées sont impressionnants de virilité conquérante» écrit-il, ou encore à propos de Daesh : «je respecte des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient – ce dont nous ne sommes plus capables».
Cette haine des femmes, cette obsession du contrôle de leurs corps s’inscrit dans une continuité historique. Hitler, dès son arrivée au pouvoir, applique la politique des «3K» : Kinder, Küche, Kirche, c’est à dire «enfants, cuisine, église». Pour lui l’Univers des femmes doit être «son mari, sa famille, ses enfants et son foyer». Zemmour et sa galaxie d’influenceurs réactionnaires sur YouTube ne disent pas autre chose, près d’un siècle plus tard.
L’une des grandes escroqueries du néofascisme à l’ère des réseaux sociaux est de faire croire que le machisme et les agressions sexistes ne seraient que le fait de l’immigration. C’est d’ailleurs l’un des principaux arguments de Zemmour : l’Islam serait une menace pour les femmes. Lui qui les frappe et les agresse sans aucun complexe. Ces fascistes récupèrent tout, même un féminisme dévoyé, qu’ils transforment en bouillie raciste et suprémaciste. À l’image d’un collectif de militantes nommé «Nemesis», allié des plus grands misogynes d’extrême droite, mais toujours en première ligne pour dénoncer les agresseurs à la condition qu’ils ne soient pas blancs.