Mussolini gol


En Italie, saluts fascistes en tribune et glorification décomplexée du dictateur


À Castellamare di Stabia, des suporters lèvent le bras en tribune après un but de Mussolini, arrière petit-fils du dictateur.

L’image glaçante paraît sortie de l’Italie des années 1920 : des dizaines de supporters, bras droit levé en un signe de salut romain, symbole fasciste bien connu, et scandant le nom d’un certain Mussolini. Mais nous sommes bien le 22 décembre 2024.

L’homme qui est acclamé ainsi est Romano Floriani Mussolini, arrière petit-fils du Duce, lors du match opposant la Juve Stabia et Cesena, une rencontre de série B (équivalant de la ligue 2). Si la Juve Stabia est traditionnellement ancrée à gauche, le jeune homme a été prêté par la Lazio Rome, club officieux de l’extrême droite italienne. Le club a notamment été épinglé pour le déploiement d’une banderole « la Lazio est fasciste », l’utilisation d’images d’Anne Franck ou de croix celtiques.

Depuis janvier 2024, la Cour suprême de cassation italienne a tranché : le salut romain est considéré comme un délit d’apologie du fascisme. Une enquête a été ouverte par la fédération italienne de football. Le président de la Juve Stabia parle lui d’une instrumentalisation, et se dit « d’une absolue tranquillité ».

Il est vrai que la scène n’a en réalité rien d’extraordinaire dans un pays où le fascisme est confortablement installé, où la nostalgie de Mussolini n’est pas interdite et semble de moins en moins une chose honteuse. Et si tous les bras levés ne sont pas forcément des signes d’allégeance à l’idéologie du Duce, il est clair que la scène fait mauvais genre dans un pays où l’effacement des mémoires fait des ravages, Mussolini étant de plus en plus considéré comme un « bon dictateur » qui aurait beaucoup fait pour son pays, même s’il avait une petite tendance à assassiner celles et ceux qui réclamaient plus de justice sociale.

En janvier 2024, des milliers de néo-nazis du parti Fratelli d’Italia se sont rassemblés comme chaque année pour «commémorer» une attaque attribuée aux antifascistes. Le 7 janvier 1978, ces derniers avaient directement visé le mouvement néo-fasciste du MSI, le Mouvement Social Italien, un parti se revendiquant de l’héritage de Benito Mussolini et dont le symbole, une flamme tricolore, a inspiré celui du Front National. Deux militants d’extrême droite avaient été abattus devant le siège du parti.

Le 29 avril dernier, 1500 fascistes marchaient dans les rues de Rome pour prétendument commémorer la mort en 1975 d’un de leurs camarades, Sergio Ramelli, militant du MSI. En réalité, cette commémoration était un prétexte pour prendre la rue et affirmer, dans l’espace public, les idées fascistes. La première ministre italienne fasciste Georgia Meloni est également une grande admiratrice de Mussolini. Dans une interview de France 3 datant de 1996, elle déclarait : « Je crois que Mussolini était un bon politicien. C’est-à-dire que tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour l’Italie ».

Le nom de Mussolini est loin d’être un repoussoir en Italie. Ses descendant-es l’affichent même fièrement, notamment celles et ceux faisant carrière dans la politique. Ainsi, la mère de Romano Mussolini est Alessandra Mussolini, actrice ratée, mannequin puis députée d’extrême droite tout au long de sa carrière. « Mieux vaut être fasciste que pédé » déclarait-elle, ou encore « Sans hésiter, je dirai que je suis fière d’être la petite-fille de Benito Mussolini ! » En 2013 elle rejoint le parti de Silvio Berlusconi et devient députée européenne jusqu’en 2024.

Rachele Mussolini est une autre descendante, conseillère municipale de Rome et membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia jusqu’en 2024. Calio Giulio Cesare Mussolini (un nom qui ne s’invente pas) a également tenté de percer en politique sous les couleurs de l’extrême droite. Dans tous les cas, le nom de Mussolini a été un accélérateur de carrière.

Loin de se mettre à distance de son aïeul, Romano Mussolini déclarait de son côté « Mon arrière-grand-père Benito a été un personnage très important pour l’Italie ». En outre, il jouait habituellement sous le nom de son père, Floriani. Ce changement soudain afin d’arborer le nom de Mussolini sur son maillot est loin d’être anecdotique.


Bref, dans la famille on fait toujours les yeux doux à tonton Benito.


Pour mieux comprendre et déconstruire le mythe de Benito Mussolini, on vous conseille le livre de Francesco Filippi, « Y a-t-il de bons dictateurs ? Mussolini, une amnésie historique ».

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