Pogrom dans un village palestinien : hypocrisie du gouvernement israélien

Une femme observe le salon incendié de sa maison après le pogrom de Jit..

«Ils sont venus pour nous tuer, pour tuer nos jeunes sans raison. Dans la maison, il n’y avait que des femmes et des enfants en bas âge» déclare une vieille dame dans sa maison noircie par les flammes. «Ils ont tenté de mettre le feu à la maison alors qu’il y avait une famille entière à l’intérieur» raconte un homme. «Ils avaient toutes sortes d’armes, des pistolets, des fusils automatiques, des bombes lacrymogènes et même des couteaux. Ils ont essayé de m’asperger d’essence pour me brûler et j’ai couru» raconte un père de famille. Un jeune homme blessé ajoute : «Ils étaient masqués, tous armés. Ils avançaient en nous insultant en hébreu. L’un des colons m’a jeté une pierre sur la tête. J’ai perdu connaissance et on m’a emmené à l’hôpital où j’ai été soigné».

«Ils», ce sont des colons fascistes juifs. C’était jeudi 15 août, à la nuit tombée, dans le village de Jit, en Cisjordanie, près de la ville de Naplouse. Venus d’une colonie voisine, des dizaines de suprémacistes armés ont attaqué le village, incendié des véhicules et des maisons à coups de cocktails Molotov, et agressé des palestinien-nes qui vivaient là. Un homme a été tué par balle, Mahmoud Abdel Qader Sadda, 23 ans. Un autre a été gravement blessé par un tir dans la poitrine. C’est un déchaînement raciste pur et dur qui a eu lieu pendant des heures, commis par des civils, avec la bénédiction des autorités. Ces actes portent un nom : un pogrom. Le nom provient des défoulements antisémites commis contre des villageois en Europe de l’Est depuis des siècles.

Cette fois-ci, les dirigeants israéliens ont daigné condamner ces violences. «Il s’agit d’une minorité extrémiste qui porte préjudice à la population des colons respectueux des lois, à la colonisation dans son ensemble, et à [la réputation] d’Israël dans le monde», a notamment déclaré Isaac Herzog, le président israélien. Yoav Gallant, le Ministre de la Défense, a condamné «des extrémistes qui s’attaquent à des civils innocents».

Ces déclarations sont un sommet d’hypocrisie et de mensonge. Ceux qui organisent depuis 10 mois le génocide des palestinien-nes de Gaza et des massacres en Cisjordanie condamnent une attaque raciste qui a fait un mort. À Gaza, des experts médicaux évaluent le nombre de morts de l’attaque israélienne à 186.000. Et une partie du gouvernement israélien ne cache pas son ambition de coloniser l’enclave palestinienne.

Ces condamnations publiques sont destinées aux médias occidentaux : elles tentent de séparer l’opération militaire à Gaza et la violence des colons. Comme si elles ne procédaient pas de la même logique, de la même intention génocidaire. Entre le 7 octobre et le 12 août, l’ONU a recensé 1250 attaques racistes de colons israéliens en Cisjordanie. Sur la période, au moins 633 Palestiniens y ont été tués par l’armée israélienne ou des colons.

Cela fait des années que les colons d’extrême droite sèment la terreur dans les villages palestiniens, en toute impunité. Le 26 février 2023, dans la commune de Huwara au sud de la ville de Naplouse, des colons israéliens venus d’une colonie voisine, Itsar, avaient organisé une descente armée, brûlé 20 maisons et 15 voitures. Là encore, un véritable pogrom. Des Palestiniens sans aucune protection avaient été agressés, sortis de leurs maisons, humiliés. 100 personnes blessées avaient été recensées, et un homme de 37 ans était mort par balle.

Les colons avaient été filmés en train de faire une danse joyeuse devant le village incendié, pendant que leurs victimes étaient tétanisées ou blessées. Ce précédent pogrom a eu lieu plusieurs mois avant le 7 octobre. Aucun des criminel n’a été inquiété. Les violences contre les palestinien-nes sont quotidiennes depuis des décennies.

Le mouvement des colons a pris une place énorme dans la société israélienne. Ils étaient 100.000 en 1992 et sont plus de 500.000 en 2022, avec des moyens, des armes, des partis, des relais… À présent, ces colons religieux d’extrême droite sont représentés dans le gouvernement de Netanyahou, avec plusieurs ministres ouvertement fascistes comme Ben Gvir ou Smotrich.


Après le pogrom de Jit, les criminels font mine de découvrir leur propres crimes pour en couvrir d’autres, pires encore.


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Une réflexion au sujet de « Pogrom dans un village palestinien : hypocrisie du gouvernement israélien »

  1. Il faut faire pression sur ce gouvernement de criminels Israéliens d’extrême droite et ses alliés (les États Unis en tête). L’ensemble des crimes contre la population Palestinienne viennent tous (et sans aucune exception) de la position extrémiste, meurtrière du gouvernement Israélien et de ses alliés. Cette position extrémiste et meurtrière divise à l’intérieur même des nations et empêche les populations de contraindre ces gouvernements meurtriers à stopper le massacre du peuple Palestinien. Il suffirait pourtant que 20% de la population mondiale fasse pression sur les gouvernements pour les contraindre à respecter l’humanité pour que le reste lui emboîte le pas.

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