Avant même une arrivée de l’extrême droite au pouvoir, la purge dans les médias publics bat son plein. Ce mardi 11 juin 2024, l’humoriste Guillaume Meurice est officiellement licencié de France Inter.
Le 29 octobre, le célèbre comique faisait, sur la radio publique France Inter, la plus écoutée du pays, une blague contre le Premier Ministre israélien d’extrême droite, qu’il avait qualifié de «nazi sans prépuce». Rien de bien sensationnel, surtout qu’au même moment, les défenseurs d’Israël faisaient quotidiennement des déclarations génocidaires dans tous les médias, qualifiant les palestiniens de «cancer» et faisant des hiérarchies entre les vies d’enfants palestiniens et israéliens.
Mais c’est bien Guillaume Meurice qui avait été convoqué par la police peu après. Un coup de pression dans une ambiance de chasse aux sorcières qui frappe les personnalités qui osent s’élever contre le génocide à Gaza. En avril 2024, la plainte était finalement classée. Il n’y a pas encore d’enfermement d’humoriste pour une blague déplaisant aux autorités en France. Au rythme où vont les choses, ça viendra peut être.
Pour fêter cet abandon des poursuites, Guillaume Meurice a ressorti sa vanne lors de sa chronique sur France inter. La direction, qui espérait sans doute que la justice le condamne pour avoir un motif de licenciement, a profité de cette «récidive» pour le punir. Meurice était d’abord suspendu d’antenne le 2 mai, jusqu’à un «entretien» pour «faute grave».
La direction de France Inter a attendu le bon moment pour frapper : en plein chaos politique, alors que l’Assemblée est dissoute et que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, le licenciement de l’humoriste vient d’être officialisé ce mardi. La patronne de Radio France, Sybile Veil, en bonne manageuse toxique, explique : «Il ne nous a pas laissé d’autre choix que de tirer les conséquences de son obstination et de sa déloyauté répétée». Guillaume Meurice est donc viré pour «pour faute grave».
Qui est cette patronne de média qui vire un comique ? Sibyle Veil, énarque, et copine de promotion de Macron. Et à la tête de France Inter, c’est Adèle Van Reeth, en couple avec Raphaël Enthoven, faux philosophe et vrai propagandiste macroniste. Ces deux personnes sont directement liées au président.
En solidarité, l’humoriste Aymeric Lompret a annoncé sur ses réseaux sociaux sa démission de France Inter. La chanteuse et humoriste Giedré a fait de même. Le 6 mai, un autre collègue de Guillaume Meurice, Djamil le Shlag, avait livré une chronique acérée contre la censure et la direction de la radio publique, expliquant notamment : «Guillaume Meurice, c’est l’inverse de Zemmour : lui il est condamné par la justice mais il est soutenu par sa chaîne. Il y a plus de liberté d’expression sur Cnews que sur France Inter !» Il a ensuite annoncé sa démission en direct après avoir dénoncé le «macronisme» de la direction.
Ce licenciement d’un humoriste à succès est la suite d’une purge généralisée dans les médias publics. L’émission satirique «Si tu écoute j’annule tout», plus tard renommée «Par Jupiter», animée par Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek, existait depuis 2014 sur France Inter. Diffusée tous les jours et se moquant régulièrement des dirigeants à une heure de grande écoute, elle avait atteint, en 2022, la meilleure audience de la station avec 1,3 million d’auditeurs en moyenne. Et devinez ce qu’a fait la direction ? Elle a tué l’émission.
L’émission quotidienne «La Terre au carré», qui parle d’écologie et d’environnement en début d’après-midi, riposte aux discours climato-sceptiques et donne de l’audience à différentes causes écologistes, a été menacée de suppression puis finalement reprogrammée suite à la pression. Un autre format nommé «Des vies françaises», qui dresse le portrait de «héros» ordinaires méconnus, par exemple d’anciens résistants antifascistes, des parcours d’exilés, des militantes associatives, des personnes sortant des normes, est supprimé. Une capsule hebdomadaire, «C’est bientôt demain», animé par un journaliste historique de la radio, Antoine Chao, et qui traite de l’actualité des luttes et mobilisations environnementales et sociales, va lui aussi disparaître cette saison. Table rase sur le social et l’écologie.
Cette purge avait commencé en 2014, quand l’émission de Daniel Mermet, «Là bas si j’y suis», avait été déprogrammée. Cette émission quotidienne donnait depuis 1989 la parole à des auditeurs et auditrices et couvrait les luttes sociales, allait sur le terrain, diffusait des propos contre le capitalisme et le colonialisme, n’hésitant pas à dénoncer le gouvernement. L’un de ses reporters était alors… François Ruffin.
En France, rire des puissants est désormais interdit. Il n’y a plus les Guignols de l’Info, Charlie Hebdo a viré réactionnaire, et les humoristes sont virés les uns après les autres. Et pendant ce temps, des empires médiatiques aux mains de milliardaires fascistes inondent, via Cnews, BFM et autres, les cerveaux avec la pire des propagandes sécuritaire, raciste et anxiogène.
5 réflexions au sujet de « Guillaume Meurice licencié : la purge chez France Inter s’accélère »
La grande bourgeoisie et les milliardaires osent tout. Iels osent : agir, dire, être facsistes avec ou sans prépuces
«Par Jupiter», animée par Charline Vanhoenacker et G̶u̶i̶l̶l̶a̶u̶m̶e̶ ̶M̶e̶u̶r̶i̶c̶e̶ Alex Vizorek
Soutien total
Il n’y a pas de pétition en soutien à Guillaume et contre France Inter (qu’il faut boycotter désormais) à signer ?