Les médias en guerre contre les candidat-es issu-es des luttes sociales


Depuis l’annonce de la dissolution, les grands médias n’ont qu’une priorité : salir par tous les moyens la seule force de gauche qui pourrait barrer la route à l’extrême droite. Matin, midi et soir, des diffamations délirantes sont répétées encore et encore au point de devenir le récit officiel. Instrumentalisation de querelles internes et autres manipulations crasseuses sont légion. Depuis deux jours, les médias s’en prennent à deux candidat-es du Front Populaire issu-es des mouvement sociaux.
Voici une désintox :


Amal Bentounsi et Raphaël Arnault sont ciblé-es par les médias d'extrême droite

Amal Bentounsi

Elle est candidate en Seine-et-Marne. En 2012, son frère a été abattu d’une balle dans le dos par un policier. Suite à cette exécution, Amal s’est battue héroïquement face à un appareil d’État tout puissant. Elle a créé un collectif contre les violences policières : «Urgence notre police assassine», et mené de front le combat médiatique et juridique sans jamais baisser les bras.

Chose rarissime, elle a fini par obtenir la condamnation du policier qui avait tué son frère en 2017. La justice avait alors écarté la légitime défense.

Depuis, elle continue d’accompagner d’autres familles endeuillées, et a subi la répression pour son engagement. Nous qui suivons le combat d’Amal Bentounsi depuis plus de 10 ans, ne pouvons qu’être admiratif-ves. Évidemment, la candidature d’une femme originaire de banlieue, non blanche, victime de la répression et militante doit inquiéter les racistes et les syndicats policiers d’extrême droite.

Ainsi, la meute médiatique a mené une enquête acharnée sur l’intégralité de sa vie pour trouver de quoi la salir. Et devinez quoi ? L’équipe des inquisiteurs de BFM n’a pas trouvé grand chose, hormis un commentaire sur facebook datant de 2015, et publié par la page de «Urgence notre police assassine».

Non seulement cette page n’était pas tenue par Amal Bentounsi mais par un collectif, donc on ne peut la rendre responsable des propos visés, mais en plus il ne s’agit que d’un commentaire sous un article, même pas d’une publication décidée collectivement. Le tout datant de quasiment 10 ans, on le rappelle.

Voici l’échange : alors qu’une personne posait une question sur l’homosexualité, ce commentaire dont on ne peut connaitre l’auteur disait : «On ne peut pas reprocher à un croyant d’être homophobe si sa religion le lui commande». À cette époque, Darmanin défilait avec la Manif pour Tous avec des catholiques intégristes contre les droits des homosexuel et Jordan Bardella publiait des tweets racistes. L’extrême droite n’était d’ailleurs pas gênée de la présence d’intégristes musulmans dans ses cortèges.

Ce commentaire a donc été dévoilé en prime time sur BFM ce mardi 18 juin par la chroniqueuse Apolline de Malherbe, au secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure, histoire de créer une division. Le socialiste a répondu : «Je découvre ces propos que je trouve aberrants. Nous sommes le Front populaire, c’est au contraire le front des libertés».

Sur le fond des propos, Apolline de Malherbe ment, puisqu’elle attribue sans vérification ces mots à Amal Bentounsi, ce qui est inexact. Elle ment doublement, puis qu’Amal Bentounsi s’engage depuis des années dans toutes les luttes contre les discriminations racistes, transphobes ou sexistes. Un exemple récent est sa signature d’une tribune le 18 septembre 2022 «Pour une alliance féministe et trans». Mais ça, BFM s’en fout.

Ce média met tous les moyens pour fouiller sur tout ce qu’auraient pu dire ou faire les candidat-es racisés-es du Front Populaire depuis des années. Un journalisme de caniveau et de fond de poubelle. Mais jamais la chaîne ne fera pareil pour les candidats nazis du RN, qui sont nombreux à se présenter aux législatives. BFM ne convoquera jamais Ciotti et Bardella à se justifier des propos racistes, antisémites et sexistes de leurs candidats.

Tout le monde sait très bien ce qu’est en train de faire BFM. Diaboliser et salir les rares candidat-es venu-es d’en bas, des banlieues, et qui n’ont pas la bonne couleur de peau, pendant que les dominants peuvent dire ou commettre les pires horreurs sans rendre de comptes. C’est du racisme.

Raphaël Arnault

Ce militant de 29 ans, originaire de Lyon, s’engage depuis des années pour la cause antifasciste. Dans une ville où l’extrême droite a pignon sur rue et multiplie les violences, il a co-fondé un collectif nommé «La Jeune Garde». Et il est candidat Front Populaire dans le Vaucluse.

Depuis deux jours, les médias de Bolloré répètent qu’il est «fiché S», comme si c’était un crime, et insinuent que cela devrait annuler sa candidature. Europe 1 écrit par exemple que «ce proche de Jean-Luc Mélenchon n’a pas une fiche S, mais trois, émises par trois services de renseignement différents : la DGSI, le Renseignement territorial et la DRPP et la Préfecture de police de Paris. Signe que sa dangerosité est encore prise très au sérieux. Cette candidature soulève donc des questions de sécurité pour la République en cas d’élection».

Qu’est-ce qu’une fiche S ? Une fiche rédigée par un policier anonyme, non signée, sans aucune valeur juridique ni légale. Par exemple, une fiche S peut contenir : «Monsieur X milite dans un groupe contre le racisme et a participé à telle manifestation». La plupart des gens qui ont milité pour l’écologie, la justice sociale ou contre le racisme en France ont une fiche S. Cette fiche n’est pas une condamnation, elle n’est pas sensée être publique. Et elle ne démontre rien d’autre que nous vivons dans un État policier qui fiche et surveille les opposant-es.

En octobre dernier, Gérald Darmanin expliquait qu’il y a, en France, 5.300 fichés S islamistes et 3.000 d’«ultragauche». Par un exercice d’inversion hallucinant, les médias font croire que si l’État vous surveille, c’est que vous êtes dangereux. Si vous êtes fiché-e, vous devez prouver que vous n’êtes pas coupable. C’est une inversion de la charge de la preuve et du droit. Le vrai scandale médiatique devrait être l’existence de ces fiches totalement arbitraires.

Résultat de cette opération de dénigrement ? Raphaël Arnault est délégitimé avant même d’avoir pu commencer à faire campagne, et le PS a posé une candidature dissidente pour le faire perdre, violant les accords du Front Populaire. Le sénateur socialiste du Vaucluse se répand dans les médias : «Il a un profil trop extrémiste». Oui, pour le PS, s’opposer au fascisme est «extrémiste».

Les médias ont gagné. Cette circonscription semble désormais perdue pour la gauche. En 2022, le candidat du RN avait remporté de justesse, à 51,14%, face à un candidat de LFI, à 48,86%. Il y avait moyen de faire basculer ce territoire. Avec deux candidatures concurrentes, parasité par le PS, c’est mission impossible pour le Front Populaire. La circonscription restera aux mains de l’extrême droite.


Notre camp social fait face à un rouleau compresseur médiatique d’une violence totale, parfaitement organisé, qui a décidé de faire gagner le RN. Diffusez et partagez les médias indépendants, parlez-en autour de vous. Reprendre la main sur le récit est crucial.


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4 réflexions au sujet de « Les médias en guerre contre les candidat-es issu-es des luttes sociales »

  1. Les médias de masse sont les chiens de garde de la pensée réactionnaire et conservatrice, ce sont les chiens lechants des milliardaires, ils sont là pour mordre la gauche sociale et recevoir les caresses des Pères fouettards du peuple, leurs mâchoires sont faites pour servir les intérêts des puissances économiques et financières.

    1. Les médias sont, au sens large, des institutions qui véhiculent des informations, nous ne refusons pas ce titre aux canaux de propagande des milliardaires.

  2. Les médias sont fait pour informer, sauf que les médias des milliardaires d’extrême droite, sont fait pour manipuler le peuple H24

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