Macron : la grande destruction du sens des mots, la grande inversion du réel


Décryptage : quand Macron rend hommage à Pétain mais utilise Léon Blum contre la gauche


Emmanuel Macron piétinant le réel

Depuis 2017, Macron a tout saccagé sur son passage : les conquêtes sociales, les libertés, l’écologie, la pluralité médiatique. C’est un rouleau compresseur néolibéral et autoritaire. Mais sa plus grand opération de destruction est contre les mots. Jamais sans doute un gouvernement n’aura autant détruit le sens des mots, attaqué la vérité, inversé le réel, menti sans aucune retenue.
Explications.


Blum et Pétain

Ce mardi 12 juin, Macron a convoqué 200 journalistes en conférence de presse. Il a l’intention de s’exprimer deux fois par semaine pour diffuser des messages d’une perversité inouïe jusqu’aux élections. Voici la première salve, à propos du Front Populaire, la coalition de gauche pour tenter d’empêcher une victoire du RN : «J’ai une pensée cette 24 dernières heures pour Léon Blum. S’il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe aujourd’hui c’est Léon Blum».

Sa «pensée» pour Léon Blum, leader socialiste du Front Populaire, est en elle-même ignoble : Macron incarne l’exact opposé de Léon Blum, il a consacré sa vie à détruire toutes les avancées sociales arrachées en 1936, puis après la guerre, par la Résistance. L’existence même de Macron est une antithèse du Front Populaire.

Mais il y a pire : rappelons que Macron avait rendu hommage à Pétain en 2018 et qu’il a nommé un Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, issu de l’Action Française, un groupe royaliste et antisémite. Et devinez quoi ? En 1936, l’Action Française a tenté d’assassiner Léon Blum à Paris. Quelques années plus tard, sous le régime de Vichy, c’est Pétain qui a fait arrêter Léon Blum. Le socialiste est ensuite déporté au camp de Buchenwald. Macron a donc littéralement rendu hommage à ceux qui ont tenté d’éliminer le socialiste, mais il prétend désormais parler en son nom.

Manouchian et Loi immigration

Le 21 février 2024, l’inversion des valeurs est allée très loin : Macron a organisé l’entrée au Panthéon du résistant communiste arménien Missak Manouchian, assassiné par les nazis 80 ans plus tôt, et de sa compagne Mélinée, elle aussi résistante.

La cérémonie était extrêmement malsaine, puisque quelques semaines plus tôt, ce même gouvernement votait avec l’extrême droite une «Loi immigration» qui reprenait les grandes lignes du programme du Front National. Macron organise simultanément la chasse aux étrangers et la répression des antifascistes, tout en rendant hommage à Missak et Mélinée, réfugiés et apatrides, communistes engagés dans les luttes sociales et pratiquant la lutte armée contre l’extrême droite.

Les deux résistants sont absolument tout ce que le gouvernement détesterait et chercherait à faire enfermer ou expulser s’ils étaient vivants aujourd’hui.

Plus grave encore, Marine Le Pen et sa garde rapprochée ont été autorisés à assister à la cérémonie : le parti a littéralement été fondé par des SS. Les héritiers de ceux qui ont assassiné Manouchian ont pu parader tout sourire, devant le Panthéon, sur le passage des dépouilles des deux résistants. Comble de l’inversion, ce soir là France 2 et France Info, médias de service public, ont choisi de n’interviewer qu’une seule personnalité politique en direct : Marine Le Pen.

Un peu plus tôt des militants communistes avaient été appréhendés par la police et leurs drapeaux ont été confisqués. Ce sont pourtant les rangs du PCF qui ont fourni des milliers de résistants contre le nazisme, qui ont payé le prix du sang et auxquels les Francs Tireurs Partisans étaient rattachés. Inversion absolue.

«No Pasaran» et «Révolution»

Le 5 octobre 2023, l’équipe d’Emmanuel Macron diffuse sur les réseaux sociaux une vidéo adressée à des chefs d’entreprise réunis à Paris pour un événement baptisé Big 2023. Le président y vante les «aventures entrepreneuriales» et «l’attractivité» économique de la France. En riant, il conclut : «On ne monte aucun impôt, on ne complique aucune procédure, on ne revient pas en arrière sur le droit du travail ¡ No pasarán !».

¡ No pasarán !, c’est le cri de la révolution espagnole en 1936 face aux troupes franquistes. Le serment d’un peuple résistant au fascisme : «Ils ne passeront pas». Cette révolution libertaire sera écrasée dans le sang par les militaires espagnols, appuyés par les troupes de Mussolini et d’Hitler. Mais le slogan antifasciste est devenu le cri de ralliement de toutes les résistances face à l’extrême droite et au capitalisme.

Macron a donc repris cette devise, mais pour la retourner. Dans un exercice d’inversion intégrale, ¡ No pasarán ! ne s’adresse plus à la menace fasciste mais aux luttes sociales. Le président assimile ainsi les syndicats au franquisme, la gauche à l’extrême droite, et affirme ainsi à celles et ceux qui demandent le partage des richesses : «Vous ne passerez pas».

Ce retournement de symbole était opéré dès 2016, lorsque Macron lançait sa campagne présidentielle, avec l’appui des grandes fortunes et des médias dominants, en publiant son programme dans un livre intitulé Révolution.

Antisémitisme

Tout aussi vertigineux, le 12 novembre dernier, les présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale organisaient une prétendue «marche contre l’antisémitisme» et contre «l’islamisme», qui n’a été qu’une gigantesque opération d’inversion politique en faveur des factions historiquement liées à l’antisémitisme.

Le RN, parti fondé par des nazis, et Éric Zemmour, candidat admirateur de Pétain, communiaient avec les macronistes derrière l’État israélien. Les héritiers de Maurras et des anti-dreyfusards marchaient contre l’antisémitisme devant toutes les caméras pendant que la gauche était mise «hors de l’arc républicain». Un cordon policier protégeait même l’extrême droite. Nous avions assisté, médusés, à la «marche contre la haine» la plus haineuse de l’histoire.

La stratégie de confusion de Macron

Le mensonge permanent et l’inversion sont un mode de gouvernement, une stratégie. «Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien (…). Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez» expliquait Hannah Arendt à propos du totalitarisme.


En agitant constamment des symboles contradictoires, Macron cherche à créer une confusion mentale, à dévaluer le sens des mots, des idées, de l’histoire. Et quand plus rien n’a de sens, le fascisme peut s’imposer.


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4 réflexions au sujet de « Macron : la grande destruction du sens des mots, la grande inversion du réel »

  1. C’est une amie proche etcamarade de combat qui me fait découvrir l’existence de contre attaque.
    Je suis révoltée.
    Anarchiste et anti fasciste
    Jusqu’au bout de la nuit jusqu’au bout de ma vie ✊

  2. Macron inverse les valeurs pour etoudir le peuple qu’il mène à l’abattoir du capitalisme. Son rôle c’est de nous endormir avec l’inversion des valeurs pour éviter que le plus grand nombre soit conscient de la mâchoire étatique qui se resserre a coup de facsisme. Macron est un gourou dont la mission est de servir les intérêts des puissances économiques et financières dont l’appétit est sans limite s. En martelant qu’il souhaite éloigner la politique des extrêmes Macron est sur à de faire gagner le fascisme. Macron c’est tout simplement le tour de passe passe d’un grand gourou très bien conseillé

  3. Ça fait partie aussi d’une stratégie visant à démobiliser les gens, à les sidérer, un peu comme la methode de drague toxique du negging

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