Le chiffre est effroyable. Au moins 10.400 personnes sont mortes en tentant de rejoindre l’Espagne en 2024, ce qui en fait l’année la plus meurtrière jamais enregistrée.

Derrière le chiffre produit par l’ONG espagnole Caminando Fronteras, ce sont des milliers de vies volées, des familles brisées et détruites. Des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants disparus, engloutis par les flots, sacrifiés parce que non-blancs et issus des anciennes colonies européennes.
L’organisation explique que le nombre de décès en est en hausse de 58% par rapport à 2023. Et le nombre total de disparu-es et de victimes reste sous évalué selon l’association. Ce drame humain est le résultat de l’accélération sinistre des politiques racistes en Europe.
Entre 2014 et 2024, on considère que plus de 30.000 exilé-es ont péri en empruntant les routes maritimes méditerranéennes.
Sur les côtes de la Manche, on assiste au même phénomène, avec un nombre de décès en nette augmentation. Depuis la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, des accords bilatéraux signés entre les autorités britanniques et françaises ont militarisé davantage la frontière. Côté français, plus de 1.700 gendarmes sont déployés sur le littoral pour surveiller et empêcher la traversée de migrant-es. Cette politique répressive oblige les exilé-es à tenter des départs de plus en plus risqués et éloignés des côtes, ce qui augmente le risque d’accidents en mer et de noyades.
En 2004, l’agence « Frontex » – contraction de Frontière Extérieure – est créée par l’Union Européenne. Cette institution opaque et hors du contrôle des législateurs européens a pour objectif de «sécuriser» le pourtour de l’Europe. En d’autres termes, il s’agit de transformer le continent européen en citadelle imprenable, en véritable forteresse, et d’organiser la traque systématique et la chasse de dizaines de milliers de réfugié-es à ses portes.
500 millions d’euros : c’est le budget annuel que l’agence utilise pour construire des camps aux portes de la Grèce ou de l’Italie, pour patrouiller au-dessus de la Méditerranée ou de la Manche, ou encore pour repousser des réfugié-es à l’Est de l’Europe. Frontex est une figure de proue dans les méthodes de surveillance invasives pour contrôler et frapper les corps des exilé-es : drones, vidéosurveillance, biométrie, capteurs thermiques et canons à son. L’agence est un laboratoire d’expérimentation du pire de la répression et de la technopolice.
Frontex est empêtrée dans une série de scandales, de violations de droits humains et de corruption. Elle est notamment accusée de refouler illégalement les bateaux de migrant-es, en faisant chavirer des embarcations chargées d’êtres humains. Cette pratique, nommée « Push back », a largement été documentée par les associations d’aide aux réfugié-es et les défenseurs des droits. Les gardes-côtes peuvent aussi délibérément ignorer les appels de détresse des exilé-es en mer, ce qui constitue, en droit, de la non-assistance à personne en danger.
Il faut savoir que l’agence Frontex a été dirigée entre 2015 et 2022 par un authentique néo-fasciste et haut fonctionnaire français : Fabrice Leggeri, qui démissionnera à la suite d’une procédure disciplinaire engagée par l’Office européen de la lutte anti-fraude. En février 2024, l’homme se présente sur la liste du Rassemblement National pour les élections européennes. Il est aujourd’hui député et siège au parlement européen.
Cette tendance à la criminalisation du sans-papier et de l’étranger est générale en Europe. Elle est accompagnée par la montée des nationalismes et des fascismes européens. Partout, on voit des textes sur les politiques migratoires de plus en plus répressifs être votés par les États de l’Union, des mesures le plus souvent calquées sur le programme de l’extrême-droite européenne.
En France, plusieurs lois immigrations, les plus dures depuis la seconde guerre mondiale, ont été promulguées sous les quinquennats Macron. En Italie et au Royaume-Uni, on tente « d’externaliser ses frontières » en sous-traitant et déportant des migrant-es dans des pays tiers, hors de frontière de l’Europe. La Hongrie du très autoritaire et fasciste Victor Orban a autorisé l’armée a tiré sur les personnes qui tenteraient de traverser la frontière dès 2015. En Allemagne, où l’extrême droite monte en flèche, sitôt le régime de Bachar Al Assad tombé en Syrie les autorités tentent déjà de renvoyer les réfugié-es syrien-nes dans un pays encore dangereux.
Le chercheur camerounais Achille Mbembé a forgé en 2003 le concept de «nécropolitique» : politique de mort. Quand les autorités décident quel type de population laisser mourir et quelle population il faut sauver. Ici, les condamnées sont les populations marginalisées, issues d’anciennes colonies, que l’Europe laisse délibérément se noyer à ses portes. Si la Méditerranée est un cimetière, c’est à cause de la volonté des politiques racistes et mortifères des États européens.
Il s’agit bien ici d’un crime de masse organisé par nos dirigeants que personne ne peut plus ignorer.
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Une réflexion au sujet de « Europe forteresse : en 2024, au moins 10.400 personnes sont mortes en mer Méditerranée »
Les médias de masse abrutissent les esprists jusqu’à habituer le peuple de France à l’image de toute cette horreur , de toutes ces personnes qui s’en vont mourrir en mer pour fuir des régimes tyraniques. La France n’est qu’un pays de flics mené par une bourgeoisie qui se gave de larmes, de sueur, de sang, de l’exploitation humaine et des sous sols lointains qui forment des fleuves de pétrole et autres sources de richesses tout en faisant crever les pauvres gens quelque soit l’ endroit où iiels se trouvent . Les tyrans sanguinaires, les milliardaires, les grands bourgeois cossus et les dictateurs assassins sont des parasites qui ne font que créer la misère, la division, le mensonge, la violence et la destruction de l’humanité toute entiere et du monde du vivant en générale.